03 juillet 2013

Quand empathie rime avec apathie

Le désastre humain déchirant la Syrie, depuis des mois qu'il s'inscrit dans l'actualité, a pris l'allure d'une misère presque banale. Les journalistes ont tellement pris l'habitude d'en relater les horreurs, qu'ils le font désormais avec un assez froid détachement. Pourtant, c'est un bain de sang qui coule sous notre indifférence à peine génée. 
On parle désormais de plus de cent mille morts depuis le début de la révolution. Le tyran est toujours en place et les factions sont plus que jamais enivrées de violence et montées les unes contre les autres. Les témoignages affluent pour décrire l'horreur des combats. On sait maintenant avec certitude que des armes chimiques sont utilisées. Les victimes civiles sont légions et chaque jour qui passe donne à penser que les suivants seront pires. Mais, hormis quelques pieuses lamentations, et quelques tièdes condamnations, rien ne se passe. 
La Communauté Internationale est comme anesthésiée par les émanations écoeurantes de ce carnage quotidien. Les bonnes âmes qui étaient si bouleversées par l'intervention militaire de 2003 en Irak, qu'ils n'hésitaient pas à qualifier de sauvage agression, basée sur "l'odieux mensonge des armes de destruction massive", sont bouche bée face aux massacres qui ensanglantent depuis de longs mois la Syrie. Rien. Aucune esquisse de proposition. Certains, non sans hypocrisie, tentent de faire porter le chapeau au président Poutine qui semble le dernier à soutenir Assad et ferait selon eux, obstruction à toute action destinée à le chasser du pouvoir. Mais il paraît assez évident qu'il faut plutôt incriminer en la circonstance, une indécision générale. Laquelle est d'autant plus préocuppante que le contexte de cette région du monde est plus instable que jamais. 
En Iran, le récent simulacre d'élection présidentielle n'a rien pour rassurer, contrairement aux commentaires lénifiants qui ont entouré l'évènement. Ce pays reste hélas soumis à un obscurantisme désespérant. Non loin de là, Lybie, Tunisie, Algérie, Liban, sont autant de chaudrons brûlants... Les tous derniers évènements qui secouent l'Egypte donnent à penser que c'est l'ensemble du Proche-Orient qui peut à tout moment s'embraser. L'inconséquente stratégie des autruches est pour l'heure l'attitude adoptée par les Nations Unies face à ces périls. C'est certes plus commode que d'avoir à les affronter directement. 
On s'est longtemps accomodé du communisme qui faisait impunément ses ravages à nos portes ( on s'en accommode encore en Corée). A l'image de l'auto-destruction apparente de ce fléau, peut-être les grands de ce monde se répètent-ils le bon vieil adage qui veut qu'il n'y ait pas de problème que l'absence de solution ne finisse par résoudre... 
Ou bien, peut-être sont-ils terrifiés à l'idée d'être comparés à George W. Bush, le dernier qui osa accompagner ses idées d'actes !
Même s'il est toujours aussi incompris, il reste permis d'espérer que ses efforts pour faire germer la liberté n'ont pas été vains; et de souhaiter logiquement qu'on parvienne à trouver les moyens d'accompagner les jeunes pousses qui ici ou là luttent pour se faire une place au jour...

2 commentaires:

tippel a dit…

Un assassinat passé inaperçu par les journalistes.
Le père François Mourad, vieil ermite franciscain, a été tué dans l'enceinte de son couvent par un groupe islamiste rebelle. Le responsable des franciscains de Syrie met en garde l'Occident qui soutient les rebelles et la France en particulier qui arme les rebelles aide à tuer les chrétiens.

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Merci pour cette illustration de l'impuissance occidentale. Nous ne croyons plus à nos valeurs et sommes donc de moins en moins capables de les défendre...