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19 décembre 2016

Game Over

Les Historiens se pencheront sans doute objectivement sur les faits et actions marquant le double mandat de Barack Obama, qui fut à la tête des Etats-Unis de 2008 à 2016.

Porté par un élan confinant parfois à l’extase mystique, le “premier président noir” a-t-il été à la hauteur de ce que les foules enthousiastes attendaient de lui ?

Le moins que l’on puisse dire est que cette épopée annoncée un peu trop emphatiquement, s’achève en fiasco.

Le dernier discours du Président, révèle que même dans les mots, il n’est plus très efficace, lui qui savait si bien manier le verbe pour émouvoir le bon peuple.
Les médias pourtant si indulgents à son égard ont surtout retenu ses vaines piques vengeresses adressées à la Russie. Pourquoi donc, alors qu’il s’apprête à quitter la Maison Blanche, se lance-t-il ainsi dans une charge nécessairement dérisoire et potentiellement désastreuse à l’encontre d’un pays avec lequel son successeur aura la délicate tâche de composer ?


Sans doute est-il déçu de n’avoir pas réussi à faire triompher son ex-rivale et coreligionnaire Hillary Clinton; sans doute est-il quelque peu humilié par l’influence grandissante de Wladimir Poutine sur la scène internationale.
Mais y a-t-il encore un admirateur assez béat pour prendre au sérieux les accusations de piratage informatique, responsables paraît-il de la déstabilisation de la candidate démocrate au profit de Donald Trump ?

Si c’était vrai, ce serait la preuve d’une inquiétante faiblesse de l’Amérique, et d’une tragique impuissance des services de contre-espionnage. La CIA et la NSA seraient donc tombées si bas, qu’elles ne parviendraient même pas à contrer de bien banales cyber-attaques ?


Les menaces qu’aurait adressées Obama à Poutine, pour le contraindre à faire cesser ces agressions, relèvent de la tartarinade : « Je lui ai dit qu'il y aurait des conséquences sérieuses s'il ne le faisait pas... »
Hélas, le futur ancien président américain a beau monter sur ses grands chevaux virtuels, il ne convainc personne, et ses admonestations tournent à l’infantilisme, notamment lorsqu’il traite la Russie de « petit pays qui ne produit que du pétrole, du gaz et des armes... »

Une aussi stupide provocation ne peut que le couvrir de ridicule, à l’heure où l’Amérique fait si pâle figure face à la Russie, notamment en Syrie. Il est bien loin le temps où l’on qualifiait l’Amérique de George W. Bush d’hyperpuissance (Hubert Védrine).


Par son inaction, Barack Obama a laissé en toute connaissance de cause s’opérer d’épouvantables massacres. A côté de l’horrible guerre civile dont la tragédie d’Alep est le point d’orgue, on a vu proliférer un peu partout au Proche-Orient la gangrène du terrorisme islamique, étouffant les grandes espérances de liberté qu’avaient fait naître les printemps arabes.

De ce feu contagieux la Russie de Poutine est en train peu à peu de tirer les marrons, sans qu’on puisse dire où tout cela va mener. Pour l’heure, son influence grandit chaque jour tandis que celle des Etats-Unis s’étiole. Il y a lieu de s’inquiéter de cette évolution. Si les desseins de Poutine restent assez impénétrables, le fait est que sa politique n’a guère d’états d’âmes.

M. Obama tente de se défausser sur d’autres de ses propres erreurs et ses lâchetés et invoque des périls imaginaires. Il tente un peu naïvement de se construire une posture, mais elle fait de plus en plus penser à celle de Don Quichotte qui combattait les moulins à vent...

10 novembre 2012

Sourires dévastateurs

Les maîtres-penseurs de l'intelligentsia peuvent fêter la victoire de Barack Obama et les bellâtres du Show Biz se goberger, après avoir battu la campagne frénétiquement à son profit pendant des mois. Leur idole ne quittera pas la Maison Blanche. Et leur bête noire, Mitt Romney l'a dans les gencives !
C'est donc reparti pour 4 ans.
Sur la forme rien à redire : M. Obama est un séducteur né. Il a la silhouette gracile d'une « gravure de mode » comme dirait ma chère maman, il a de la prestance et du charisme. Son sourire est une vraie publicité pour les dentifrices et autres cures de blanchiment des dents. Il parle bien et sait manier l'humour avec dextérité pour conquérir les foules versatiles. Grâce à ces atouts médiatiques, son bilan n'a somme toute pas trop pesé sur l'Opinion Publique. Le trompeur Yes We Can a bien vite été oublié par l'inconstance populaire.
Si l'on était peu convaincu au départ, on pourrait certes reconnaître à M. Obama quelques mérites. Se réjouir par exemple du retour de la croissance qui vient de s'amorcer aux USA, en même temps qu'une réduction du déficit commercial. Encore timide mais largement supérieur à toutes les espérances en Europe. On pourrait s'ébaudir de la bonne santé éclatante de Wall Street qui a vu le Dow Jones passer de 8500 points fin 2008 à près de 13000 aujourd'hui. On pourrait être heureux que le président ait renoncé à trop augmenter la pression fiscale, conservant notamment les allègements décidés par George W. Bush. On pourrait le féliciter d'avoir veillé à la bonne santé des banques, notamment celle du géant Goldman Sachs à l'égard de laquelle il ordonna il y a quelques mois l'abandon de toute poursuite pénale relative à la crise des subprime... On pourrait lui rendre grâce d'avoir sauvé la filière automobile en tirant d'affaire quelques grands trusts, notamment Chrysler, General Motors... On pourrait enfin lui tresser des lauriers pour avoir optimisé la facture énergétique américaine en laissant libre cours aux forages extrayant du pétrole et du gaz de schiste...

Mais paradoxalement, ces bons points, plutôt qu'égayer ses supporters, progressistes, alter-mondialistes, écologistes et autres bien pensants, devraient les faire enrager. Ce n'est pas vraiment ça qu'ils espéraient de celui en qui ils voyaient naïvement un messie. D'autant plus que ce qu'ils attendaient tarde à se concrétiser.
Il n'y a rien de nouveau sur le front des ponts-aux-ânes sociaux tels que peine de mort, vente libre des armes, réduction de l'émission de gaz à effet de serre... Même sa réforme du système de santé peine à convaincre. A la fois trop audacieuse et pas assez, elle pourrait ne pas faire mieux que celle entreprise par le Gouverneur Romney dans le Massachusetts en 2006 (déresponsabilisation, couverture incomplète, augmentation des coûts pour tous les assurés et pour l'Etat, listes d'attentes...).
Mais plus grave, le mandat qui s'achève est marqué par un appauvrissement massif du pays. Quarante-sept millions d'Américains dépendent à ce jour de l'aide alimentaire (contre moins de 30 en 2008). Les plans de relance ont plombé la dette fédérale, qui a augmenté de manière délirante, dépassant allègrement les 100% du PIB. Elle est passée de 10.000 à 15.000 milliards de dollars, soit une progression de 4 milliards de dollars par jour pendant 4 ans ! Parallèlement le chômage en dépit d'une embellie de dernière minute, sujette à controverse, n'a cessé de progresser pour plafonner autour de 8%. Facteur aggravant, le délai moyen pour retrouver du travail s'allonge de manière dramatique (40 semaines, alors que la durée d'indemnisation aux USA n'excède pas 27).
Passons sur la politique internationale. Si certains sont heureux du déclin de l'influence américaine qui s'accélère, d'autres peuvent légitimement s'inquiéter de cette présidence en apparence indifférente au monde, qui parle fort, mais dans les faits, prône le repli ou bien l'inaction. Le passé a montré si souvent que les absences de l'Amérique avaient des conséquences graves. Lorsque le chat n'est pas là, les souris dansent...

En bref, le Président a été réélu essentiellement parce que sa séduction opère toujours auprès d'une clientèle rêveuse, plus exigeante sur le beau parler et les bonnes intentions, que sur l'action concrète et l'esprit pratique. Ce nouveau mandat sera-t-il différent ? L'expérience lui aura-t-elle apporté le pragmatisme ? Ou bien au contraire, tirera-t-il de ce succès un peu inespéré, la raison de se montrer encore plus idéologue ?
Le système américain est ainsi fait que la brièveté des mandats et les contre pouvoirs, pondèrent l'action du chef de l'Etat. Les citoyens n'ont pas donné à M. Obama carte blanche. Il devra cohabiter comme il le fait depuis 2 ans, avec une chambre des représentants hostile. Ce contexte sera-t-il propice à l'émergence d'un consensus efficace en période difficile ?
Les premières perspectives ne sont pas très réjouissantes. Elu par des minorités, le Président risque de continuer à les flatter. Un chiffre issu du dernier scrutin interroge. Les Noirs ont voté à 93% pour Obama (CNN New York Time). Ne s'agit-il pas d'un signe inquiétant de dislocation partisane de la communauté nationale ? Que dirait-on si 93% des Blancs avaient voté pour Romney ?
Comme beaucoup de soi-disant « progressistes », Obama fonde une bonne part de sa stratégie sur une démagogie dangereuse, consistant à nourrir les illusions, en agitant de beaux, mais creux idéaux. Derrière l'emphase et les rengaines, il n'hésite hélas pas à diviser et à montrer du doigt les boucs émissaires. Avant de faire la paix avec elles, il traita les banques de Fat Cat Bankers. Il dénigra la richesse personnelle du candidat Romney. Aujourd'hui même, il annonce qu'il faut taxer davantage les riches pour éponger les déficits accumulés par son administration. On croirait entendre du Hollande...

Un des constats de cette élection, est que les USA semblent tendre toujours plus vers le modèle de l'Etat-Providence, et donc à s'éloigner de celui de la Société Ouverte. Les réformes entreprises ont presque toutes ce caractère définitif et fermé, qui effraie ceux qui restent attachés envers et contre tout à l'Esprit de Liberté. Les Tea Parties, qui portaient un espoir de retour aux sources des Pères Fondateurs semblent un peu en recul par les temps qui courent. L'avenir est-il encore à un vrai monde libre ?

05 novembre 2010

Bye Bye Obamania

Deux ans ! Il n'aura donc fallu que deux ans pour que l'énorme baudruche de l'Obamania se dégonfle piteusement !
Attention, en disant cela, je ne me fais pas le critique primaire du président américain, à la manière de certains, s'ébrouant dans un anti-bushisme totalement décérébré.
Ce n'est pas la personne évidemment qui fait l'objet d'un affalement risible. C'est cette incroyable bulle spéculative qui accompagna l'élection du sénateur de l'Illinois en 2008, et qui monta, monta, emportant tout sur son passage y compris le Prix Nobel de la paix. C'est un euphémisme de dire que cet engouement insensé n'a en définitive pas servi l'intéressé. Plus dure est la chute...

Dans le genre mauvaise foi angélique, je ne peux m'empêcher de citer avec tendresse Memona Hinterman, la si délicieusement tendancieuse journaliste du service public, "excellente connaisseuse" paraît-il, de l'Amérique.
Invitée de France Musique le 3 novembre au matin, au moment où les résultats électoraux tombaient, elle minimisait avec candeur la déroute des Démocrates : "les Américains ne se déjugent pas".../... "non, ils veulent juste par réalisme, mettre en contrepoids, des gens peut-être un peu plus brutaux".
Pleine d'indulgence pour Obama, elle se demandait "qui aurait pu faire mieux que lui dans cette période de si fortes turbulences", et se plaisait à rappeler "la formidable campagne, pleine du rêve américain, épidermique, absolument sublime" de 2008, et ce fameux 4 novembre consacrant l'avènement du premier président noir de l'histoire des Etats-Unis : "j'en ai encore la chair de poule..."
Je me souviens pour ma part qu'en 2004, elle avait carrément pris ses désirs pour des réalités en annonçant un peu prématurément la victoire de John Kerry, une coupe de champagne à la main...

Sans épiloguer sur un scrutin somme toute assez logique, il faut insister sur le fait que la défaite du camp démocrate doit sans nul doute beaucoup à cette arrogance du camp des "Progressistes", à ce manque d'humilité assommant de la Gauche bien-pensante, à cette sacralisation quasi insoutenable d'un homme avant même qu'il n'ait rien prouvé.
Barack Obama reste un homme respectable, qui saura peut-être tirer, il faut l'espérer, des leçons de cette sévère sanction.
Rien ne serait pire en tout cas que d'invoquer de mauvaises raisons à son échec, comme on les entend déjà dans la bouche des supporters désappointés :
Non il n'est pas "habituel" pour un président de perdre les élections du mid-term. George W. Bush les avait remportées en 2002, alors qu'il avait été élu "de justesse" en 2000. Certes il y avait eu le 11 septembre, mais cela aurait du plutôt lui nuire, si les électeurs avaient pensé comme beaucoup de détracteurs très médiatisés, qu'il avait affreusement mal géré ces tragiques évènements.
Non la crise économique n'apporte aucune excuse au camp démocrate, qui contrôlait le Congrès depuis 2006, et dont le candidat crut bon de répéter à tous vents le fameux slogan "Yes We Can".
De fait, les mesures prises se sont révélées très largement inefficaces, et le plan de relance n'a eu aucune influence sur le chômage. A ceci s'ajoute la démagogique mais calamiteuse réforme du Système de Santé, qui ne convainc pas et promet de creuser encore davantage le déficit de l'Etat Fédéral.
De ce point de vue, il est faux de prétendre comme on le fait en France que la majorité des Américains n'ont pas compris les réformes audacieuse du président américain. Ils ont au contraire trop bien compris où cela pouvait les mener et ils s'y opposent avec fermeté. Facteur aggravant, l'idolâtrie que les Français manifestent vis à vis d'Obama, et le lamentable spectacle que donne à voir notre pays, agissent comme des repoussoirs puissants. "Surtout ne pas devenir comme les Français", entend-on fréquemment outre-atlantique...

Enfin, il est regrettable que soit systématiquement caricaturé le camp adverse, et notamment le mouvement Tea Party. La plupart des critiques traduisent d'ailleurs une méconnaissance profonde et tenace de l'esprit américain.
On entend des accusations en tous genres ("ultra-conservateurs", "racistes", "exaltés", "xénophobes," "homophobes"...), mais la pire est d'assimiler ce courant à un "fascisme local" comme le fit Michel Rocard (France-Culture 4/11). Il s'agit véritablement d'une insulte, et très mal venue, car s'il est pays qui a toujours su se tenir à l'abri du totalitarisme ce sont bien les USA. Proférée par des Européens qui n'ont vraiment aucune leçon à donner sur le sujet, ce genre de sottise est franchement méprisable.
En réalité, même si certains excès peuvent se manifester ici ou là, la mouvance Tea Party incarne surtout un magistral et passionnant retour aux sources qu'on aurait bien tort de méconnaître et plus encore de mépriser. Sa caractéristique dominante est de s'opposer à la montée sans fin des prérogatives de l'Etat Fédéral et à la centralisation excessive du Pouvoir. Il s'agit en somme d'une aspiration profonde au Self-Government, ce qui est l'essence même de la démocratie ("le premier devoir d'un gouvernement devrait être d'apprendre aux citoyens à se passer de lui" écrivait en substance Tocqueville). Rien de plus antinomique avec la politique poursuivie par Obama...
Une des figures montantes et prometteuses de ce mouvement est Marco Rubio, jeune Républicain d'origine cubaine, qui vient d'être brillamment élu sénateur de Floride. Peut-être préfigure-t-il l'Amérique des prochaines années. Peut-être représente-t-il avec toute son ardeur juvénile, cette formidable capacité à se renouveler qui fait l'originalité et la force de la Société Ouverte.

10 décembre 2009

Napoléon Obama


Le 8 décembre étaient réunis chez Frédéric Taddeï, un joli plateau de beaux esprits pour discuter entre autres, de la stratégie afghane de Barack Obama.
Inutile de dire qu'elle se heurta ce soir là, comme souvent la politique américaine, à une hostilité générale.
Passons sur le discours assez confus du philosophe radical, plus ou moins marxisant, Jacques Rancière. Sur le sujet il se déclara de toute manière incompétent. Tout comme les écrivains "de gauche" (ils s'en vantent), Philippe Besson et Saphia Azzedine.
Dominique de Villepin, quant à lui épancha ses convictions les plus profondes, à l'occasion d'une longue et onctueuse digression dont il a le secret. Naturellement il dit surtout ce qu'il ne fallait pas faire et resta très évasif quant aux propositions d'actions concrètes...
Il faut dire que pour lui l'affaire est réglée comme du papier musique : l'opération afghane ne peut désormais plus être autre chose qu'un échec. Reprenant une antienne bien connue, dans ce conflit qui s'éternise, l'Occident selon lui s'embourbe. Tous les symptômes du désastre vietnamien sont réunis. Les contingents militaires sont ressentis comme des forces d'occupation par la population. Pire encore : faute d'avoir mis en place une « coopération sociale et culturelle », et à cause de la « méconnaissance des réalités locales », et de « l'injustice que nous faisons régner », « nous contribuons à entretenir la corruption ».
C'est bien simple, « en croyant agir pour le bien, c'est le mal que nous faisons... »
Pour ce Politique si audacieux, il faut donc partir au plus vite, afin d'aiguillonner le gouvernement afghan pour qu'il s'organise vraiment, en espérant que les pays avoisinants deviennent « acteurs et partenaires » d'un hypothétique renouveau régional.
Le clou de la soirée fut toutefois l'intervention de Jean Tulard, qui argua de son statut d'historien pour tenter de convaincre un auditoire quasi conquis d'avance. Ça tombait bien, l'autre partie du débat devait porter sur le projet d'abandon de l'enseignement de l'Histoire en classe de terminale !
De manière un peu prétentieuse, il commença par se lamenter sur le fait qu'à l'évidence et pour son malheur, le président américain n'avait lu ni ses livres à lui, ni ceux de M. de Villepin.
Pour M. Tulard en effet, le parallèle avec l'expédition espagnole de
Napoléon s'impose clairement. Pas plus que ce dernier, Obama ne peut gagner, car les analogies foisonnent à ses yeux : Napoléon en Espagne « apportait les principes de la révolution et la démocratie »... mais à la force des baïonnettes. Il installa un gouvernement à sa botte; il rencontra des difficultés liées à un terrain accidenté et montagneux, et pour finir une rébellion armée par des puissances étrangères, en l'occurrence l'Angleterre.
Evidemment tout ça peut faire mouche au premier abord.
Mais au fond même si, comme le fit remarquer finement M. de Villepin, « les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets », l'Histoire se répète rarement à l'identique. Ça serait un peu trop facile.
Premièrement M. Tulard dans son élan, se livre à quelques approximations et raccourcis. Prétendre que Napoléon était porteur de la démocratie est un peu fort de café. Certes, comme il le dit, il supprima l'inquisition, abolit les droits féodaux, et ferma les couvents, mais est-ce suffisant pour faire d'un dictateur un vrai démocrate ?
Comparer d'autre part, le népotisme de l'Empereur, qui plaça sur le trône d'Espagne son propre frère Joseph, avec les conditions qui ont permis l'accès d'
Hamid Karzaï au pouvoir à Kaboul, est également excessif, en dépit d'une réélection entachée d'irrégularités.
Enfin, même si la guérilla en Afghanistan est sans doute alimentée de l'extérieur, aucune nation n'apporte officiellement son soutien armé aux Talibans. Autre différence notable, les armées de l'Empire se livraient en Espagne à une vraie agression. Faut-il le rappeler, la coalition en Afghanistan, répond à l'horreur du 11 septembre 2001, et aux actions terroristes menées par les Talibans et leurs amis. D'ailleurs il faut souligner que Napoléon était très isolé face à une coalition internationale, tandis que c'est l'inverse pour Obama, même si hélas, ses alliés manquent singulièrement de détermination.
Non content de sa démonstration, Jean Tulard va encore plus loin, en évoquant par contraste avec les infortunes napoléoniennes, le succès de l'expédition française de 1823 pour rétablir sur son trône, Ferdinand VII malmené par les Cortès à dominance libérale. Mais d'emblée, ce féru d'Histoire commet une imprécision, en faisant référence au Congrès de Vienne, alors que l'intervention fut décidée par le Congrès de Vérone. Surtout, il oublie de mentionner qu'elle n'était pas une initiative isolée, mais le fruit d'une coalition internationale, placée sous l'égide de la Sainte-Alliance. Ce qui n'empêcha pas Chateaubriand, qui était alors le ministre des Affaires Etrangères, de s'en attribuer sans vergogne comme à son habitude le mérite : «Enjamber d'un pas les Espagnes, réussir là où Bonaparte avait échoué, triompher sur ce même sol où les armes de l'homme fantastique avaient eu des revers, faire en six mois ce qu'il n'avait pu faire en sept ans, c'était un véritable prodige !» ( Mémoires d'Outre Tombe).
Ce fut certes un succès facile, mais peu glorieux et en tout cas impopulaire en Espagne, puisqu'il s'appuya sur les forces les plus rétrogrades du pays, et qu'il permit au roi rétabli dans ses prérogatives, de se livrer à des représailles sanglantes sur les élus du peuple.
Dernier point discutable, Jean Tulard laisse entendre que l'expédition fut pacifique ce qui est faux. Elle nécessita la mise sur pied d'une armée de 100.000 hommes, « prêts à marcher en invoquant le nom de Saint Louis pour conserver le trône d'Espagne à un petit-fils d'Henri IV », pour reprendre l'exclamation de Louis XVIII. Autrement dit un vrai « surge »... Précisons également qu'après la victoire, il fallut laisser sur place un contingent de 45.000 hommes durant 5 ans, jusqu'en 1828...
Tout ceci montre qu'en matière d'analogie historique, la prudence devrait être la règle. S'il faut tenir compte des enseignements du passé, rien n'est jamais écrit à l'avance et l'art du copier-coller peut s'avérer très vain.
Le succès de l'intervention afghane dépendra surtout de la capacité du peuple et de ses dirigeants à s'organiser, et de la conviction et de la détermination dont fera preuve la coalition internationale.
Il est vrai, s'agissant du Vietnam, que l'aventure s'est terminée par un échec cuisant. Ce n'est pourtant pas d'un manque de légitimité que les Américains, à l'époque très seuls hélas, ont le plus souffert, mais d'une stratégie trop hésitante, et d'un mouvement d'opinion international dévastateur, orchestré de main de maître par la propagande soviétique. Le malheur de ce pays (et du Cambodge à la suite), n'a en tout cas, pas été causé par la présence occidentale mais avant tout par son retrait, brutal et définitif. En revanche, là où la détermination fut plus forte, comme en Corée et à Taiwan, les populations n'eurent qu'à s'en féliciter.
En tout état de cause, déclarer comme on l'entend si souvent, qu'il est strictement impossible d'imposer la démocratie par la force, est un non sens absolu. L'exemple de l'Allemagne et du Japon, entre autres, sont là pour en témoigner...
PS : La pétition subite au secours de l'enseignement de l'Histoire en terminale S me suggère dans le contexte plus général de l'enseignement classique, l'image de jardiniers zélés, accourus pour prendre soin d'un petit arbuste moribond dans un champ de ruines. Autour, ils semblent ne pas voir que rien n'a survécu et que tout est à reconstruire...
Quand même : quel est le conseiller qui a soufflé au ministre de promouvoir une telle mesure ?

10 août 2009

La très chère santé d'Obama




Dans un récent éditorial (3/08/09), la célèbre revue médicale britannique LANCET prend résolument position en faveur du projet de réforme du système de santé américain, que tente de promouvoir le président Obama. Pour défendre sa thèse, le texte, sans auteur, n'hésite pas à prendre des accents rappelant les slogans de campagne électorale : « Yes it can be done ! ».
Cette attitude qui relève davantage d'une démarche politicienne que scientifique est assez surprenante dans les colonnes d'un tel périodique, d'autant que l'argumentation reste théorique voire nébuleuse.
En premier lieu, l'éditorial reprend pour introduire le sujet, le thème classique de l'inflation vertigineuse des dépenses de santé (elles avoisinent en effet les 2500 milliards de dollars par an). Il est rappelé également, mais c'est devenu une vrai scie, que malgré ces provendes fantastiques, le système laisse un grand nombre de citoyens sans couverture maladie, et que sa performance globale est somme toute assez médiocre s'il on en juge par le palmarès de l'OMS (37è rang mondial).
Ce constat de départ n'est donc pas très original, même s'il n'est pas contestable stricto sensu. Une information retient toutefois l'attention : d'après la revue, le tiers des dépenses de santé outre-atlantique est à ce jour absorbé par la bureaucratie supposée gérer le monstre...
D'après le Lancet, le but de la réforme est de garantir une couverture santé universelle et de créer une assurance maladie gouvernementale destinée à « concurrencer » les plans gérés par des organismes privés, pour procurer in fine des soins mieux adaptés à la population.
Mais on voit mal comment la mise en place d'un système de « régulation » sous tutelle gouvernementale pourrait être la solution. A moins de niveler par le bas, de manière purement comptable les dépenses, à la manière du système anglais, ou bien, à la mode française, de faire enfler encore la bureaucratie et de creuser les déficits. Le programme élaboré par Mr Obama est actuellement chiffré à plus de 1000 milliards de dollars sur 10 ans, à la charge de l'Etat Fédéral, actuellement déjà en déficit de 1700 milliards de dollars !
Évidemment, aux yeux des anti-libéraux de tous poils et autres adorateurs de l'Etat Providence, taxer les riches est le moyen le plus facile et le plus « juste », de se procurer cette manne. Comme par hasard c'est celui qu'a trouvé l'administration Obama, qui propose notamment la suppression des déductions pour les dons aux œuvres.
Certaines remarques émises dans l'article ne sont toutefois pas dénuées de fondement. Il est à l'évidence regrettable qu'un aussi grand nombre de personnes soient sans assurance, même si la cause première est tout simplement l'absence d'obligation. On peut également s'insurger contre le système des plafonds de dépenses maladies, mis en œuvre par certaines compagnies d'assurance (« annual or lifetime caps »). Ils conduisent en effet à limiter le montant des remboursements annuels ou même cumulés sur une vie entière ! Ce genre de disposition peut s'avérer très pénalisant pour des patients victimes d'affections exigeant des soins tés coûteux. Si les franchises trouvent une légitimité dans une démarche raisonnée de maitrise des dépenses, de tels plafonds sont difficilement compréhensibles, sauf à définir un "panier» d'affections prises en charge à 100%.

Mais voilà l'Amérique n'est pas la France. Même dans son propre parti, le Président rencontre de sérieuses objections. Elles tiennent bien sûr avant tout à l'énormité des dépenses envisagées. Mais des élus ont également argué qu'il n'y avait pas de rapport évident entre le souci d'améliorer le système de santé et la pénalisation fiscale suggérée, et pas davantage de lien de cause à effet évident entre l'instauration d'un système étatisé et l'amélioration de la qualité des soins et de la couverture assurantielle.

04 novembre 2008

Il est jeune, il est beau, il est noir...


Voici en 3 petits mots la substance de ce qui cause l'engouement actuel en France pour la personne de Barack Obama (on sait qu'il serait élu chez nous avec plus de 80% des suffrages...).
Autant dire que l'esprit critique n'a plus de raison d'être dans cette logique.I l est toutefois impressionnant de constater à quel point les critères de choix restent envers et contre tout superficiels, basés sur l'apparence et la démagogie.
Obama a une silhouette super cool, c'est certain. Pour jouer les « gravures de mode », ça serait un atout indéniable, mais pour être président ? Quant au discours, qui le connaît vraiment en France ? A travers l'interprétation des médias, on n'en perçoit que les notions idylliques de « rêve », et de « changement ». Est-ce vraiment un programme ?
Evidemment tout ça rappelle furieusement le délire pro-Kerry en 2004 (quatre ans après, qui se souvient encore aujourd'hui de cet homme présenté comme providentiel à l'époque ?)
Les artistes, ce doit être dans leur nature, embouchent mécaniquement la trompette du candidat le plus séduisant, le plus « à gauche », et glorifient sans réserve les plus lénifiants programmes. Ce n'est pas très grave, on ne demande pas aux stars d'avoir du jugement, et on n'a jamais vu leur talent grandir en fonction de leurs idées politiques. On ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment...
Mais la Presse ? On reste songeur au sujet de son objectivité, eu égard au déferlement quasi unanime en faveur du candidat démocrate, depuis des mois. Sur France Inter ce matin on nous affirmait tranquillement que plus de 80% des journalistes qui ont couvert la campagne américaine « votent » Obama, et que d'une manière générale, 70% de la presse américaine avait clairement pris position pour ce dernier.
Le pompon c'est évidemment notre cher BHL national, qui s'émerveille depuis des lustres et inonde ceux qui le lisent, des plus beaux et clinquants clichés. C'est bien simple, pour lui « Obama c'est Kennedy »...
Certes il persiste dans ce tumulte quelques exceptions remarquables, comme Alexandre Adler, qui ne se fait guère d'illusion et fait une analyse pondérée et réaliste de la situation, mais qui l'entend ?
Un seul exemple, l'Irak. C'est curieux, plus personne n'en parle et si l'on en croit France-Inter, seuls 7% des Américains en font un enjeu essentiel au moment de la campagne électorale. Est-ce parce que le pays est en voie de pacification comme on peut le penser (en allant chercher l'information), ou bien est-ce parce qu'entre les 2 candidats, la différence est désormais plus fine que l'épaisseur d'un papier à cigarettes ?
Et qui peut penser que face à l'actuelle crise économique les stratégies des 2 candidats pourraient être radicalement différentes l'une de l'autre ?
Au point où nous sommes rendus, de toute manière, le programme d'Obama, manifestement tout le monde s'en moque. Il suffit de savoir qu'il porte un "espoir historique", qu'il sera la « solution à tout » et qu'il mettra fin à « huit ans de cauchemar » !
Le fait qu'il disposera probablement des pleins pouvoirs, avec une confortable majorité à la Chambre des représentants aussi bien qu'au Sénat, cela n'émeut personne et surtout pas ceux qui vociféraient au nom du nécessaire partage des pouvoirs, quand Bush était dans une situation analogue... A entendre les dithyrambes de certains, on peut même penser qu'ils donneraient volontiers au sénateur de l'Illinois, les clés du Monde si c'était possible...


Pour ma part, peu importe en réalité. L'essentiel sera de voir l'élu à l'oeuvre. De toute manière la suite sera sans nul doute jubilatoire. J'imagine la stupeur et le désespoir qui s'emparerait des foules si John McCain devenait malgré tout président ! Mais je me délecte à l'avance de la désillusion inévitable de ces mêmes foules lorsqu'elles s'éveilleront de leur transe imbécile, alimentée par un manichéisme désarmant.
On dit souvent que les Républicains sont bellicistes mais ce furent 2 présidents démocrates qui engagèrent les Etats-Unis dans les deux conflits mondiaux du XXè siècle, ce futTruman qui fulgura sous le feu atomique Hiroshima et Nagasaki, ce fut Kennedy qui lança son pays dans le vrai bourbier vietnamien (avec des arguments plus fallacieux encore que ceux de Bush en Irak..), ce fut Clinton qui ensevelit la Serbie sous un tapis de bombes...
Quant à être "social", paradoxalement Bush le fut infiniment plus que Clinton. Hors coûts militaires, les dépenses de l'Etat furent beaucoup moins importantes avec le second qu'avec le premier. Clinton ne fit à peu près rien de son programme annoncé, notamment en matière de "Couverture Médicale universelle", et il limita drastiquement les aides aux personnes sans emploi. Bush, de son côté, réputé "ultra-libéral", dépensa beaucoup avec ses programmes de lutte contre le SIDA, d'amélioration de l'éducation des enfants défavorisés, d'élargissement de la couverture médicale medicare...
Bref, pas mal de raisons en somme de penser comme Adler : "McCain ou Obama ? Bonnet blanc et blanc bonnet..."

15 juin 2008

Obamania


Les Français sont vraiment incorrigibles. Ils seraient 84% à souhaiter la victoire de Barack Obama à l'élection présidentielle outre atlantique. Un consensus aussi peu nuancé laisse imaginer qu'ils n'ont décidément pas compris grand chose à la démocratie, en particulier américaine.
Il faut dire qu'au niveau d'information où ils se trouvent, un grand nombre d'entre eux doivent être surpris qu'Obama ne soit pas déjà installé à la Maison Blanche, tant la lutte l'opposant au sein du Parti Démocrate à Hillary Clinton, était manifestement assimilée dans leur esprit au match final pour le poste de président.

La Presse, de plus en plus mauvaise, caricaturale et pour tout dire idiote, porte sans aucun doute une part de responsabilité dans cette évidente méconnaissance des faits tant elle a induit le doute, en focalisant pendant des semaines ses projecteurs sur ce combat fratricide, le montant en épingle, et lui donnant l'apparence d'une campagne électorale, alors qu'il ne s'agissait que d'une primaire. Et pour finir, la désignation d'Obama, comme candidat démocrate, bien qu'elle s'apparentât à une sorte de victoire à la Pyrrhus, a été saluée comme un événement historique, ouvrant une nouvelle ère pour le Monde, à peu près unanimement par tous les médias réunis...
Derrière les chiffres, on peut s'interroger sur les raisons d'un tel engouement. Première tentation, celle d'y voir en creux les effets de la détestation anti-Bush qui sévit en France. Obama n'est pas issu du parti de George Bush, donc il jouit d'un préjugé favorable. Au surplus, il prône le retour des troupes stationnées en Irak, ce qui est assimilé de manière réflexe, à une preuve d'intelligence.
Au surplus, il est noir, il est jeune et incarnerait paraît-il le « changement ». Le mot est un des plus galvaudés en matière politique mais il fait toujours son effet aux oreilles de foules un peu niaises. Quand on creuse, il s'avère difficile de mettre derrière le terme, quelque projet concret. Alors inévitablement ressurgissent les vieux, très vieux démons de la pensée prétendue « progressiste » : on évoque la redistribution des richesses par l'impôt, une plus grande justice sociale, le mythe de l'assurance maladie universelle...
Pour ma part, je n'ai pas d'a priori contre Obama, plutôt de la sympathie, mais j'ai quelques doutes :
Sa couleur de peau n'est à mes yeux pas un argument. A ce jour aux USA, la plus haute fonction après celle du président est tenue par une femme noire, Condolezza Rice. Elle n'a jamais revendiqué ces particularités comme étant des qualités en soi, et George Bush qui l'a nommée pas davantage. Elle fait son job sans palabre ni forfanterie et personne ne remet en cause le sérieux de son travail et ses compétences, c'est le plus important. En tout état de cause, par rapport à cette petite révolution au sommet de l'Etat, le caractère "historique" de la désignation d'Obama doit être relativisé.
S'agissant du programme du candidat, le moins qu'on puisse en dire c'est qu'il est plutôt flou, très fluctuant, et un brin démagogique. Retirer les troupes d'Irak rentre dans la dernière catégorie. Cinq ans après le début de l'intervention, au moment ou ce pays semble rentrer enfin dans une phase de progrès et de stabilité, après que 4000 soldats soient morts pour ça, ce serait de la bêtise à l'état pur que de tout abandonner. Comme Obama est tout sauf idiot, il y a fort à parier qu'il ne ferait pas ce qu'il annonce, donc qu'il ment.
Quant à l'Iran, qui constitue un des problèmes les plus aigus du jour en matière de politique internationale, la position d'Obama est étrange. Un jour il veut « ouvrir la porte » au dialogue (ce qui a déjà été fait par l'Administration Bush), mais l'instant d'après affiche un résolution sans faille pour mettre en oeuvre, « tout ce qui sera en son pouvoir », pour empêcher le pays des Ayatollahs de posséder l'arme nucléaire. Tout, c'est à dire la guerre ?
S'agissant du programme pour l'Amérique, bien que ses contours soient encore bien incertains, il est probable qu'il sera basé sur un plus grand interventionnisme étatique. Alourdissement de la fiscalité, subventions et aides sociales, mesures protectionnistes, et peut-être une nouvelle tentative pour instaurer un régime d'assurance maladie obligatoire, promesse non tenue autrefois par Clinton. Sur tous ces sujets, peu de nouveauté en réalité et la crainte de voir se recroqueviller les Etats-Unis sur eux-mêmes, ce qui ne serait bon ni pour eux, ni pour nous...
Pour toute ces raisons, la candidature de John Mc Cain, qui conjugue expérience, courage, sagesse et bon sens, apparaît à l'heure actuelle une meilleure manière de sortir de l'ère Bush. Mais encore faudrait-il, pour pouvoir en discuter sereinement en France, qu'on accepte de laisser tomber le panurgisme, les certitudes et l'esprit partisan...