23 février 2011

L'ivresse socialiste

Jean Jaurès (1859-1914) fut un des fondateurs du socialisme à la française. Si aujourd'hui curieusement tout le monde politique s'en réclame, il était loin de faire l'unanimité de son vivant. Ses dithyrambes réclamant l'avènement du communisme effrayaient sans nul doute un peu, mais pis encore, à l'orée de la première guerre mondiale, ses idées pacifistes furent considérées comme du défaitisme. Cela lui valut d'être froidement assassiné par un militant nationaliste exalté, lequel fut tout bonnement acquitté en 1919, à la faveur du regain de patriotisme suivant l'armistice !

Un petit livre* permet, grâce à des textes écrits en 1894, 1898, 1901 et 1903, de se faire une idée des conceptions politiques de celui qui est devenu  un héros "panthéonisé", que François Mitterrand crut bon d'honorer la rose à la main en 1981, et que même l'actuel Président de la république se plait à citer avec emphase dans ses discours.

Nourri au lait enivrant mais pernicieux de Hegel et de Marx, Jaurès avait développé une conception séraphique du socialisme, empruntant à la fois à l'idéalisme et au matérialisme.
Bien que l'expérience désastreuse de la Révolution Française ne lui servit malheureusement pas de leçon, il est pourtant hautement probable qu'il était parfaitement sincère lorsqu'il annonçait en 1894, sous l'emblème du drapeau rouge, "la réconciliation fraternelle de tous les hommes après les séculaires combats".
En dépit d'une vision très "humaniste" du socialisme et de quelques circonstances atténuantes qu'on peut lui accorder, pour n'avoir pas vu en grandeur réelle les méfaits du collectivisme, on ne peut qu'être confondu par la naïveté dont il fit preuve, lui l'homme de terrain.

Il se livre en effet, totalement au catéchisme communiste, dont il juge "admirable" la représentation qu'en avaient donné Marx et Engels. Cette ineffable candeur suscite autant d'admiration que d'effroi. A aucun moment les contradictions, les approximations et la subjectivité dont fourmille son raisonnement, n'entament son enthousiasme.

Par exemple, Jaurès prophétise que "l'avènement du socialisme sera comme une grande révélation religieuse".
Mais cette ferveur n'a dans son esprit, rien de mystique. Au contraire, elle le conduit à préciser que "le mouvement socialiste exclut l'idée chrétienne qui subordonne l'humanité aux fins de Dieu, à sa gloire, à ses mystérieux desseins". Il reprend en l'occurrence le slogan fameux de Blanqui qui ne voulait pour l'être humain, "ni Dieu, ni Maître", ce qui n'évita pas de l'asservir à la dictature désincarnée du Parti...
Dans le même temps, il développe une vision matérialiste du monde et se rallie même à l'idée que tout ici bas obéit au déterminisme, y compris naturellement l'histoire humaine : "la force initiale de vie concentrée dans les premières granulations vivantes et les conditions générales de l'existence planétaire déterminaient d'avance la marche générale et comme le plan de la vie sur notre planète".

Par un curieux paradoxe, tout en prêchant l'abolition de la propriété et la collectivisation des moyens de production, le tonitruant député de Carmaux affirme que "le socialisme est l'affirmation suprême du droit individuel", que "rien n'est au dessus de l'individu". Cultivant sans le savoir l'art de l'oxymore, il prétend même que "le socialisme collectiviste ou communiste donnera le plus large essor à la liberté, à toutes les libertés" !
Autre étrange antinomie, alors qu'il plaide pour l'Internationale Socialiste, il fait reposer les piliers du système sur une conception proche du nationalisme : "les nations, systèmes clos, tourbillons fermés dans la vaste humanité incohérente et diffuse, sont donc la condition nécessaire du socialisme". Plus loin, il affirme même que "la patrie est donc nécessaire au socialisme. Hors d'elle, il n'est et ne peut rien..."
Dernier fait troublant, Jaurès semble hésiter quant à la nature intrinsèque du socialisme qu'il appelle de ses vœux. Il n'aurait rien à voir selon lui, avec une sorte de "communisme primitif". Mais, détail savoureux, il ne saurait non plus s'agir du "socialisme d'état", qu'il assimile au capitalisme honni : "entre le collectivisme et le socialisme d'état, il y a un abîme", car "dans cette création de services publics, il reste fidèle au système capitaliste". "Le socialisme d'Etat est une sorte de pessimisme social..."

En somme, la vision jaurèsienne du socialisme se distingue assez peu de la mystification marxiste, et s'avère entachée de contradictions, ou bien d'erreurs grossières d'appréciation.
Selon lui par exemple, "sous le régime capitaliste, la classe ouvrière est exclue à jamais de la propriété" ! Il ne prévoyait à l'évidence pas, que le capitalisme permettrait justement aux classes les plus modestes d'accéder enfin à un certain bien-être matériel, tandis que le socialisme triomphant les rendraient encore plus pauvres tout en leur interdisant de rien posséder.
On trouve en outre une conception totalement chimérique de la nature humaine et de la réalité de l'existence. On croit rêver en lisant cette angélique déclaration : "Le mineur salarié et dépendant qui descend aux galeries profondes n'est pas pleinement un homme. Il est une pièce dans un mécanisme de production brute.../... Demain, c'est l'humanité elle-même qui descendra au plus profond des puits, .../... ce ne sera plus la servitude de l'homme se mêlant à la servitude des choses, mais la haute liberté humaine façonnant la terre, sa force et ses éléments..."

Il faut reconnaître que des questions pertinentes sont parfois évoquées sous sa plume, mais il s'efforce de les chasser bien vite, ce qui démontre comment la foi peut aveugler la raison, même de gens bien intentionnés.
A certain moment, il se demande par exemple avec une soudaine lucidité si "la communauté ne sera pas tentée de tout abaisser au niveau des besoins les plus grossiers, des âmes les plus communes ? Et pour réprimer la révolte des délicats, pour supprimer les oppositions intellectuelles, si elle ne sera pas conduite à organiser un pouvoir dictatorial ?"
Il craint même dans un noir mais prémonitoire scénario, "qu'une centralisation despotique assurera un régime de médiocrité."
Même s'il se défend évidemment d'être l'oiseau de mauvais augure, on sent par moment qu'il n'en est pas loin : "Si la liberté est incompatible avec la forme socialiste de la propriété, il faut proclamer que la race humaine, au moment même où elle exalte en un rêve de fraternité, d'unité vivante et de grandeur, s'achemine à l'inévitable servitude. Mais qui osera risquer cette sombre prophétie ?"

Enfin, tout à son entreprise de glorification, Jaurès oublie, ou bien élude comme le font souvent les socialistes, les questions concrètes relatives à la mise en œuvre pratique du fabuleux projet. Le caractère fuligineux des mesures qui conduiront à la "libre et joyeuse adaptation de l'individu à l'ensemble", il l'évacue d'une pirouette : "Quand les socialistes se refusent à décrire le détail de la société de demain, on les accuse de ruser : ils respectent tout simplement la liberté de l'évolution et la richesse de la vie !"
S'agissant enfin du concept de dictature du prolétariat qui forme le cœur de la dialectique marxiste, il en minimise la portée en affirmant qu'il ne peut s'agir que "d'une formule de la tactique révolutionnaire pendant la prise de possession du pouvoir..."

Par un curieux hasard, il y a quelques jours, je tombais sur un texte peu connu du philosophe écossais David Hume** (1711-1776). J'y ai trouvé une réflexion qui pourrait magnifiquement qualifier l'ivresse socialiste de Jaurès : "Étant fondée sur un caractère fort, présomptueux et hardi, l’enthousiasme engendre naturellement les résolutions les plus extrêmes, surtout quand il a atteint une hauteur qui inspire au fanatique abusé, la croyance en des illuminations divines, un mépris des communes règles de la raison, de la moralité et de la prudence..."

* Jean Jaurès Le socialisme et la vie. Rivages Poche. Payot 2011.
**David Hume Essai sur la superstition et l’enthousiasme

20 février 2011

Incorrigible arrogance française

Que cela soit à propos de système social, d'éducation, de laïcité, de culture, ou bien encore de justice, il est un trait qui réunit beaucoup de Français : la certitude d'avoir tout inventé et de pouvoir servir de modèle au monde !
Le Président de la République, au moins sur ce point, semble à l'unisson de la grande majorité de son peuple.
On se souvient qu'il était allé il y a quelques mois, à la manière d'un Tartarin, vanter les mérites de notre sécurité sociale à New York, et donner au sujet de la réforme promue par le président Obama, quelques leçons grotesques à un auditoire poli mais non moins averti.

Aujourd'hui, il a cru bon de remettre les pieds dans le plat sur le sujet de la justice. Au risque de créer un incident diplomatique avec le Mexique, il s'est donc fait un devoir de voler au secours de Florence Cassez, "cette jeune femme française", selon ses propres termes, "condamnée dans les conditions que l’on sait à 60 ans de prison..."

Semblant la considérer, au seul motif qu'elle est française, comme une victime, alors qu'elle a été reconnue coupable à plusieurs reprises de forfaits plutôt odieux, il piétinait ainsi ses beaux discours de la veille qui stigmatisaient l'attitude complaisante des juges vis à vis des malfaiteurs dans notre pays.
Plus fort, il annonça son intention de dédier l'année du Mexique à Florence Cassez, ce qui ne manqua pas de déchainer l'ire des autorités mexicaines, regrettant qu'on lie une décision de justice à un événement culturel.
De son côté, la ministre des Affaires Etrangères, madame Alliot-Marie, qui ne rate pas une occasion de dire ou de faire des bêtises, avait mis la barre arrogante très haut, en parlant carrément de "déni de justice".
Dans le même temps, l'ensemble de la classe politique s'insurgeait d'ailleurs avec une belle unanimité, contre la décision de la justice mexicaine. Martine Aubry, annulait "pour montrer l'exemple", une exposition d’estampes mexicaines qui devait se tenir à Lille...

Sans être initié aux choses diplomatiques, on peut affirmer qu'il eut été difficile d'être plus maladroit pour défendre une cause. C'est même à se demander quel but ces chers politiciens poursuivaient. Souhaitaient-ils vraiment le transfèrement de la prisonnière ? Imaginaient-ils sérieusement qu'en prenant  ainsi à rebrousse-poil les institutions mexicaines, ils obtiendraient une mesure de clémence ?
Avaient-ils une raison inavouable et grave de se fâcher avec le Mexique pour dramatiser de manière insensée cet imbroglio juridique? Ou à l'inverse souhaitaient-ils donner à ce dernier une opportunité de médiatiser la fermeté de son système judiciaire ?
En la circonstance, on pourrait en tout cas insinuer qu'ils ont soutenu l'accusée comme la corde soutient le pendu...

Toujours est-il que ce raptus s'inscrit dans le festival des occasions manquées, au moment où notre système judiciaire donne au monde une image si pitoyable. Où il n'est pas de jour qu'on n'apprenne un nouveau fait divers témoignant de l'incapacité d'empêcher de nuire et pire de récidiver, les plus affreux assassins. Où même les juges n'hésitent plus à se mettre désormais en grève pour de médiocres raisons politiciennes, mal cachées derrière un prétendu honneur bafoué !

15 février 2011

George W. Bush avait peut-être raison...

C'est un fait, j'aime assez la provocation. Avec un tel titre je vais donc faire une fois encore figure d'iconoclaste, voire pire.
Et pourtant...
George W. Bush croyait que l'Irak et même l'Afghanistan étaient solubles dans la démocratie. D'une manière générale, il imaginait possible que toutes les nations du Proche-Orient puissent un jour être gouvernées par des dirigeants que le peuple serait en mesure de congédier, ou de renouveler par des élections libres.
Aujourd'hui, on voit des quantités de gens bien intentionnés exulter et s'ébaudir devant les promesses de lendemains qui chantent en Tunisie, en Egypte, et ailleurs. C'est à peine si un doute traverse leur esprit. La révolution, même violente, ne peut que donner naissance à la démocratie !

Puisse le cours des évènements leur donner raison.
N'empêche... Pourquoi a-t-il fallu qu'ils fassent la fine bouche (sans jeu de mot) lorsque l'Amérique, prenant la tête d'une vertueuse croisade, appela tous les gens de bonne volonté à les suivre dans leur objectif de dégommer, non sans vraie raison, des tyrannies autrement plus costaudes et cruelles que celles qui chancellent à l'instant présent ?

A ce jour, même si l'équilibre est fragile, et si de nombreux périls subsistent, l'Irak est incontestablement un pays où les élections sont libres. N'y a-t-il pas là un exemple de nature à galvaniser les foules à Tunis, au Caire et ailleurs, pour secouer le joug qui pèse sur elles depuis trop longtemps ? Difficile à affirmer, mais c'est désormais un fait : si plusieurs peuples parviennent à trouver un chemin vers la liberté, la fameuse théorie des dominos a quelques chances de devenir une belle réalité.
Et ce chemin, que Jean-François Revel évoquait autrefois en parlant de "regain démocratique", il est imaginable qu'un nombre croissant des habitants de ces pays espèrent vraiment le prendre. On peut être consterné par la nuée de Tunisiens qui s'abat soudain sur l'Europe, mais dans leur désespoir, il y a comme une légitimation du système démocratique, qui plus est, "capitaliste" : Pour nous, l'Italie, c'est le paradis !" (Figaro 14/02/11).
Si un jour pas trop lointain l'Iran est contaminé par cette fièvre d'émancipation, ce sera une région brûlante du globe qui pourrait changer de visage et accéder à une vision apaisée de la gouvernance interne et des relations internationales.

S'il est un vœu à faire, c'est que tout puisse évoluer en ce sens et que les nations libres soient en mesure d'aider la liberté à progresser. Sans naïveté, sans complaisance, sans hypocrisie, mais avec autant de fraternité et de force qu'il est possible.
Au lendemain de la dernière guerre, plusieurs dictatures infâmes s'effondrèrent grâce à la détermination des puissances alliées. Qui eut pu croire à l'époque que ces nations qui étaient devenues maudites, fussent en mesure de retrouver si vite, la voie de la respectabilité ?

10 février 2011

Solitude

Le ciel est habité par de grands oiseaux noirs
Qui voltigent en rond dans un pesant silence
Et leur noria lugubre est comme une évidence
Où planent les relents de mornes désespoirs.

Aucune âme qui vive en ces grands entonnoirs
Tournoyant sans raison, sans but, sans existence,
Et sur ce long ennui, sur cette déshérence
La pluie verse sans fin ses navrants arrosoirs.

Au bord de l'horizon, une lueur s'élève
Mais sa clarté fait luire un spectacle sans sève
Sur lequel l'air atone étale un voile blanc.

Rien ne peut s'émouvoir dans cette molle ouate
Et tandis que le temps s'allonge en moelle mate
Je me sens triste et seul, privé de tout élan.

08 février 2011

Incurie judiciaire, combien de morts ?

L'affaire de la malheureuse Laetitia envoie une terrible claque à l'ensemble de la société.
Deux problématiques sont plus que jamais à vif, comme des plaies : comment empêcher de nuire les délinquants multi-récidivistes, et comment combler l'insuffisance manifeste de l'arsenal légal vis à vis des crimes les plus odieux ?

Comment éviter la récidive ?
On entend souvent les apôtres de la mansuétude répressive, minimiser le problème en affirmant qu'en matière de délit sexuel la récidive ne concernerait que 2,7% des délits. Or cette affirmation abrupte ne veut strictement rien dire. La vraie question n'est pas celle de la première récidive. Mais toutes celles qui suivent... La récidive appelle hélas la récidive, et malheureusement en croissant dans l'échelle de la gravité : "Qui vole un oeuf, vole un boeuf" comme dit l'adage...
En l'occurrence, à la quinzième exaction, la probabilité qu'il y en ait une seizième tient de la certitude...

En matière de récidive, la responsabilité du délinquant est certes majeure ("il a ça dans le sang", diraient certains...), mais celle du système judiciaire n'est pas moins criante. On est d'autant plus enclin à récidiver qu'on a le sentiment d'impunité. Depuis sa dernière sortie de prison, en février 2010, pas moins de quatre procédures judiciaires auraient été ouvertes contre le présumé assassin de la jeune fille. "Or, sous le coup de ces différentes poursuites, il lui a suffi de ne pas déclarer sa dernière adresse pour ne pas être inquiété." (France Soir)
Comment ne pas être "indigné", comme dirait M. Hessel ?

Comment sanctionner les crimes les plus affreux ?
Face au coupeur de tête lénifiant Vincent Peillon*, on pouvait entendre récemment (29/01/11) dans le salon kitsch et feutré de Canal Plus (Ardisson), le journaliste Robert Ménard (Reporters sans Frontières) s'insurger contre l'hypocrisie de l'abolition de la peine de mort et poser la question crûment : "Devant des gens qui se mettent hors de l'humanité parce qu'ils commettent des crimes abominables : que fait-on ?"
En guise de réponse, le dit Peillon n'eut d'autre argument que de déplorer le manque de moyens pour la justice et  il considéra gravement que la sanction ne devait pas être une vengeance, qu'en aucun cas on ne doit "faire la justice du point de vue de la victime".
Ce type de raisonnement qui a beaucoup servi, n'est vraiment plus admissible, tant il est simpliste et empreint d'hypocrisie.
A cause de ses innombrables dépenses sociales, l'Etat est en faillite; où diable peut-il encore prendre des moyens ? D'aucuns diront finement "dans la poche des riches", mais ce ne serait que repousser la question, puisqu'il est désormais démontré que plus il détrousse les contribuables, plus il s'endette !
S'agissant du second volet de la plaidoirie, c'est pire, si je puis dire. Car si l'on ne fait pas la justice du point de vue des victimes, de quel point de vue la fait-on ? Le premier objectif n'est-il pas précisément d'empêcher qu'il y ait des victimes de malfaiteurs ? Et à défaut de prévenir les crimes, du moins empêcher la récidive ? Et dans les cas où c'est encore possible, permettre aux victimes d'obtenir réparation ?
En quoi la peine de mort ressemblerait plus à une vengeance que la réclusion perpétuelle "vraie", seul moyen d'empêcher ce type d'assassin de nuire ?
On entend souvent des adversaires résolus de la peine de mort soutenir sans gêne que si l'un de leurs proches était victime d'un monstre, ils n'hésiteraient pas à se faire justice eux-mêmes. Il s'agit à mon sens du plus beau plaidoyer pour le rétablissement de la peine de mort. Car s'il faut éviter quelque chose, c'est bien cette irrépressible envie de vengeance, cette soif de se faire justice soi-même !

Combien faudra-t-il de morts pour qu'enfin le problème soit abordé sans tabou idéologique et avec vrai un souci d'efficacité ?
Face aux lacunes effrayantes de notre système judiciaire, que trouve utile de faire le chœur des magistrats éplorés ? Manifester leur mécontentement d'avoir été tancés par le chef de l'Etat ! Dans quel pays est-on ? Ces gens n'éprouvent donc aucun regret, ne se posent aucune question et s'estiment au dessus de toute évaluation, de toute réprimande. Hallucinant...
Non seulement ils ne cherchent pas à se justifier après cette monumentale bourde, mais ils ne trouvent rien de plus futé que de se mettre en grève !
Le Président qui tient sa légitimité du peuple, est sans cesse attaqué pour sa politique. On lui demande à tout moment de s'excuser, voire de congédier tel ou tel ministre pour une seule phrase malheureuse. Partout on préconise l'évaluation et les actions correctives, voire les sanctions lors de dysfonctionnements (Mediator), et la justice pourrait être exonérée de cette obligation ?

* La Révolution française n'est pas terminée  Vincent Peillon, Seuil, 2008