23 janvier 2007

Déposez vos hommages*...


Vite, je m'empresse de déposer mon hommage à l'Abbé Pierre.
Je suis toutefois sans illusion. Malgré tous mes efforts je n'ai aucune chance de prendre de vitesse les politiciens qui étaient dans les starting blocks pour se ruer dans la course à la célébration rituelle.
A tout seigneur tout honneur, le président Jacques Chirac, probablement le mieux informé, et grand spécialiste de la larme à l'oeil, s'est avéré le plus rapide dans l'exercice et surtout le plus dégoulinant de mièvrerie empathique : faisant mine d'être surpris par un événement sans doute à ses yeux aussi inattendu, et contre nature, il s'est déclaré « bouleversé » par la mort, lundi matin, du grand homme. Peu avare de superlatifs, le chef de l'Etat a exprimé son "immense respect" et sa "profonde affection" pour le prêtre, ainsi que sa "grande peine" et "toute sa solidarité" envers le mouvement Emmaüs. "C'est toute la France qui est touchée au coeur", a-t-il encore souligné, ajoutant que celle-ci perd "une immense figure, une conscience, une incarnation de la bonté."
Loin de moi l'idée de minimiser l'action et la stature de l'Abbé Pierre. Sa fondation est devenue quelque chose d'aussi naturel d'aussi évident que la Croix-Rouge ou l'Armée du Salut. Elle a su rester humble, indépendante des Pouvoirs Publics et des médias, et bien gérée à ce que je sache.
Elle est pour tout dire à l'image de l'homme qui l'a conçue, qui a toujours su se faire entendre mais n'a guère abusé des faveurs que lui faisaient les flatteurs et les pharisiens, avides de profiter d'un peu de sa sainteté. Il a su résister aux amicales pressions des gens qui cherchaient à récupérer son message ou qui tentaient de lui faire dire sur moult sujets de société ce qu'ils auraient tant aimé entendre.
Sa simplicité, sa droiture et la force de ses convictions forcent à tout jamais l'admiration.
* expression trouvée ce jour à la une du Figaro.

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