28 décembre 2014

Il est interdit d'interdire

Qu’il est loin le slogan libertaire des gauchistes de 1968 !
C’est peu de dire qu’en matière d’expression et de droits nous sommes entrés dans une ère de glaciation. 

On nous rebat les oreilles de droits nouveaux, mais quels sont-ils bon Dieu ! Droit de mourir “dans la dignité”, droit au mariage “pour tous”, droit au logement “opposable”.... Autant de fadaises qui masquent une dérive progressive du droit d’être libre tout simplement.

Depuis les lois odieuses encadrant la liberté d’expression, promulguées en 1990 à l’initiative du communiste Gayssot, on ne compte plus les interdits de toute nature qui empoisonnent notre quotidien et nous éloignent chaque jour un peu plus du modèle démocratique d’une société de citoyens responsables.
Comme au temps des féodalités, ces derniers sont assujettis à une tutelle débilitante, incarnée aujourd’hui par l’Etat Providence. Partout surgissent les tourelles de ses Hautes Autorités aussi pompeuses qu’inefficaces, les forteresses légales que sont commissions, instituts, et agences soi disant affectées à la veille et à la régulation. Telle la soeur Anne, elles surveillent, mais ne voient jamais rien venir à temps.

Pendant ce temps, chaque jour que Dieu fait amène son lot d’ukazes, d’excommunications et de polémiques plus ridicules les unes que les autres. 

A l’instar de cette mesure proposée par la préfecture de police de Paris, interdisant aux particuliers de faire des feux dans leurs cheminées. Ou bien ce projet concocté par la maire de la capitale et ses écolos de service, d’empêcher tout véhicule diesel d’entrer dans sa ville !

Les Pouvoirs Publics et leurs zélotes associatifs ou syndicaux se font un devoir de mettre sous contrôle tous nos faits et gestes.

Y a-t-il plus ridicule que ces tergiversations légales sur le nombre de dimanches pendant lesquels les commerces seraient autorisés à ouvrir ? Ou ces atermoiements sur les horaires de leur fermeture obligée, en soirée ? Quelle misère que ce débat grotesque sur les professions dites réglementées ! Un jour on fait mine de libéraliser les statuts des notaires ou des pharmaciens mais dans le même temps on protège les rentes de situation des taxis en pénalisant les entreprises de VTC, ou bien celles de buralistes en interdisant l’achat de tabac sur internet ! 
Résultat, partout on voit émerger de nouveaux systèmes marchands cherchant à échapper à l’emprise asphyxiante des réglementations et du fisc. Le Web apporte une bouffée d’oxygène et de liberté à ces entreprises : chambres d’hôtes, ecommerce, covoiturage, enchères… Certaines useraient dit-on, de tous les stratagèmes pour ne pas payer leurs impôts en France. Allez donc savoir pourquoi !

La liberté d’expression elle-même est pareillement étouffée par des hordes de censeurs pudibonds et bornés. Après les affaires Soral, Dieudonné, ou Finkielkraut, il faut empêcher Zemmour de parler, ou dans un tout autre genre, Valérie Trierweiler. Peine perdue, leurs ouvrages et spectacles font florès…
En la circonstance, la sottise peut mener très loin. On a même vu des libraires participer de manière stupide à cette censure insensée en s’interdisant la vente de ces best sellers !
Pour d’anodins propos, la chanteuse Zaz et l’entraîneur de football Willy Sagnol ont été cloués au pilori médiatique. Même Bob Dylan lors d’une tournée en France, fut convoqué par des magistrats pour répondre au sujet de propos tenus dans un magazine à propos des oustachis Croates !
Et que dire de la polémique à propos de l’affiche illustrant ce billet, qui fut proposée par la municipalité de Saint-Brieuc, pour lancer la quinzaine commerciale de Noël ? L’opposition socialiste qui n’a manifestement vraiment rien à dire, s’érigeant en ligue de vertu, crut bon de demander le retrait de cette image jugée “sexiste” au motif que la Mère Noël était représentée peu vêtue et dans une position lascive. On pourrait rire de ces gloussements si on n’avait vu venir en renfort de ces dames patronnesses, l’illustre et inconnue Pascale Boistard, secrétaire d'État paraît-il chargée des Droits des femmes…
Comme dirait l'autre, quand les bornes de la bêtise sont franchies, il n'y a plus de limite. Mais s'il n'y a plus de limite à quoi bon interdire ?

19 décembre 2014

Hypnose (Kôdéia)

Sans coup férir cette heure avance
Au gré d’un léger trémolo
Comme une barque allant à l’eau
Saoule mais non sans vigilance

Elle est ravie et se balance
Emprisonnée dans un halo
Tiède surgi ex-nihilo
Qui l’enlace dans sa mouvance

A Dieu ne plaise le retour
Trop brutal de ce doux voyage
Si loin et si près du rivage

Pour qu’en un délicieux détour
Utopique, le temps s’allonge
A l’instant même où seul, je plonge...

13 décembre 2014

Dylan, brut de décoffrage

A l'instar des rescapés du Pink Floyd qui étoffent et redorent d'anciennes ébauches délaissées dans des placards, pour tenter d'en faire du neuf, Bob Dylan ressort de ses vieilles malles ses légendaires Basement Tapes, captées dans l'intimité en 1967, alors qu'il se remettait à la campagne, d'un accident de moto.

Mais à l'inverse des premiers, il les propose dans leur jus, sans fioriture ni artifice. Ça dégage un petit parfum boisé et acide dans lequel remonte, un peu confite mais très prégnante, l'ambiance rebelle des sixties.

Et c'est une nouvelle occasion de se confronter au mystère Dylan. Notamment cette scansion nasillarde que certains trouvent insupportable, et qui derrière son apparente monotonie, surprendra toujours en même temps qu'elle les ravit, les aficionados. Elle touche parfois au sublime dans ces sessions débridées où son lamento stridulant fait merveille. Parmi les nombreuses mélopées soutenues efficacement par le quintette si attachant du bien regretté The Band, on retiendra des standards éprouvés, telle cette version déchirante du fameux I Shall Be Released, des perles jamais entendues (Sign On The Cross) ou restées à l'état de géniales improvisations (I'm Not There).

Un livret instructif et richement illustré complète ce double album très root qui apporte un éclairage intéressant sur ce baladin lunatique, aux messages aussi envoûtants qu'énigmatiques...



Bob Dylan and The Band. The Basement Tapes, raw. 2014 
On apprend au passage qu'un nouvel album se prépare pour 2015 :Shadows In The Night. Wait And See...

12 décembre 2014

Pink Fade...

Ce jeu de mot oiseux qui m’a été inspiré par un bon ami après l’écoute de l'ultime opus du Floyd est à double détente.

Bien sûr il est possible de trouver très pâles ces fragments épars, ressortis des vieux cartons de 94, rehaussés d’un peu de rimmel instrumental ici où là, et même de quelques paroles, faisant émerger une vague chanson de ce magma liquoreux. Tout ça n’a bien sûr ni queue ni tête et ne peut apparaître dans ces conditions, autrement qu’un ersatz.

Pris dans son acception anglo-saxonne, c’est aussi la manière d’exprimer le doux anéantissement vers lequel tout est condamné à filer dans ce monde sublunaire. Syd Barrett oublié, Roger Waters enfui, Rick Wright disparu, que reste-t-il donc ? Ces réminiscences au parfum quelque peu évaporé, qui vous plongent dans la nostalgie en même temps qu’elles vous font parfois frissonner au souvenir des heures extatiques évanouies.

Alors, tant pis, montons de bonne grâce dans cette frêle et illusoire embarcation, et abandonnons nous à l’ineffable tangage, né de cet océan de nuages, indéfini...

Pink Floyd The Endless River 2014

03 décembre 2014

Chaconne



Ce chant si beau demain peut-être
Aura vaincu les pesanteurs
Dont il émane avec des pleurs
Sans oser vraiment tout promettre

Il traverse tendrement l'être
Comme le silence des fleurs
Leurs parfums ou bien les douceurs
Du jour au  moment d'apparaître

Il dit plus que les infinis
Qui sont au dessus de nos têtes
Et dans ses accents inouïs

Résonnent d'indicibles fêtes
Au cœur d'un grand jardin radieux
Peuplé d'archanges et de dieux...


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Inspiré par l'écoute de la Chaconne de la Partita no2 en ré mineur de J.S. Bach, magistralement interprétée à la guitare par John Feeley (à voir et à entendre derrière ce lien)