22 juillet 2013

Cognac Blues Passion

Cette année pour les fondus de blues, l'été a commencé à Cognac. En même temps que se déroulait la vingtième édition de ce sympathique festival, arrivaient les premières chaleurs de l'année. Et cette charmante ville qui incarne si bien l'esprit de la précieuse liqueur qui porte son nom, semblait s'enivrer des étranges vapeurs musicales s'exhalant un peu partout de ses rues, de ses jardins, de ses châteaux.

Sous les voûtes augustes du palais Valois, devenu Otard par la grâce d'un distillateur inspiré, sous ces vénérables pierres savamment ouvragées qui virent naître François 1er, quelques bienheureux purent savourer le contraste offert par ces salles chargées d'histoire et le chant âpre, les guitares stridulantes de bluesmen à la peau couleur de nuit. Par exemple, Lucky Peterson roulant des yeux facétieux, et souriant à pleines dents en revisitant, tantôt sur le mode joyeux, tantôt sur le mode pénétré, le répertoire de ses aïeux. Everyday I have The Blues dit la chanson...
Avec sa charmante épouse Tamara, ils donnèrent une tendre et délicate interprétation du sublime standard immortalisé par Billie Holiday : Don't explain.
Il n'y a rien à expliquer. C'est précisément ça le blues !

Dans le même endroit, et dans une ambiance délicieusement intimiste, les chanceux d'un autre jour eurent droit au « Jimmy and Jimmy show », Burns et Johnson en l'occurrence (video).
Ces deux là font la paire si l'on peut dire. Tout en se renvoyant malicieusement la balle au chant, ils se délestèrent en toute décontraction de quelques savoureux riffs à la guitare électrique. Au dessus de leur tête trônait un bas-relief représentant le fameux blason à la salamandre. L'animal mythique semblait parfaitement à l'aise dans les braises incandescentes de cet étonnant juke joint improvisé.


Pendant ce temps, de curieuses pensées me venaient à l'esprit : j'imaginais les cueilleurs de coton et leur faisant écho, les travailleurs de la vigne. Ou encore la mélopée térébrante des esclaves du Mississippi entrant en résonance avec les clameurs des haleurs de gabarres sur la Charente...


Retourné à l'air libre, on était saisi par de suaves sonorités pulsatives qui se répandaient sur le parc de la Mairie. Le guitariste Fred Chapellier était à l'oeuvre, accompagné par une petite formation tonique, basse, batterie, clavier (video). Ils exprimaient à leur manière et en toute simplicité, mais non sans ampleur et panache, le message intemporel du Blues. Avec des bends à faire se retourner dans sa tombe l'infortuné Pat Buchanan, celui qui mérite de rejoindre les meilleurs guitaristes outre-atlantique, répondait avec brio et élégance à son alter ego Tom Principato, solide et classieux spécialiste de la telecaster, originaire de Washington D.C..
Mélange des plus jubilatoires, dans cette douce chaleur estivale si désirée...

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