31 juillet 2016

Le Folklore Américain

L’élection présidentielle américaine reste une énigme pour beaucoup d’Européens et notamment de Français. La démocratie est une notion finalement assez mal comprise dans notre pays, et la grande liberté de ton qui accompagne les campagnes électorales outre-atlantique choque nos esprits confits dans les combines politiciennes et la langue de bois caractérisant nombre de débats.
Certes tout n’est pas irréprochable là bas et les magouilles ou les coups bas sont probablement légions. Mais les choses sont dites sans détour, même si cela passe parfois par l’usage de provocations caricaturales, et d’excès de langage assez grossiers.
Au moins peut-on dire qu’on ne s’ennuie pas…

Le cas Donald Trump cristallise toute l’incompréhension qui subsiste entre le vieux et le Nouveau Monde, entre la politique politicienne et la politique spectacle. Est-ce à dire que M. Trump soit le clown que nombre d’observateurs, soi-disant avertis, présentent dans les médias ? M’est avis que non...

A partir de bouts tronqués de ses discours, de petites phrases extraites de leur contexte, ou même de son apparence physique, on se plaît à caricaturer le personnage, en méprisant au passage l’opinion de millions d’Américains qu’on assimile à des imbéciles.
On connaît le procédé et on a si souvent fait le coup, qu’aujourd’hui ce genre d’approche devrait être complètement décrédibilisé.

Hélas, le parti pris et les idées reçues sont tenaces. Tous les candidats du Parti Républicain ont depuis des décennies subi le même sort. Tous furent qualifiés de rustres, de ploucs bornés aux idées simplistes, par une intelligentsia très snob, acquise par principe au clan démocrate.

Expliquer ces jugements à l’emporte pièce où la partialité le dispute au mépris de classe, serait totalement vain. C’est un des mystères du grégarisme, qui met des oeillières aux yeux et des éteignoirs à l’esprit critique.

Pour l’heure, qu'il soit permis de s'amuser à voir Donald Trump, qui n’en a cure, se faire traiter de misogyne, de raciste, de vil capitaliste, de sale milliardaire !
Amusons-nous à voir les artistes politiquement corrects, comme des chochottes de patronage, prier le candidat de ne pas diffuser “leurs” oeuvres pendant ses meetings. C’est particulièrement jouissif lorsqu’il s’agit non pas des artistes eux-mêmes, mais de leur famille. Comme celle de L. Pavarotti s'offusquant que le candidat républicain utilise l'interprétation donnée par leur parent du fameux air de Nessun Dorma... Ou bien comme celle de George Harrison faisant de même avec une chanson des Beatles. Ils touchent sans vergogne les royalties rapportées par la commercialisation de ces oeuvres, mais voudraient en plus avoir un droit de regard sur qui les écoute. Jusqu’où faudrait-il remonter pour satsfaire ces lubies puritaines ? Faut-il interroger les descendants de Puccini ? Où donc se situent les limites de l'intolérance ?

On a beaucoup glosé sur la convention républicaine qui s’est récemment tenue à Cleveland, aboutissant bon gré mal gré à l’investiture de Trump. Certes il n’a pas fait l’unanimité. Encore heureux que quelques voix cherchent à s'opposer à l'ascension fulgurante d’un homme totalement neuf en politique, qui a bousculé en quelques mois tous les autres prétendants, issus de l’establishment. Certains n’ont pas digéré, on peut les comprendre…

On s’est gravement interrogé sur l’absence lors de cette convention des Bush, Mc Caine, Romney. Mais qu’aurait-on dit s’ils y avaient assisté ? Pire encore s’ils avaient eu la mauvaise idée de soutenir le Donald ?


Pendant ce temps, les culs bénis et tous les bien pensants ne trouvaient bizarrement rien à redire sur les fausses retrouvailles d’Hillary Clinton, l'intrigante assoiffée de pouvoiret de Bernie Sanders, son rival malheureux, vieux socialiste marinant dans l'aigreur, qui l’insulta copieusement durant la campagne des Primaires. Tout au plus signala-t-on quelques fuites (20.000 mails quand même) prouvant que le Parti avait tout fait pour tenter de saboter la campagne de ce dernier, obligeant discrètement la présidente Debbie Wasserman Schultz à démissionner…

On s’émut de la fraternité de façade entre Barack et Hillary, oubliant le combat féroce qu’ils se livrèrent il y a quelques années pour obtenir l’investiture de leur parti. On trouva brillant et touchant le discours de Bill Clinton, vantant les mérites d’une épouse, qu’il ne se gêna pas d'humilier publiquement par un comportement indigne, lorsqu’il était président de la république...


Tout ça est de bonne guerre. On peut en rire en somme, car personne n’est au dessus du ridicule. Le monde se fait au gré d’alliances et de mésalliances, de chances et de malchances, de succès et d’échecs…

On pourrait également rire de la dernière sortie de Donald Trump invitant la Russie, que certains accusent de comploter contre la candidate démocrate, à trouver et rendre publics les 30.000 mails compromettants qu’elle aurait fait disparaître avant l’enquête du FBI dont elle fait l’objet.

Mais je crains que les Intellectuels dits "progressistes" soient assez étanches à cette sorte d’humour...
Pendant ce temps Donald décape avec jubilation le champ politique. Il dynamite, il disperse, il ventile, façon puzzle….

30 juillet 2016

La République Chrysanthème

Il est évidemment naturel que s'épanche l'émotion provoquée par les drames qui ponctuent l’actualité.
Ils déchirent si soudainement et si atrocement la quiétude de l'ordre public, tout particulièrement lorsqu'il s'agit d'actes terroristes insensés !

Parmi les nombreuses menaces qui planent sur nos têtes, celles qui mettent en cause la folie humaine sont les plus effrayantes, les plus bouleversantes et les plus révoltantes.
Pourtant leur répétition devient lancinante. Pire encore est la lassitude qui naît du spectacle sans cesse recommencé des services funèbres rythmant ces tragédies. Les gouvernants passent désormais le plus clair de leur temps à honorer de leur présence affligée ces commémorations, soulignant ainsi leur tragique impuissance. Leurs mines compassées, leurs larmoyants discours ne sont pas loin d’être insupportables tant ils semblent dérisoires.

Les discours martiaux qui viennent après les larmes semblent tout aussi vains. La surenchère dans la fermeté est quasi risible. Les politiciens de tous bords n’ont jamais autant entonné la Marseillaise. Mais la France guerrière et sanguinaire qu’elle exalte n’a pas grand chose à voir avec le pays amolli, pétri de bonnes intentions et de voeux pieux, qui fait mine de se dresser contre ses nouveaux ennemis.

Face aux périls on s’interroge gravement sur la nécessité de nouvelles lois. C’est dire la faillite de l’action…

Après avoir interminablement tergiversé sur la déchéance de nationalité comme punition applicable aux terroristes bi-nationaux, on tourne sans fin autour de la problématique de la double peine consistant à expulser les étrangers après qu’ils aient purgé leur peine de prison. Toujours enclin aux contradictions, Nicolas Sarkozy qui avait tout fait pour en limiter l’application, prêche désormais pour qu’on en fasse la règle…
On se gargarise de l’état d'urgence, que de mois en mois on pérennise en dépit de son inefficacité, douloureusement démontrée lors de l’effroyable tuerie du 14 juillet à Nice.
Faisant fi des lacunes évidentes dans le dispositif de sécurité mis en place ce jour là, le gouvernement par IGPN interposé, affirme que l’effectif des forces de police n’était pas sous-dimensionné.

Imagine-t-on rassurer le peuple avec de telles rodomontades ?


Non contents d’objectiver leur impuissance, les Pouvoirs Publics dénient toute responsabilité et s’exonèrent de toute faute…

Pour couronner le tout, on débat très sérieusement pour savoir s’il faut révéler l’identité des assassins ou bien les anonymiser lorsqu’ils commettent leurs crimes. A-t-on oublié le célèbre avertissement d’Albert Camus : “Mal nommer les choses, c’est aggraver le malheur du monde. Ne pas nommer les choses, c’est nier notre humanité.


Une chose est sûre toutefois. Les nouveaux barbares, à cause de l’extrême sauvagerie de leurs actes, ont obligé les vertueux politiciens à renier certains de leurs engagements, qu’ils croyaient pourtant avoir gravés dans le marbre de la Constitution : la peine de mort a de fait, été rétablie, sans procès ni appel...

24 juillet 2016

Le Diable Au Corps


Les actes de folie qui ensanglantent de plus en plus souvent l’actualité interrogent à plus d’un titre.
L’apparente irrationalité et la gratuité des motifs qui les sous-tendent constituent une énigme pour nos sociétés matérialistes, guidées par une logique qui se veut assujettie à la raison, quoique souvent empreinte d’idéologie voire d’ignorance.
On cherche une explication, mais on n’en trouve pas… Cette folie est purement destructrice et la haine ôte tout état d’âme aux fanatiques qui se comportent comme des machines incontrôlées.

Puisqu’il s’agit d’êtres humains dotés par nature d’un sens moral et d’une responsabilité, on pourrait dire, à les voir exprimer une telle violence, qu’ils ont le diable au corps. Curieux paradoxe pour ceux qui agissent prétendument au nom de Dieu !
Mais peu importe Dieu après tout. Le fanatisme n’en a cure pour commettre ses atrocités. N’importe quelle cause peut faire l’affaire, et lorsqu’on est à court, on prend celle qu’on a sous la main. 

De toute manière, si Dieu existe, il n’y a aucune chance qu’il reconnaisse comme siens ces fous qui se servent de lui pour commettre leurs horreurs ici-bas. En l’occurrence, eux-mêmes n’y croient sûrement pas pour s’exposer de manière aussi certaine à son châtiment… 

Il y a pourtant peut-être plus grave encore que ces actes de terreur, et plus terrible que ces massacres spectaculaires commis sur des foules insouciantes.
Derrière les trois attentats majeurs commis sur le sol français depuis 18 mois, combien de meurtres ponctuels ou d’agressions, tous marqués par la même barbarie indicible, la même haine irrépressible ?

Et derrière ces forfaits, comment ne pas voir le spectre inquiétant d’une religion dont l’expression se fait de plus en plus arrogante, ostentatoire et intolérante, revendiquant un dogme rétrograde et une rigueur desséchante ?  Comment  occulter enfin le fait que ce sont souvent nos propres pays qui servent de viviers à ces têtes brûlées, dressées pour tuer ?

Face à cette lame de fond, les Pouvoirs Publics et la société dans son ensemble paraissent bien démunis. Par angélisme, mauvaise conscience, et couardise, ils ont laissé monter cette marée nauséabonde que tout oppose aux principes du modèle démocratique, soi-disant laïque. Les digues sont peut-être sur le point d’être submergées par ce déferlement dont les attentats ne seraient que les vagues de tête. 


Que vaut le fameux état d’urgence dans un tel contexte ? Il a pour vocation de renforcer les barrières mais il prête à sourire tant il paraît lâche et permissif en termes de manifestations publiques. Le carnage niçois, démontre son inefficacité, même pour empêcher l’attaque d’un homme seul
C’est peu de dire qu’il y a eu des failles de sécurité : pour protéger une enfilade aussi vulnérable que la promenade des Anglais, il n’y avait aucun obstacle physique sérieux. Que dire de l’incapacité des forces de police à stopper ce camion fou, alors qu’elles étaient selon le ministre de l’intérieur, très présentes et sur le qui-vive ? Quelle est l’utilité des caméras de surveillance dont la ville est truffée ? Non seulement elles n’ont pas permis de repérer le manège du poids lourd peu avant le massacre, mais on apprend que la Justice voudrait après coup détruire leur témoignage au motif saugrenu qu’il pourrait servir à la propagande des terroristes ? On croit rêver…

Il y aurait beaucoup à dire également sur l’analyse de la personnalité de l’assassin. On commença par nous dire comme trop souvent qu’il n’avait aucun passé répréhensible et notamment aucune accointance avec les milieux islamiques, avant de reconnaître qu’il avait froidement planifié durant des mois son exaction, non sans bénéficier de complicités multiples… 

On nous fit le coup de l’être instable et déprimé, avant de révéler qu’il était surtout irascible et violent, ce qui lui valut une condamnation pour agression sur la voie publique et la séparation d’avec sa femme et ses enfants. 
On nous le présenta comme bénéficiant de la double nationalité franco-tunisienne avant de publier sa carte de séjour attestant de son statut d’étranger… Tous ces errements des pouvoirs Publics et des médias, tant de déni et d’irresponsabilité face à une spirale nihiliste de plus en plus menaçante, ne sont pas de nature à rassurer.
Au surplus, ils contribuent à jeter le trouble dans les esprits et à favoriser les amalgames et les raccourcis dévastateurs qu’ils ont justement pour mission d’éviter. Les propos du premier ministre au lendemain de l’attentat de Nice, affirmant « qu’il y aura de nouveaux attentats et que d’autres vies seront fauchées …/… que d’autres innocents vont perdre la vie», sont eux-mêmes plutôt désespérants par leur fatalisme.
L’impuissance chronique des politiciens sur tous les fronts sur lesquels on attend une action efficace, en rapport avec leurs promesses ronflantes, conduit à un écœurement grandissant quoique silencieux du peuple. Combien de temps encore le pays supportera-t-il cette atmosphère pestilentielle ? Que se passera-t-il lorsque le plafond de la tolérance sera atteint ?

13 juillet 2016

Carpe Diem

Laissons-nous submerger par le torrent de bleu
Que déverse le ciel prodigue en féeries
Et laissons se dissoudre en milles rêveries
Le réel qui se met à compter pour si peu

Laissons se perdre au loin dans un désert poudreux
Les sources de douleurs pour un moment taries
Et jusqu’aux souvenirs de souffrances guéries,
Décombres engloutis d’un monde malheureux.

Il faut penser à vous chères cendres qui fûtes
Il faut penser à vous doux enfants à venir
Un même sort vous lie : naître et toujours mourir !

Mais pour l’heure, buvons le temps et ses volutes
Qui chargés d’un parfum de chagrin et d’ennui
S’ouvrent suavement sur l’azur infini...