23 octobre 2010

Quand Ubu fait la noce avec Dada

Dors tu content André Breton, et tes hideux délires dadaïstes ?
Imaginais-tu vraiment Alfred Jarry,  l'avènement d'Ubu et de sa machine à décerveler ?

Foin de Dada, foin d'Ubu, le fait est que le règne de l'inconséquence, de l'insensé, du fou, que vous redoutiez tout en le désirant, semble arrivé :
Surréaliste évidemment est le débat français sur les retraites, pétri jusqu'au ridicule, d'archaïsmes et de tabous.
Surréalistes ces blocages "citoyens" qui mettent une fois de plus le pays sens dessus dessous, à la merci d'une poignée de péquins hargneux, obsédés par les souvenirs fermentés de la lutte des classes.
Surréaliste la nuée de collégiens et de lycéens qui descendent dans la rue en jappant bêtement comme des chiens andalous, brisant frénétiquement les symboles de la société d'abondance dont ils jouissent pourtant de manière compulsive. Non contents d'obérer leur propre avenir, ils ne se rendent pas compte qu'ils sont les idiots utiles d'une révolte partisane de vieux chnoques, réclamant la pérennité de la rente qu'ils se font déjà sur leurs futurs salaires...
Surréaliste l'attitude des médias, paraît-il vendus au Pouvoir, qui font mine de s'interroger sur les raisons profondes du mécontentement populaire, en donnant la parole complaisamment à des chefs de bandes microscopiques, à peine représentatifs d'eux-mêmes, qui passent leur temps à distiller la même rengaine haineuse. Surréalistes ces médias "d'information" qui s'interrogent rituellement sur le comptage des manifestants en faisant semblant d'accorder quelque crédit aux chiffres monstrueusement boursouflés fournis par les syndicats. Qui font en somme du mensonge et de la désinformation, la nouvelle règle veule du conformisme et de la correction politique.
Surréaliste les Socialistes engraissés au lait du capitalisme, qui continuent envers et contre toutes les évidences, à vouer un culte immodéré au temple idéalisé d'un Moloch sanguinolent, renaissant sans cesse de ses cendres malfaisantes, qu'ils s'ingénient opiniâtrement à parfumer des effluves romantiques de la Révolution.
Surréaliste le Gouvernement qui avec une sorte de morbide jubilation se laisse taxer d'ultra-libéralisme tout en cultivant un sentimentalisme mou sur la prétendue sauvegarde du modèle social "à la française". Surréaliste enfin, le Chef de l'Etat qui alterne de manière incohérente des discours inutilement provocateurs avec des retours hallucinants à un anti-capitalisme rétrograde, ce qui le contraint à faire les choses à moitié ou bien à associer à toute action, son exact contraire, pour faire bonne mesure, ce qui ajoute la grogne à l'inefficacité.

Terrible paradoxe, tandis que la France s'enfonce dans le marasme, et se laisse glisser sur la pente qui mène à la faillite, la plupart des pays alentour semblent avoir pris acte de l'agonie de l'Etat-Providence, et remisé les doux rêves d'un pays de Cocagne auquel les sociétés libres avaient pu croire, un peu naïvement.
Le Royaume Uni annonce un plan de rigueur exceptionnel qui enterre de belles illusions mais permettra peut-être à la patrie de Beveridge de redevenir une Nation responsable et prospère.
L'Espagne suit douloureusement le même chemin, le Portugal, l'Irlande et bien d'autres font de même.
L'Allemagne quant à elle, non contente d'avoir enduré le fardeau colossal d'une réunification avec sa moitié moribonde, a entamé ces réformes depuis déjà quelques années. A l'instant présent, elle enregistre une croissance record, quasi "asiatique" (+3,4%) et peut se vanter d'avoir réduit son déficit dès 2010, au delà des espérances (4% Le Figaro).

«Aujourd’hui marque le jour où le Royaume-Uni s’éloigne du bord du précipice» déclarait il y a quelques jours George Osborne, Chancelier de l'Echiquier (Libération).
La France elle, s'en approche de plus en plus dangereusement.

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