18 janvier 2007

L'arène de France

Un jeu de mots, non pas pour aborder la gentillette émission de Stéphane Bern, mais pour qualifier la campagne présidentielle. Ne pas y voir une allusion fine à l'une des candidates, mais plutôt au joyeux bordel qui s'étale sous nos yeux.
A l'heure actuelle, environ quarante candidats potentiels, cherchent chacun les 500 rituelles signatures d'élus de la République : plus de 20.000 personnes sollicitées ! Un vrai délire...
Ce d'autant qu'on assiste par la force des choses, à une bipolarisation du débat.



D'un côté Nicolas qui met en branle une machine de compétition bien huilée, magnifiquement organisée, mais dont les chromes un peu trop rutilants, font douter de la fiabilité du moteur. Il y a comme un je ne sais quoi qui cloche dans le discours. Le candidat de l'UMP se veut libéral et moderne, mais revendique avec insistance l'héritage de Blum et de Jaurès. Il veut s'attaquer aux tabous dont le pays crève, notamment fiscaux mais se garde de remettre en cause l'impôt le plus stupide qui soit, à savoir l'ISF et reprend à son compte la notion de « bouclier fiscal » inventée par Dominique de Villepin. Comme si l'Etat, parvenu au bout de son raisonnement par l'absurde, en était réduit à prôner le principe d'une cuirasse pour protéger les contribuables de ses propres agressions !
Enfin il se dit ami de l'Amérique mais l'ensevelit dans le même temps sous les torts et l'accuse même de « violer le droit des nations ou le droit des gens !»


De l'autre côté Ségolène, dont l'ascension évoque celles des Montgolfières : c'est élégant, c'est impressionnant, c'est léger, ça paraît se jouer des lois du genre... L'ennui c'est que c'est rempli de vide, c'est fragile, ça part on ne sait trop où et ça finit parfois en torche. Il suffit d'un mari pas vraiment en phase, une déclaration douteuse de patrimoine, un mot malheureux vantant par exemple la qualité et la rapidité de la justice en Chine, ou bien d'une communauté de vue affichée au sujet des USA avec un club aussi pondéré et éclairé que le Hezbollah et patatras, la belle enveloppe se fissure, le vernis craque. Et que voit-on derrière ? Du vent. Peut-être même de la tempête...
Hélas madame Royal qui voudrait faire croire qu'elle avance sur les traces de Tony Blair a oublié un détail : ce dernier avait patiemment et en profondeur rénové son parti. Il était parvenu à en gommer tous les archaïsmes avant de pouvoir le mettre en ordre de bataille, au service d'un vrai programme, clair et pragmatique...

Autour de ces deux mastodontes, c'est la pagaille. Bayrou pérore, critique, s'insurge, brasse de l'air mais ne convainc guère. Villiers et Le Pen ressortent leur argumentaire un peu usé. L'extrême gauche encore plus rétrograde se débande derrière une multitude de petits chefs à la manière d'une armée mexicaine. Même les écologistes ne parviennent à trouver un socle commun pour se construire une crédibilité.
Bref, à mesure que le temps passe, la crainte monte que le pays soit à nouveau privé d'un vrai débat. Bis repetita non placent. Quand donc sortira-t-on de cette foutue mélasse démagogique ?

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