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10 octobre 2013

Guignol's band


A chaque publication d'un rapport de la Cour des Comptes, épinglant telle ou telle administration, tel ou tel dispositif étatisé, la question qui vient aux lèvres est la suivante : Mais à quoi sert donc cette officine, elle-même sous tutelle étatique ?
Son diagnostic est en effet habituellement sévère et ses recommandations impératives, mais en réalité tout le monde s'en moque, le gouvernement en premier lieu.


Le dernier opus de cette vénérable institution, supposée pointer une fois de plus les dérives et la gabegie de l'Etat, consacré à la Sécurité Sociale, n'a pas échappé à la règle. Parmi la multitude de recommandations bien intentionnées, les médias avides de faits croustillants firent tout un plat de la proposition étonnante de « dérembourser » totalement les frais d'optique par la Sécurité Sociale. Proposition un tantinet saugrenue quand on songe que ce secteur d'activité est déjà largement abandonné aux mutuelles privées qui prennent en charge 3,7 milliards d'euros de dépenses, tandis que l'Assurance Maladie obligatoire n'en éponge que 200 millions...

Ça n'a pas empêché la ministre de la santé Marisol Touraine, de monter aussitôt au créneau et d'assurer le plus sérieusement du monde « qu'il n'y aurait pas de déremboursement des lunettes ! »

Peut-on imaginer situation plus grotesque ? Les uns brandissant pour la énième fois leur bâton pour sanctionner un dysfonctionnement flagrant du système qu'ils sont supposés contrôler, et l'autre, chargée d'en garantir la bonne gestion, faisant semblant d'ignorer ces admonestations, comme si de rien n'était ! On se croirait chez Guignol !


Pire, quelques jours plus tard, madame Touraine, comme si elle y prenait un malin plaisir, continuait de plus belle à l'encontre des préconisations des sages la Cour des Comptes. Elle annonçait en effet à grand fracas, la généralisation du « tiers payant » !

Déjà en vigueur faut-il le rappeler, pour la délivrance de médicaments en pharmacie, et pour tous les soins pour les bénéficiaires de la CMU-C et de l'AME (aide médicale d'Etat, destinée aux étrangers en situation irrégulière), cette disposition devrait achever de déresponsabiliser les assurés sociaux en même temps qu'elle signe la nationalisation du système de santé. Elle consacrera en effet le mythe de la gratuité des soins en France, et fera disparaître de fait, le paiement à l'acte.

A l'occasion de l'annonce de ces mesures insensées on a pu entendre quelques économistes distingués, lors de l'émission d'Yves Calvi Mots Croisés, affirmer que les dépenses liées à l'AME n'étaient qu'une goutte d'eau dans l'océan du déficit de la Sécurité Sociale. Certains considérant même qu'on pouvait tout simplement négliger ces quelques dérisoires centaines de millions d'euros si généreusement distribués ! Ils allèrent même encore plus loin, en clamant qu'il s'agissait d'une mesure de salubrité publique car selon eux, en facilitant ainsi l'accès aux soins, on évitait la propagation d'un certain nombre de maladies notamment contagieuses, parfois très résistantes...

Comment peut-on avoir une aussi courte vue, et occulter l'inflation inquiétante de ces dépenses ? Le coût de l'AME ne cesse de progresser. Il a été multiplié par 8 depuis sa création en 2000 par le gouvernement Jospin, passant d'à peine 75 millions d'euros à 600 ! Depuis 2009 la croissance annuelle n'est pas en dessous de 10%, largement supérieure à l'inflation et à la dérive des dépenses de santé du reste de la population (la progression de l'Objectif National des Dépenses de Santé de l'Assurance Maladie est quant à elle limitée à 2,5%). Il y a donc tout lieu de penser que cette manne, loin de contenir l'expansion des maladies, agit comme une pompe aspirante pour un nombre croissant d'étrangers rencontrant des difficultés pour se faire soigner chez eux. A continuer d'alimenter ce dispositif, on risque donc à l'inverse de ce que prétendent les beaux parleurs, de favoriser l'importation de pathologies lourdes ou délicates à soigner, et à vouloir le généraliser, de se ruer sur l'iceberg monstrueux qui se cache sous son apparence anodine...

25 septembre 2007

La Cour fait ses comptes


J'avoue éprouver un certain amusement lorsque je prends connaissance des rapports publiés par la Cour des Comptes.
Je m'interroge sur l'utilité des constats pertinents et souvent accusateurs, pondus avec une régularité métronomique par cette docte assemblée de magistrats chargés de contrôler la gestion de l'Etat.
Ils s'échinent à « épingler » méticuleusement les défaillances et les lacunes des institutions et ministères, mais tout cela s'apparente à un jeu puisque le système continue en réalité de tourner en rond, à l'abri de ce délicieux théâtre de l'illusion.
Cette année, dans son rapport sur la Sécurité Sociale, la vénérable assemblée a renoncé semble-t-il à s'attaquer aux causes du monstrueux déficit (près de 12 milliards d'euros pour 2007). Elle se borne à proposer d'augmenter les ressources en « élargissant l'assiette des prélèvements ». Jamais à cours d'idées en la matière, elle suggère de jeter cette fois dans la grande marmite sans fond, le produit de nouvelles taxations sur les stock-options, les indemnités de départ en pré-retraite ou de licenciements ! Ça ne mange pas de pain comme on dit, et c'est tellement politiquement correct. Plutôt que de revoir des pratiques douteuses ou de prôner davantage de responsabilité, pourquoi ne pas continuer de se servir sur la bête tant qu'elle a encore un peu de lard !
Elle trouve également que les médecins sont trop payés et ironise même sur des dépassements d'honoraires « assez loin du tact et de la mesure prescrits par le code de déontologie ». Faut-il y voir l'incapacité des Pouvoirs Publics et de l'Assurance Maladie à contrôler efficacement le bien fondé des pratiques, en dépit des kyrielles de fonctionnaires chargés de cette tâche ? Est-ce le constat de l'inanité de la monstrueuse nomenclature baptisée CCAM, mise en oeuvre à grands frais en 2005 et réputée neutre et irréprochable ? Ou bien de la faillite du très emphatique « Parcours de soins coordonné» inauguré bruyamment par le gouvernement en 2004, et qualifié aujourd'hui de « maquis tarifaire illisible par l'assuré » ?
Pareillement, les censeurs s'insurgent au sujet « de la mauvaise répartition des médecins entre spécialités et entre territoires ». Étrange constat dans un pays qui a installé le plus fabuleux dispositif de planification qu'on puisse imaginer ! La Cour des Comptes pointe non sans raison, l'imbécillité d'une telle bureaucratie et propose – hélas un peu tard – de « réduire le nombre d'instances chargées des questions de démographie médicale ». Mais paradoxalement elle en rajoute une couche en suggérant dans le même temps de contrôler de manière autoritaire les installations des jeunes praticiens et en allant jusqu'à recommander la mise en place de « mécanismes de pénalisation financière » afin de « mieux répartir l'offre sur le territoire et de préserver l'égal accès aux soins »...
Face enfin aux gâchis de la scandaleuse usine à gaz du Dossier Médical Personnel (DMP), elle reste étonnamment muette. Plus fort, elle propose même sur ce projet « un pilotage renforcé par la tutelle ».
Bref le manège administratif n'a pas fini de tourner, et les comptes de dériver..