26 février 2018

No Sport !

On connaît la fameuse réplique que fit Churchill à quelque journaliste qui lui demandait le secret d’une vie longue et saine : No Sport !
Dans notre époque où le culte de la forme physique est devenu une obsession et où l’on déploie des trésors d’imagination pour améliorer les performances sportives sans tomber dans cette nouvelle forme de damnation qu’est le dopage, le facétieux premier ministre anglais serait quelque peu décalé. Lui qui affirmait qu’il préférait les cigares et le whisky à la gymnastique, il aurait bien ri en apprenant que même au curling, on pourchasse les sportifs qui font usage de substances stimulantes…

Le nouveau puritanisme exige une totale pureté, au service de performances toujours plus folles. Il y a une vaste hypocrisie à pousser ainsi la nature humaine aux extrêmes, en jetant à la vindicte celui qui cède à la tentation, ou à la faiblesse.
Ayant à peu près atteint les limites physiques du corps, on peut d’ailleurs se demander ce qui pousse encore à vouloir enregistrer de nouveaux records et pourquoi donc s’user la santé dans des compétitions de plus en plus effrénées.
Mais derrière la vanité de cette fuite en avant, il reste toutefois de belles envolées, de beaux spectacles, et de magnifiques challenges.
Le tennis est une sorte d’oasis dans l’univers aride du sport. Il y a de l’élégance, de la grâce même parfois dans ces duels au soleil, acharnés mais non dépourvus de fair play.

S’il est un champion qui incarne mieux que quiconque cet état d’esprit, c’est bien Roger Federer.
Revenu à plus de 36 ans au sommet de la gloire, il affiche, tournoi après tournoi sa suprématie avec une souriante sérénité, qui n’empêche pas une once de désinvolture...
Il va, court, vole et nous venge de toutes les désillusions que le sport engendre par sa technicité, ses artifices et ses dérives marchandes.

Federer semble au dessus de tout cela. C’est une star parmi les stars mais il garde une incroyable fraîcheur, une inoxydable simplicité. Rien ne semble l’atteindre tant il paraît fait d’une autre essence que le commun des mortels. Il connut certes des échecs et des passages à vide, mais jamais le désespoir ne l’atteignit vraiment et sa force de caractère, sa détermination sont à l’évidence la cause principale de son exceptionnelle longévité.
Il est des mauvaises langues pour insinuer que sa domination s’explique par le manque de vrais rivaux. Mais n’est-ce pas plutôt son génie qui réduit à néant la concurrence ? A Wimbledon au début de l’été 2017, il n’accorda pas même un set à ses adversaire. Son jeu est un véritable enchantement tant il possède avec une précision millimétrique la quasi totalité des coups, qu’il sait faire varier pour retenir en permanence l’attention.
Dommage que les télévisions diffusent de moins en moins les matchs de tennis. La grande époque des Borg, Vilas, McEnroe, Nastase, Connors, et j’en passe, est loin mais le jeu en vaut encore la chandelle.
A ce stade, ce n’est plus du sport, c’est du grand art !

11 février 2018

No Limit

A l’imagination, rien n’est impossible. Faire vrombir un hot rod flamboyant dans l’espace était le pur fantasme du groupe de rock ‘n roll texan ZZ Top. Son panache incandescent devint l'emblème du groupe et illustra nombre de pochettes de leurs disques. Il ne s'agissait que de science fiction de bande dessinée en somme...
Mais aujourd’hui l’ébouriffant Elon Musk l’a fait pour de vrai ! Il a envoyé là haut un exemplaire rutilant de son roadster, arrimé au bout de sa fusée, l’a propulsé en orbite autour de la Terre où il fit quelques tours, avant d’entreprendre un voyage sans retour à travers le système solaire. Au volant, Starman, un mannequin en scaphandre, nonchalamment accoudé à la portière comme s’il était en balade.
Lubie de milliardaire, aussi clinquante qu’inutile, ou bien démonstration de savoir faire d’un entrepreneur sans limite ?
Les images de ce cabriolet rouge sur fond de planète bleue ont fait le tour du monde si l’on peut dire, et le fait est qu’il y eut somme toute peu de grincheux pour trouver à redire à l’exploit. Dans le même temps, on vit avec stupéfaction deux des fusées porteuses de l’engin revenir en douceur se poser
, l'une à côté de l'autre, droites comme des points d'exclamation, avec une précision impressionnante.

Les Etats-Unis sont bien le seul pays où une entreprise privée peut tutoyer les étoiles et se livrer avec humour à de tels challenges ! Pour cet essai technique, Elon Musk aurait pu en effet lester son cargo spatial avec du béton et de la ferraille, mais il a préféré sacrifier l'une de ses autos. Nettement plus amusant, et belle publicité sans nul doute...

Le parcours d’Elon Musk prouve s’il le fallait, que tout est possible outre-atlantique pour celui qui fait preuve d’audace et de détermination, même si ses projets peuvent paraître fous aux caciques confinés dans l'inertie bureaucratique.
Né en Afrique du Sud il y a 46 ans, de parents ordinaires, séparés alors qu’il n’avait pas encore 10 ans, il n’avait a priori aucun avantage pour accomplir ce qu’il a fait. Émigré au Canada puis aux Etats-Unis, il a créé une bonne demi-douzaine d’entreprises, à la pointe du progrès technique et de l’innovation écologique. Ses voitures électriques sont les plus performantes au monde et en matière d'astronautique, il est devenu le fournisseur attitré de la NASA. Il vient de montrer qu'il était en mesure de construire les fusées les plus évoluées qui soient. Il est avec Steve Jobs et d’autres, l’incarnation du self made man et la preuve qu’aux States l’ascenseur social n’est pas un vain mot.
Il est richissime. Sa fortune est évaluée à 20,8 milliards de dollars. Dire qu'il ne travaille pas pour l'argent serait sans doute excessif mais il est évident que d'autres ambitions le motivent. Pour autant, il a besoin d'argent, ses entreprises ont besoin d'argent et de capitaux. Longtemps il s'est "levé de bonne heure", comme dirait l'autre, pour aller quérir ces indispensables ressources financières. Il est peu probable qu'il soit enclin à se les faire massivement confisquer par l'Etat au nom d'une redistribution prétendue équitable du fruit de ses efforts. Il sait très bien le faire lui-même. Il n’y a que des vieux ronchons aigris et revanchards comme Jean-Luc Melenchon et ses épigones pour penser qu’une telle richesse soit nuisible…



There's a starman waiting in the sky
He'd like to come and meet us
But he thinks he'd blow our minds
There's a starman waiting in the sky…

(David Bowie)

09 février 2018

Péril climatique, époque climatérique

Les aléas du climat semblent en passe de devenir la plus grande menace pesant sur nos sociétés en mutation, et en quête de repères. Dans ce contexte, le progrès technique apparaît non seulement impuissant à endiguer ce danger, mais si l’on en croit les prophètes de mauvais augure, il en serait le premier responsable. Triste constat.
Sauf qu’il est bien galvaudé à l’évidence !
Certes les victimes des récentes inondations et dans une moindre mesure des chutes de neige et du grand froid hivernal sont bien réelles, et le spectacle de leurs mésaventures ne peut qu’inspirer sympathie et compassion.
De là à incriminer une fois encore le dérèglement climatique, il y a un pas que certains franchissent allègrement…
Le climat est à l’origine de catastrophes mais durant les mauvaises saisons, le débordement des fleuves, le gel et la neige n’ont rien de bien étonnant. On peut juste s’interroger sur l’ampleur des conséquences de quelques pluies insistantes ou de quelques de flocons accumulés sur nos routes.
D’une manière générale, il n’est en l’occurrence de calamité que pour les gens qui les subissent. Qui s’est vraiment soucié des gigantesques submersions et des terribles glaciations que la Terre a connu durant sa préhistoire, c’est à dire durant les millions d’années qui précédèrent l’arrivée des êtres humains ?
En tout état de cause, même s’il est réel et même s’il est causé par l’homme, le fameux réchauffement climatique paraît bien insignifiant par rapport à ces monstrueux désordres naturels.
Quant aux plus grands périls auxquels est exposée l’humanité, force est de constater que pour la plupart, ils sont causés par elle-même et le plus souvent, en toute connaissance de cause.
C’est vrai des guerres sanguinaires que les êtres humains se font depuis la nuit des temps pour des raisons souvent méprisables. C’est également vrai des crimes, de la violence, à l’échelle domestique, ou bien organisée par tant de régimes totalitaires, coupables de massacres au nom d’idéologie stupides.
Plus indirectement, combien de dangers nous font face du fait de notre propre négligence, de notre impéritie ou de notre inconscience des risques ?

Malgré tout, les progrès dans la connaissance du monde dans lequel il vit, et son aptitude à développer d’ingénieuses solutions techniques, permettent à l’Homme, cet infime “roseau pensant”, d’anticiper nombre de désagréments de la nature et de s’opposer aux rigueurs climatiques, et aux vicissitudes de nombre de maladies.
Il y a donc plutôt lieu d’être optimiste, si toutefois le courage, l’espoir, la raison, et la foi en un dessein supérieur ne désertent pas son esprit...

03 février 2018

Quand les affaires dérapent

A défaut d’avoir toujours pu être résolue et classée, dans l’actualité une affaire chasse l’autre.
Les projecteurs médiatiques se détournent vite des faits, même s’ils sont horrifiques. Mais pour peu qu’il y ait quelque rebondissement, l’attention renaît. Le Moloch de l’opinion publique exige du neuf.

Parfois ce qu’on croyait oublié revient au premier plan.
Il en est ainsi de l’affaire dite Alexia, du nom d’une charmante jeune femme retrouvée étranglée à deux pas de chez elle, à l’orée du bois le long duquel elle avait l’habitude d’effectuer son jogging matinal. On découvre avec stupeur trois mois après la découverte de son corps que le meurtrier n’est autre que son mari Jonathann. Ce jeune homme bien sous tout rapport, présenté comme doux et timide, jouait depuis trois mois le rôle de veuf inconsolable, soutenu par ses beaux parents et une foule d’amis et de sympathisants. Il s’était épanché devant les caméras le visage baigné de larmes et avait participé à nombre de manifestations publiques et notamment à la marche blanche en mémoire de sa femme.
Ce coup de théâtre ne fait que rappeler le caractère illusoire des apparences et la versatilité du sens qu’on donne aux évènements. Il en est ainsi de ces cérémonies populaires suivant la survenue d’un drame. Pour émouvantes qu’elles soient, elles sont sans lendemain et la sincérité qu’on croit lire sur les visages n’est parfois qu’un faux semblant. On se souvient de Patrick Henry, qui pour des raisons crapuleuses avait enlevé et tué un enfant de 7 ans, manifestant avec une foule éplorée, allant jusqu’à réclamer la peine capitale pour l’assassin…
Aujourd’hui c’est Jonathann Daval qui prend le rôle de monstre, capable de verser des larmes de crocodile sur le sort de son épouse qu’il a lui-même étranglée.
Du coup, tout dérape. Tout devient incertain. Un homme s’est étrangement suicidé à côté de la scène de crime, serait-il lié à l’affaire ?
Les avocats sont désemparés. Acculés par la pression médiatique, ils en disent trop, puis reviennent sur leurs propos, hésitent et perdent totalement les pédales. Le gouvernement, par la voix de la ministre de l’égalité des droits et des femmes, l'ébouriffante Marlène Schiappa, croit bon de s'immiscer dans cet imbroglio qu’elle n’hésite pas à qualifier de “féminicide”, lui donnant un tour idéologique. Seule madame le procureur garde son sang-froid, évitant sans doute d’autres dérives interprétatives.

A peu près au même moment, l’affaire du “petit Théo” qui avait défrayé la chronique il y a quelques mois ressurgit, à l’occasion de la publication d’une vidéo par Europe1. On croyait la cause entendue. La “victime” selon son propre témoignage, avait été l’objet de violences policières inqualifiables lors de son interpellation, qu’on ne pouvait attribuer qu’à la perversion et au racisme des forces de l’ordre. De notoriété publique, Théo avait été intentionnellement sodomisé par une matraque téléscopique, après qu'on lui eut baissé son pantalon. L’histoire était suffisamment convaincante pour que le Président de la République en personne, François Hollande, se fasse un devoir d’aller le visiter à l’hôpital en évoquant un garçon “connu pour son comportement exemplaire”, dont le souhait était de “vivre en paix et en confiance” avec la police.
Peu de temps après on apprenait qu’il était sous le coup, avec au moins un de ses frères, d’une enquête préliminaire pour détournement massif d’aides sociales. Puis, plus rien. Connaîtra-t-on un jour le dénouement de cette seconde histoire, rien n’est moins sûr...
En tout cas la vidéo récemment diffusée montre à l’évidence que la version donnée par Théo de son interpellation était mensongère. Elle fut certes violente mais causée par son refus mouvementé de s’y soumettre. Les échanges de coups qui s’ensuivirent ne révèlent en tout état de cause ni motivation raciste, ni agression sexuelle caractérisée.
Il s’agit donc encore une fois de dérapages multiples dans le cours d’une affaire fortement médiatisée, avant qu’elle soit jugée, mettant en cause la neutralité de représentants de l’Etat au plus haut niveau.
Que reste-t-il dans ces conditions de la sérénité et de l’indépendance de la justice, de plus en plus souvent bafouées, perturbées, souillées pourrait-on dire, par des considérations fondées, non pas sur l’objectivité et la connaissance des faits, mais sur l’idéologie ou la démagogie ?
La France peut bien faire la leçon à d’autres pays, elle fait figure de nation sous développée en la matière. Le triste état des prisons, souligné par la révolte récente des gardiens, est un reflet non moins accablant de cette incurie.

L’affaire mettant en cause M. Darmanin est elle aussi révélatrice. Certes, il apparaît très peu probable que le ministre du budget se soit livré aux violences sexuelles dont on l’accuse, mais dans un pays anglo-saxon, sa démission aurait été certaine, au moins jusqu’à ce qu’on sache précisément de quoi il retourne.
Chez nous il reste “droit dans ses bottes” et reçoit même le soutien unanime du gouvernement, ministre de la justice en tête. Tous avaient pourtant juré que dans le Nouveau Monde qu’ils incarnent, il n’y aurait plus aucune faiblesse ni indulgence…

Etonnante époque où la justice s’égare, et où la permissivité la plus débridée cotoie un puritanisme des plus rigides, qui s’étend comme une tache d’huile. Ce dernier est en train de tourner au délire obsessionnel.  Le sexisme est devenu le motif d'une véritable chasse aux sorcières. On supprime un acteur de la distribution d’un film presque achevé et d’une série à succès, on songe à effacer le nom d’un réalisateur réputé du générique de son propre film. On change la fin de l’opéra Carmen, au motif qu’une femme y meurt assassinée, un musée décroche des toiles parce qu’elle représentent des femmes nues...
C’est le règne de tous les excès ou en fin de compte, plus rien n’a d’importance, et plus grand chose n'a de sens...