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16 février 2023

Sondages et micros-trottoirs

Le chaos régnant à l'Assemblée Nationale donne une piètre image de notre pseudo république. Le débat s'est transformé en parodie dans laquelle la bouffonnerie a laissé la place à l'intolérance, à l'anathème, aux insultes et aux pitreries grinçantes nourries d’odieuses réminiscences révolutionnaires.
A côté de ce vacarme puéril et vain, les ersatz démocratiques fleurissent, chassant les derniers restes de l'esprit critique sur lequel la concertation se fonde. Le pouvoir n’est plus dans les institutions élues. Il est éparpillé façon puzzle, un peu partout et nulle part.

Passons sur les stupidités sans nom qui ont envahi ce qu'il est convenu d'appeler réseaux sociaux. C’est un magma insignifiant puisqu'il fonctionne sur les pulsions et qu'on n'ose le plus souvent même pas y dire son nom.
Il y a les sondages, qui depuis quelques décennies déjà ont investi le paysage médiatique.
Pourtant, quand ils ne se trompent pas, ils passent très souvent à côté de leurs objectifs, faute sans doute de poser les bonnes questions, ou pire, de mal cibler le public interrogé. Sans compter la versatilité des opinions, qui fluctuent en fonction des circonstances ou bien même desdits sondages..
Ainsi, sur le sujet brûlant des retraites, selon des enquêtes datant de 2012, 76 % des personnes interrogées se disaient préoccupées par le montant de leur pension à venir.
Il s’agit comme l’on dit d’un “vrai sujet” et il y a peu de temps encore, 61 % des personnes interrogées jugeaient qu'une réforme des retraites était « nécessaire » (OpinionWay 16/01/23)… Aucune alternative concrète n'était bien sûr proposée, mais les perspectives d’évolution pouvaient paraître ouvertes. Selon Bruno Jeanbart, vice-président de l'institut sondagier, « Les Français n’ont pas envie de cette réforme, mais ils comprennent que le système n’est pas viable, donc le gouvernement a un espace pour faire accepter ses mesures ».
Peu de temps avant les premières manifestations, la même source révélait même que 73% des Français n’avaient pas l’intention de se mobiliser contre la réforme (OpinionWay 14/01/23).
Les choses ont bien changé depuis cette date. Une forte majorité se déclare désormais franchement hostile aux propositions gouvernementales (68% d'après Elabe le 18/01/23). Alimenté par l'agitation médiatique et sans doute par la rumeur sondagière, le mécontentement ne cesse depuis de grandir. Aujourd'hui,à ce qu'il paraît, une majorité de Français serait carrément favorable au blocage du pays (Elabe février 2023)
On pourrait juger paradoxal ce revirement de l’opinion puisqu’un des rares éléments concrets du programme de Macron portait justement sur la réforme des retraites et le recul de l’âge de départ…

Ceci dit, pour colporter les paradoxes, les contradictions et les idées folles, il y a pire que les sondages. Le nouveau pont-aux-ânes des journaux télévisés, ponctuant le traitement de tout sujet d’actualité est devenu le micro-trottoir.
D’un témoignage personnel on fait une généralité. Évidemment sans aucune méthode ni la moindre garantie d’objectivité, le pire étant d’interroger les gens au sortir d’une manifestation… Rien de plus facile que de faire dire aux gens tout et son contraire, et surtout n’importe quoi.
Ainsi on voit des employés de la RATP affirmer que leur travail est harassant et qu’il leur est impossible de prolonger leur activité professionnelle de 2 ans, c’est-à-dire de partir en retraite à 54 ans au lieu de 52… On voit des gens qui se prétendent usés, cassés, bien avant leurs 60 ans, et qui revendiquent le droit de “profiter de la vie” plutôt que de continuer à  s'épuiser à la gagner. Quel contraste avec l'image souvent véhiculée par les médias, de retraités septuagénaires et plus, dynamiques, sportifs, voyageurs, hyperactifs ! Le travail est donc bel et bien une aliénation…
On voit aussi des malheureux qui s’échinent en foule compacte, à tenter d’attraper un train, un bus ou un métro les jours de grève, ceux qui patientent dans des files d’attente interminables avant de pouvoir mettre du carburant dans leur auto, lorsque les raffineries sont bloquées par une poignée de nervis à la solde de syndicats subventionnés par l'Etat. Ils seraient, à croire les micros qu’on leur tend, le plus souvent compréhensifs, ou bien fatalistes vis-à-vis de l’infortune qui leur échoit.
Que dire enfin des personnes gorgées d’empathie, mais non sans une pointe de condescendance, qui disent comprendre la hâte à se reposer des travailleurs “aux métiers durs”, alors qu’eux se font une joie d’exercer une profession peu fatigante, passionnante et rémunératrice…

Bref, on en revient aux vieux ressorts de la comédie humaine, dans laquelle les passions et l’égoïsme, supplantent la raison. Vu qu’il n’y a plus d’idéal ni même d’espérance, on ne croit plus à rien d’autre qu’au néant pourvu qu’il soit éco-responsable, et surtout bien nourri, chauffé, propice au farniente. Le débat se meurt. Certains nostalgiques du grand Soir et de la Terreur, cultivent l’ivresse trompeuse des lendemains qui chantent, et voudraient faire croire que le pouvoir du peuple est dans la rue. Mais il n’a fait que passer du niveau du café du commerce à celui du caniveau…

05 novembre 2022

Les rois de la récup

On a pu reprocher à certains politiciens de droite de se saisir de l'atroce histoire de la petite Lola en instrumentalisant ce crime odieux au profit de leurs thèses. On peut même qualifier de maladroits voire d'inconvenants les mots employés par Eric Zemmour en la circonstance, qui font craindre qu'il n'ait tiré aucune leçon de son cuisant échec lors des récentes élections. L’appellation de francocide n’est pas moins galvaudée que celle de féminicide ou d’écocide…

On a sans doute trop cité Camus lorsqu'il affirmait en substance que mal nommer les choses ajoutait au malheur du monde. On n'a pas assez rappelé en revanche les propos de Jaurès lorsqu’il déplorait que faute de pouvoir solutionner les problèmes, on se bornait trop souvent à changer leur nom.
On ne peut toutefois reprocher que soient faits et soulignés avec force des constats objectifs. Passé l'effroi, et quelque peu atténuée l'émotion qui suscite la compassion, il faut donc affronter l'horrible réalité avec lucidité et courage.
Surtout on ne peut laisser sans réagir les ligues de vertu conspuer ceux qui s'appuient sur ce drame pour critiquer l'impuissance étatique et réclamer des mesures concrètes. M. Dupont-Moretti s’est ainsi livré à un numéro ignoble d'imprécateur faussement indigné pour tenter d’occulter son incapacité flagrante à assumer la fonction qu’il occupe. Il fait partie de ces bien pensants niais ou bien veules, qui emboitent le pas des crypto-marxistes de tout poil, engagés sur le chemin trompeur et mortifère menant à d’insondables abîmes nihilistes. Leur rhétorique révolutionnaire use toujours des vieilles recettes. Quoique minoritaire, elle s’avère hélas contagieuse.

Les as de la récup ce sont bien ces gens. Les rois de l'amalgame c'est encore eux. Aujourd’hui même ils se saisissent d’un mot malheureux lancé par un député du Rassemblement National pour intenter un procès en sorcellerie, brandissant les accusations spécieuses de racisme et de xénophobie. Tout le monde s’y met pour participer à la curée du gibier débusqué, du péquin moyen jusqu’au président de la république.
Navrant paradoxe caractéristique de l’époque, dans le même temps qu’on condamne pour des mots, on permet en toute impunité à des élus de prêcher l’insurrection, la grève générale. Rien n’arrête ces enragés de la destruction. N’ayant cure du débat démocratique, ils s’associent à une poignée de manifestants pour barrer les rues jouxtant le Palais Bourbon au prétexte farfelu de la rénovation thermique de l’habitat ! Pire, ils vont, au mépris des arrêtés d’interdiction préfectoraux, main dans la main avec les “éco-terroristes” de Sainte-Soline casser du flic et brailler leur haine des méga-bassines !

Ceux qui passent leur temps à vomir leurs insultes sur les forces de l’ordre, sur les patrons, sur les labos pharmaceutiques, sur le capitalisme et la libre entreprise en fondant leurs slogans sinistres sur des mensonges éhontés. Ceux-là feraient mieux de balayer devant leurs portes. Ils ont tant fois ignoré voire méprisé les victimes et excusé les assassins qu'ils ont perdu toute crédibilité. Honte à ces pharisiens cyniques faiseurs de facto de désordre et de chaos, ces abuseurs de peuples, ces idiots utiles du crime et de la délinquance. Foulant de leurs pieds souillés la liberté qui leur permet d'exprimer leurs insanités, ils font le lit des dictateurs et le berceau de tous les totalitarismes...

20 juin 2022

A bout de souffle

Jamais sans doute au cours de la cinquième république, on n’avait connu pareille situation: un Président de la République largement élu, qui se trouve dans l’incapacité de mobiliser dans la foulée une majorité à l’Assemblée Nationale.
C’est peu dire qu’il s’agit d’un échec cuisant pour Emmanuel Macron dont le second quinquennat s’ouvre sous les pires augures. Sa coalition gouvernementale perd près de cent sièges et se trouve désormais dans l’impossibilité de faire voter les lois sans recourir à des compromis, si ce n’est des compromissions, avec les différents courants d’opposition. De surcroît, elle sera exposée au risque permanent de voir s’abattre le couperet de la motion de censure.

Cette évolution apparemment inattendue était pourtant prévisible depuis de nombreuses années. A force de vouloir ostraciser toute opposition qualifiée “d’extrême-droite” ou de “non républicaine”, à force d’exclure un flot croissant de citoyens du débat politique, les digues ont fini par se rompre.
Foin de proportionnelle, foin de barrage aux extrêmes, le paysage démocratique (si tant est qu’on puisse encore lui donner ce nom) se trouve submergé de toute part. A l'exception du Rassemblement National qui fait une entrée triomphale, les partis se retrouvent morcelés, lorsqu’ils n’ont pas été regroupés sous forme de magmas nauséabonds, formés à la va-vite à seule fin d’engranger le maximum de postes.
A ceci s’ajoute l’absence durable de ligne directrice, de programme clair, de pragmatisme et de détermination manifestée par les Pouvoirs Publics, ce qui a progressivement conduit à faire monter une abstention devenue massive (moins d’un citoyen sur deux s’est déplacé pour voter). C’est aujourd’hui la question de la légitimité même de l’Assemblée Nationale qui se pose.

Comment gouverner le pays dans un tel contexte, c’est une autre question à laquelle devra s’atteler sans délai le chef de l’État. La dissolution et le référendum sont des armes redoutables qui se retournent souvent contre celui qui les emploie. Sera-t-il tenté une fois encore par la stratégie du “en même temps” qui consisterait à chercher ici ou là un soutien occasionnel en fonction des circonstances ? Il y a de grandes chances que cela s'avère infructueux voire carrément incohérent, au regard de la radicalisation croissante des esprits, et le risque est d’aboutir très vite à un vrai fiasco si l’on songe à la première des réformes promises, des plus délicates, à savoir celle des retraites…

14 octobre 2021

La Mort du Débat

Cette fois la terre tremble pour de bon sur la planète politique de France.
Ce séisme était prévisible et avait été précédé d’alertes itératives mais elles avaient été minimisées voire négligées.
Notre médiocre république, qui n’a de démocratique que l'illusion, est depuis des décennies parcourue par de sinistres convulsions. Aujourd’hui, c’est à ce qu’il paraît, l’acmé de cette crise.

Pour en arriver là, il a fallu bien des lâchetés, bien des faiblesses, bien des paroles ronflantes mais creuses, et tant de promesses jamais tenues, de la part de la quasi totalité du monde politique. Le désastre actuel leur incombe donc totalement. La plupart des politiciens ont tout fait pour galvauder les mots de république, de constitution, de démocratie. Ils ont laissé pourrir par leur incurie le fameux trépied Liberté Egalité Fraternité qui aujourd’hui ne veut plus rien dire. Enfin, ils ont mis un zèle incroyable à détruire leur propre image, leur fonction, leur idéologie, leur parti…

Sans remonter à Mathusalem, on se souvient comment François Hollande, par ses magouilles à deux balles, son indétermination incurable et son absence de leadership avait fini par réduire en bouillie le Parti Socialiste en même temps que ses ambitions personnelles. Certes avant lui Mitterrand avait dénaturé le socialisme en faisant alliance avec les communistes, et Jospin "l’austère qui se marre", l’avait ringardisé. Mais l’essentiel du mérite revient sans sourciller au plus calamiteux des présidents de la cinquième république !

A droite, la stratégie ne fut guère plus brillante. Jacques Chirac avait mené son camp dans une impasse à force de trahir sans arrêt ses engagements et surtout de rejeter de manière primaire tout ce qui était plus à droite que son RPR, notamment le Front National, vouant une haine féroce et stupide à ses dirigeants, et un mépris définitif pour toutes les thématiques qu’ils agitaient, non sans raison parfois. Pris dans le piège diabolique ourdi par le faquin de Jarnac, il avait fini par zigouiller son propre camp.
Héritier controversé et instable, Nicolas Sarkozy tenta de le remettre debout mais par son inconstance et ses frasques, il ne fit qu'en clouer le cercueil. Son quinquennat entamé en fanfare a fini en eau de boudin et depuis l’échec retentissant de 2012, suivi de la pantalonnade Fillon, on assiste au ballet navrant des petits chefs de cette armée mexicaine en déroute, venant fleurir avec componction la tombe où gît la Droite, chacun réclamant le retour à l'union derrière son petit fanion dérisoire.

Force est de constater que de son côté, Marine Le Pen a raté la transition post Jean-Marie. Sa stratégie racoleuse à gauche, erratique au plan économique et de plus en plus floue sur les thèmes de la sécurité et de l’immigration a fait un flop. Son incapacité à assumer un dessein national et à incarner la fonction présidentielle ont provoqué le déclassement progressif du mouvement dont elle s’est crue obligée de changer le nom, en vain.
Il est inutile de trop s’étendre sur les problèmes des autres formations, surnageant de part et d’autre. Aucune n’émerge vraiment et les rodomontades et dissensions grotesques qui divisent durablement ceux qui font de l’écologie leur étendard, fort minable au demeurant, est à l’image de l’effondrement du débat politique et de la crédibilité de ses acteurs dans notre pays.
Il reste Emmanuel Macron, arrivé par effraction au sommet de l’Etat, mais qui n’a pas réussi à fonder de parti, ni à s'entourer de gens d’envergure significative. Il survit toutefois dans les sondages, sur son îlot à 25%, bien qu’il ne soit parvenu à rien de concret durant son mandat, hormis entretenir une grogne sociale permanente.

Il n'est en somme pas besoin de faire l'éloge d’Eric Zemmour qui est en train de devenir un acteur politique de premier plan et d'enclencher une dynamique populaire inédite. Il est probable qu'il ne souhaitait pas ce rôle mais il lui échoit car il n'y a personne d'autre pour l’assumer. Ce sera donc lui.
Il n'est pas nécessaire d'être d'accord avec toutes ses idées pour éprouver une certaine satisfaction d'entendre enfin quelqu'un parler sans détour ni circonlocution et faire preuve de vraies convictions (cf le problème Zemmour 1 et 2).
Son succès s'explique donc aisément. Jusqu'où ira son ascension, sera-t-il même candidat, ce sont pour l’heure les seules questions qui vaillent.

Le fait est qu’il désarme toute opposition et renvoie sans difficulté dans les cordes celles et ceux qui cherchent à enrayer son ascension, tant leurs arguments paraissent inappropriés, inopérants, voire franchement stupides à force de vouloir systématiquement se démarquer de lui.
Foin des blagues nauséabondes des humoristes du service public, qui tombent à plat, foin des rodomontades de Ruquier qui joue au caïd borné, à la manière d'un petit Beria, en souhaitant qu’on éradique “le virus Zemmour”. Foin enfin des ministres, totalement à court d'inspiration et sentant le sol se dérober sous eux, qui y vont de leurs invectives dont la répétition niaise épuise les esprits : négationnisme, révisionnisme, pétainisme, fascisme, peste brune…
En somme, sans vouloir minimiser son talent de bretteur, Zemmour grandit parce que tout s’effondre autour de lui.
Il ne reste plus grand chose du débat politique. Ni stature, ni idée, ni dessein. C’est vrai de Marine Le Pen qui s’enlise inéluctablement et de plus en plus rapidement dans le déni. C’est vrai des candidats putatifs de droite tels Valérie Pécresse qui s’époumone dans le désert à faire croire qu’elle a pris en considération le problème de l’immigration, ou de Xavier Bertrand, de Michel Barnier qui ont passé tellement de temps à polir leur image de rassembleurs consensuels qu’ils se retrouvent de plus en plus isolés et transparents. C’est vrai enfin de tous les groupuscules plus ou moins insoumis qui patinent dans la semoule faisandée de la révolution.
M. Macron quant à lui conserve un certain potentiel de sympathie en dépit d’une politique toujours plus incohérente, contradictoire et inefficace. Pour combien de temps ? Il est à ce jour la cible des attaques d’Eric Zemmour, qui semble avoir déjà évincé tous les autres adversaires...

14 août 2021

Adieu Kaboul, adieu Liberté

La capitale afghane n’est pas encore tombée aux mains des Talibans, mais le sort de cette ville et de tout le pays paraît d’ores et déjà scellé. La progression fulgurante des fous de Dieu ne laisse guère de doute quant à leur retour, favorisé par le désengagement américain et l’abandon de tout un peuple par la Communauté Internationale, beaucoup plus préoccupée par le COVID ou le réchauffement climatique...
La faute incombe évidemment également aux Afghans eux-mêmes et à leurs dirigeants, qui se sont montrés incapables de mettre à profit l’aide internationale colossale qui leur a été apportée durant deux décennies pour organiser une société libre, pacifique et démocratique. Tragique constat, hélas prévisible depuis déjà quelques années, et responsabilités multiples...
Ironie du sort, 2021 marque le vingtième anniversaire de l’intervention internationale entreprise à la suite des horribles attentats du World Trade Center.

Malheureusement, vingt années n’ont pas suffi pour éradiquer la vermine obscurantiste qui, telle une armée de termites opiniâtres, revient plus forte et déterminée que jamais. Tous les efforts, toute l'énergie, toutes les vies humaines consacrés à la reconstruction d’un pays en proie à la barbarie ont donc été vains. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, il y a fort à craindre que l’Afghanistan retourne à la triste situation qu’il a connue lorsque la charia faisait régner une terreur moyenâgeuse. Il est également probable que ce chaos fasse le lit de nouveaux groupes terroristes.
Dans cette triste histoire, le cortège des nations montre une fois de plus son impuissance désespérante, si ce n'est une vaste indifférence. Pas un mot, pas une résolution, pas un casque bleu en provenance de l'ONU...
Chacun se bat la coulpe au souvenir des horreurs du passé en clamant “qu’on ne verra plus jamais ça”, mais l’histoire a une fâcheuse tendance à se répéter et il s’avère plus que jamais difficile de passer des paroles aux actes. Les plus audacieux se bornent à informer les rebelles qu’ils ne reconnaîtront pas un régime imposé de manière non démocratique ! Le chef de la diplomatie de l’Union Européenne, Josep Borrel prévient les Talibans : “S’ils prennent le pouvoir par la force et rétablissent un émirat islamique.../… ils subiront l’isolement, un manque de soutien international et la perspective d’un conflit continu et d’une instabilité prolongée en Afghanistan.”
Autant pisser dans un violon, face à cette horde conquérante qui n’a que faire de ces veules leçons de morale !

En attendant, on rapatrie avant la catastrophe annoncée, les ressortissants et le personnel diplomatique, à l’instar de ce qui s’était passé dans les années soixante-dix avant la chute de Saïgon, puis de Phnom Penh, puis de Téhéran, etc...
Et l’on plaint par avance avec des larmes de crocodile les populations sacrifiées sur l’autel de la couardise et de l'hypocrisie réunies. On s’attend déjà à voir errer les myriades de réfugiés, les malheureux qui n’auront d’autre espoir que de fuir et d’émigrer. Quant à ceux qui avaient déjà fait le pas et qui se trouvaient en situation irrégulière, la France généreuse annonce “avoir suspendu les expulsions de migrants vers l’Afghanistan”. Belle perspective, et beau résultat…
Comme le déplore avec amertume l’historien Jean-Charles Jauffret "Nous assistons au naufrage d'un pays en nous croisant les bras..."

29 mars 2021

Romance au Botswana

Qui connaît Seretse Khama ? Qui connaît la capitale du Botswana ? Et qui connaît mieux qu’à peine ce pays, presque aussi grand que la France mais dont on ne parle quasi jamais ?
Il est situé entre la Namibie et le Zimbabwe (ex-Rhodésie), au nord de l’Afrique du Sud. Sa capitale est Gaborone, ville quasi frontalière avec cette dernière, et que 300 kilomètres à peine séparent de Pretoria.
Parfois qualifié de Suisse de l’Afrique, le Botswana fut le siège d’une aventure assez extraordinaire, alors que le monde se remettait tout juste des horreurs de la seconde guerre mondiale.

Connu à l'époque sous le nom de Bechuanaland, le Botswana était un protectorat britannique et Seretse Khama (1921-1980) était l’héritier putatif de la couronne royale de la dynastie tribale des Khama dont son père était le dernier représentant en fonction. A la mort de ce dernier en 1925, le fils était bien trop jeune pour assumer la charge, confiée à la régence de son oncle Tshekedi Khama.
Parti pour l’Angleterre en vue d’y faire ses études et parfaire sa connaissance du monde et notamment des liens qui unissaient l'empire anglo-saxon à sa nation, réduite à l'état de vassale, un évènement imprévu bouleversa le cours du destin. Il arriva que le jeune prince s’éprit d’une compatriote de Shakespeare, nommée Ruth Williams, avec laquelle il se trouva beaucoup d’affinités dont un amour immodéré pour le jazz... 
Mais ce qui allait devenir une grande histoire d’amour se heurta très vite à de nombreux obstacles. Ce fut tout d'abord la famille de Ruth, qui exprima sa réprobation, surtout lorsque Seretse manifesta l’intention d’épouser celle pour laquelle il avait une si forte inclination.
En dépit des réticences, le mariage fut toutefois célébré en 1948, mais de retour au Botswana, le prétendant au trône et son épouse furent accueillis plutôt fraîchement, notamment par l'oncle tuteur, pour lequel il paraissait impensable que la future reine fut blanche et d’origine étrangère.
Le Conseil des Anciens fut plus compréhensif et donna raison au jeune prince plutôt qu’à son oncle, lequel préféra l’abdication à ce qu’il pensait être le déshonneur. La partie était loin d'être gagnée toutefois.
Alors que Seretse était reparti en Angleterre pour y plaider sa cause, il rencontra des réticences très vives de la part des autorités. Celles-ci voyaient également cette union d’un très mauvais œil, craignant en effet qu'elle entraine la détérioration des relations avec l’Afrique du Sud dont l’or et l’uranium étaient plus que jamais nécessaires au sortir de la guerre.
Résultat, le gouvernement travailliste de l’époque s’opposa au retour de Seretse dans son pays natal et Churchill, parvenu peu après au pouvoir, fit de cet exil un bannissement définitif, en dépit semble-t-il d’engagements pré-électoraux…

Ce n’est qu’en 1956, alors qu’il avait déjà donné naissance à deux enfants, que le couple fut enfin autorisé à repartir pour le Botswana, mais en tant que simples citoyens...
Bien que contraint de renoncer au trône, Seretse Khama ne se découragea pas. Il entreprit une carrière politique et fonda le Parti Démocratique du Bechuanaland. Grâce à sa popularité et peut-être aussi à la sincérité et au courage dont il sut faire preuve, son ascension fut rapide et après avoir gagné les élections, il devint premier ministre puis président de la république en 1966 lorsque son peuple obtint l’indépendance.
Le Botswana qui était alors un des trois pays les plus pauvres d’Afrique vit peu à peu sous son autorité sa situation s’améliorer et son organisation politique prendre la forme d’une démocratie moderne. Resté tel jusqu’à nos jours, il fut nettoyé de la corruption, mal endémique en Afrique, doté d’une fiscalité incitative et d’une gestion intelligente des ressources minières. Hélas ce brillant parcours fut interrompu par la mort prématurée de Seretse, atteint d'un cancer du pancréas à l'âge de 59 ans. Son fils, Ian, fera à son tour de la politique et accédera lui aussi à la présidence de la république 28 ans après la mort de son père.

Jusqu’à la disparition de Seretse, jamais l’union des amants hors normes ne fut prise en défaut. Cette aventure méconnue et à peine croyable, a été portée au cinéma par la réalisatrice Amma Asante. C’est le mérite de cette dernière que d’avoir fait sur ce sujet délicat mais très actuel, une œuvre mariant avec efficacité et pudeur la romance avec l’Histoire, sans sombrer dans le mélo, le sermon ou la grandiloquence. Le film, United Kingdom, interprété par David Oyelowo et Rosamund Pike, reçut un accueil mitigé de la critique. Il est certes classique dans la forme et sa narration s’inscrit dans un schéma très linéaire. Inspiré de faits réels qui sont racontés sans discours inutilement moralisateur ni victimaire ou revanchard, et sans fioriture par trop mélodramatique, il n’en est pas moins édifiant et pourrait être érigé en modèle par nombre de champions de l’anti-racisme, beaucoup plus à l’aise dans les accusations et la révolte que dans la glorification de visions apaisées ou l’éloge de personnes constructives...


20 janvier 2021

La Chèvre

Surréaliste passation de pouvoir aux Etats-Unis ce 20 janvier. A quelques heures, de l'évènement, on peut imaginer qu'on assistera à un étrange ballet mettant en scène un Capitole transformé en camp retranché, sous protection militaire, confronté à la double menace du coronavirus et de partisans frénétiques du président sortant. Ce dernier brillera par son absence, parti tranquillement vers sa résidence privée de Floride, et l’on verra l’impétrant, bien seul, masqué, chancelant, prêter serment dans ce décor crépusculaire. Au lieu d’une fête, ce sera un huis clos sinistre. Il n'y aura guère que les drapeaux pour faire foule...
On se souvient que l’intronisation de Donald Trump, il y a quatre ans, s’était également déroulée dans un contexte inhabituel, et avait été l’objet d’assez désagréables manifestations. Le camp démocrate ne digérait pas sa défaite et les caméras médiatiques s’attardèrent longuement sur les banderoles exhibées jour et nuit pendant plusieurs semaines par des enragés campant devant la Maison Blanche. Personne ou presque à l’époque ne trouva choquant le beau slogan anti-démocratique “Not My President” !

L’Amérique est divisée et cela ne date pas d’hier.
Joe Biden aura-t-il la force, la volonté et le temps d’apaiser ces tensions comme tant de belles âmes en font le vœu pieu et touchant ? Ce vieillard est un roué politicard, qui fut, il y a presque 50 ans, le plus jeune sénateur. Il est désormais le plus vieux président à entrer dans le Bureau Ovale.
Il fut un terne et gaffeur vice-président durant 8 ans. Il parvient enfin au pouvoir au terme d'un processus électoral contestable, sans avoir fait campagne, et sans avoir de programme, hormis le souci maladif d’effacer l’ère Trump au plus vite. Il se trouve de facto prisonnier des anti-Trump primaires, assoiffés de revanche. Cette folie auquelle l’intéressé a lui-même participé par jeu et par provocation, avait atteint de tels sommets qu’elle aurait sans doute permis à une chèvre d’être élue, pour reprendre le mot d’un commentateur facétieux lors de l’élection de François Hollande contre Nicolas Sarkozy en 2012.

Anticipant les exégèses partisanes, Donald Trump a fait lui-même le bilan de son action. Avec sans doute un peu de lyrisme et d’emphase, mais non sans quelques vérités objectives que l’Histoire retiendra peut-être, une fois les passions assagies…
S’il a raté indéniablement sa sortie, il n’a pas à rougir de sa prestation dans un contexte international tendu et intérieur très hostile. Il a plus fait pour le pouvoir d’achat et la prospérité des Américains et notamment des Noirs et des Latinos qu’Obama. Il a œuvré avec un certain succès pour la paix au Proche-Orient. Il a contenu autant que possible l’expansionnisme chinois et la menace iranienne. Il a garanti une prospérité économique à son pays, et maintenu le chômage à un de ses plus bas niveaux historiques. On a dit qu’il n’avait pas su juguler la pandémie COVID-19, mais l’honnêteté oblige à reconnaître qu’il fut, en élaguant la jungle administrative et en sponsorisant les laboratoires, le principal artisan du développement rapide des vaccins sur lesquels tant d’espoir reposent désormais.

En définitive, il y a peu de mauvais présidents aux Etats-Unis, sans doute grâce au système démocratique performant mis en place en 1789 et à un équilibre savamment dosé des pouvoirs. Pourvu que cela dure, et à l’instar du président sortant, prions pour la réussite de l'administration Biden...

07 janvier 2021

L'Amérique Fracturée

Le consternant spectacle que les Etats-Unis ont donné au monde ce mercredi 6 janvier est un nouveau révélateur explosif de la grave crise que traversent depuis quelques années nombre de démocraties.
L’Amérique, première d'entre elles et la plus ancienne, la plus stable, branle dangereusement sur ses fondations.
Le nom du nouveau Président de la République n’a pas pu être proclamé et certifié par le Congrès. Ce dernier, a été contraint de reporter sa séance suite à l’irruption violente dans l'enceinte du Capitole, de manifestants pro-Trump, n’acceptant pas l’annonce plus que probable de la défaite de leur champion.
Evidemment, celui-ci n’est pas pour rien dans ce brutal déchaînement populaire. Il porte même une lourde responsabilité dans la survenue des troubles en raison notamment du discours vindicatif tenu ce jour même, refusant obstinément de reconnaître le verdict des urnes, et exhortant le peuple à manifester à Washington.
Triste fin de mandat pour un élu décidément pas comme les autres et attitude évoquant fort la politique de la terre brûlée. Il est évident que ce jusqu’au-boutisme ne peut mener à rien de bon et sûrement pas à son maintien au pouvoir. Pire même, il a sans doute contribué à ruiner les derniers espoirs du
 Grand Old Party de conserver la majorité au Sénat, puisque les deux postes encore en lice en Georgie sont en passe d'être perdus alors qu’ils étaient à portée de main, l’un des deux candidats républicains étant même passé à un cheveu de l’élection au premier tour.

Inutile de revenir sur le déroulement calamiteux des élections générales du 3 novembre dernier. Elles resteront entachées d’un fort doute quant à la régularité des procédures, la faute en premier lieu au COVID-19 qui contraignit à recourir massivement au vote par correspondance, sujet de tant de controverses. Mais tous les recours intentés ayant fait long feu, les résultats paraissent irréversibles.
Ce foutu virus avait auparavant enrayé la campagne électorale et quelque peu perturbé la dernière année du mandat présidentiel de Donald Trump. Ses adversaires s'étaient donné à cœur joie évidemment, de stigmatiser sa gestion déplorable de l'épidémie.
Alors que sa réélection paraissait jusqu'alors probable, son crédit fut sérieusement entamé par la crise durant laquelle il se montra très maladroit, affichant une arrogance imbécile et abusant jusqu'à l'outrance de ses habituelles provocations. S'il fut en quelque sorte l'artisan de son infortune, il faut dire qu'il eut maille à partir avec une opposition aussi stupide que délirante, cherchant toutes les occasions pour tenter de le faire chuter. Sa légitimité ne fut jamais acceptée par près de la moitié du pays et dès son arrivée au pouvoir en 2016 on avait assisté à une véritable bronca médiatique. Un formidable torrent de haine se déversa à jet continu durant 4 ans sur sa personne, ses paroles et ses actions, lesquelles ne furent pourtant pas toutes mauvaises, loin de là.
Trump ne fit rien certes, pour apaiser les passions mais à sa décharge, il y a de quoi perdre son calme et sa sérénité quand jour après jour on est l'objet de toutes les insultes imaginables et qu'on doit faire face à une épuisante remise en cause, par principe, de tous ses actes.
 
Force est de faire le constat que l’Amérique, et une bonne partie du monde avec elle, semblent sombrer dans l’irrationalité, conduisant à l’exacerbation des opinions et à la radicalisation croissante des esprits. Cause ou conséquence, les processus électoraux sont de plus en plus souvent remis en cause un peu partout, semblant donner raison au vieux slogan soixante-huitard "élections piège à c..." Un nombre grandissant de gens s'estiment régulièrement floués par les résultats des scrutins, et leur insatisfaction grandit, se traduisant tantôt par l'indifférence, tantôt par le mépris pour les élus et les institutions, et tantôt par la révolte.

Les États-Unis apparaissent aujourd’hui sévèrement traumatisés, divisés, victimes de fractures multiples et en perte de direction.
Il est peu probable que le malheureux Joe Biden, insipide et incertain, mal élu de surcroît, parvienne à inverser le cours des choses. Il est porté par des gens qui ne sont pas moins intolérants que les supporters de Trump, et le Parti Démocrate fait l’objet de tiraillements idéologiques qui fragilisent par avance toute politique, si tant est qu’il y en ait une...
Quant au Parti Républicain, il risque fort de se voir affecté par les dérapages de Donald Trump, désormais sans limites, et source probable de futures dissensions internes.

L’avenir est donc sombre. Et quand l’avenir de l’Amérique s’obscurcit, celui du monde tend à devenir chaotique. L’Europe ne va guère mieux par les temps qui courent, et à l’Est, le soleil qui se lève, suscite beaucoup d’inquiétudes. En Chine on réduit au silence les entrepreneurs manquant d'égards pour le Parti, tel le fameux Jack Ma, fondateur d'Ali Baba, et aujourd’hui même on apprenait la rafle massive à Hong-Kong organisée par le Pouvoir Central à l'encontre des opposants pro-démocratie.
La planète se serait-elle mise à tourner à l’envers ?

05 novembre 2020

Encore trumpé...

Ça y est, “ils” ont probablement réussi cette fois à venir à bout de "la bête". Encore quelques heures ou jours de suspense mais les jeux semblent faits. Donald Trump devra selon toute probabilité bientôt quitter la Maison Blanche, bon gré, mal gré.


“Ils”, c’est toute cette foire aux lobbies bien-pensants, politiquement corrects,
démocrates à l'américaine, libéraux à l’anglo-saxonne, black lives matter, occupy wall street, anti-spécistes, LGBT, féministes, femen, me-too, écolo-bobos, alter-mondialistes, réchauffistes, médias partisans, showbiz engagé,  gauchistes et intellos de tout poil, qui sont vent debout contre le président élu en 2016.
Durant quatre années qui leur parurent une éternité ils n’ont eu de cesse avec un a priori sous-cortical à la Pavlov de le faire chuter, faisant obstacle à toutes les mesures qu’il tentait de mettre en œuvre, ridiculisant systématiquement toutes ses interventions, essayant même d’obtenir sa destitution pour des motifs grotesques.

Peu importait les résultats qu’il obtenait en matière économique ou sur le front du chômage. Peu importait ses efforts pour préserver les intérêts de son pays face à l’ogre chinois ou à la menace iranienne. Peu importait en somme qu’il tint ses promesses. Ces gens n’avaient qu’une haine revancharde primale à la bouche et à l'esprit, qu'ils purent déverser à jet continu, en toute impunité. Il est clair qu'ils n’ont que faire de la réalité et de l’esprit pratique, seuls les principes idéologiques comptent. A l'instar des procès en sorcellerie, c’est au nom de ces derniers qu’ils avaient condamné sans appel et quoiqu'il fasse le vilain Donald.

Fort d’une base électorale solide et fidèle, il leur tint tête, n’hésitant pas à fanfaronner, et à les provoquer, se croyant à tort invincible. Il semblait presque y être parvenu en dépit de la force de frappe médiatique colossale qui le pilonnait sans cesse.
Comme en 2016, Trump s'est battu comme un lion et a fait une fois encore mentir les instituts de sondages, dont on peut douter de l’impartialité si ce n'est de la compétence. Mais il va être terrassé par le mainstream bien-pensant qui vitrifie tout sur son passage, quitte à préférer porter à la Maison Blanche un vieillard cacochyme, à la sénilité avancée et à la probité douteuse. Sans doute sera-t-il plus malléable. On a vu ça en France avec le président “normal” Hollande. Triste souvenir... Ça ne présage rien de bon, et l’Amérique apparaît plus divisée que jamais en deux moitiés de plus en plus irréconciliables.

Le COVID-19 fout le bordel même dans les élections, on l'a vu avec nos municipales complètement ratées. Contrairement à ce qu’on dit, Trump ne pouvait pas grand chose pour casser la progression du virus. Il a tout misé sur les vaccins et allégé avec efficacité les réglementations pour accélerer la recherche et les essais cliniques. L'avenir lui donnera peut-être raison... mais trop tard ! Aux USA, la responsabilité incombe autant aux autorités locales que fédérales. Toujours est-il qu'à l'occasion de l'épidémie, le système des votes par correspondance, a pris des proportions assez surréalistes. Comment ne pas avoir un doute sur la régularité d’un scrutin dans lequel plus d’un tiers des bulletins échappe à tout contrôle sérieux ?

Tout cela est révélateur hélas de la déconfiture et de l’auto-destruction du monde occidental. Il vacille sur ses fondations et des fissures annonciatrices de catastrophes se font jour un peu partout. Le coronavirus est un révélateur parmi d'autres, de ce délabrement général.
De l'autre côté l'Asie s'éveille. Elle a pris très tôt la mesure de l’épidémie, elle croit plus que jamais à son modèle et ne passe pas son temps à remettre en cause son passé, sa religion ou sa culture. Elle a l’avenir devant elle.
Nous sommes de facto entrés dans une période de grands troubles et de grandes turbulences. L’Amérique risque d’aller de plus en plus mal, ce qui est sans doute beaucoup plus dangereux pour la planète que le réchauffement climatique. L’Europe quant à elle, particulièrement dévastée par la pandémie, existe de moins en moins en tant qu’entité. Les quelques liens qui unissaient les nations se disloquent peu à peu. Il n’y a plus, si tant est qu'il y en eut, de dessein commun en dehors d’une bureaucratie qui pèse de plus en plus, et de dettes qui s’accroissent de manière vertigineuse. L’immigration non contrôlée, le terrorisme, les révoltes sociales incessantes contribuent à désagréger un édifice déjà fragile.


Aux States, si le Président et la Chambre des Représentants seront aux couleurs du Parti Démocrate, les Républicains devraient toutefois garder le Sénat et une Cour Suprême plutôt de leur côté, même si elle se doit d’être au dessus des partis. Un semblant de pluralité sera préservé dans cette démocratie fracturée. Joe Biden quant à lui n’a pas beaucoup de temps pour convaincre, dans un contexte très tendu et avec un programme erratique, débordant de bonnes intentions et de promesses angéliques mais sans ambition. Dans 2 ans, il y aura de nouvelles élections pour renouveler la Chambre des Représentants et tout peut à nouveau basculer...
En attendant, le temps va paraître long à certains car au moins avec Trump on ne s’ennuyait pas...

22 octobre 2020

Désarroi

S’agissant de la tectonique des plaques, on prétend qu'elle conduit à la dérive des continents. On pourrait appliquer le raisonnement aux sociétés humaines et aux civilisations. Il arrive parfois dans leur mouvement plus ou moins indéfini, qu’elles entrent en collision. L’affrontement peut être violent, colossal, de l’ordre du séisme en quelque sorte. Après le choc, il y a parfois création de montagnes ou parfois encore fusion des plaques. Il se peut également que la confrontation se fasse 
de manière moins frontale, une entité glissant peu à peu sur une autre la faisant peu ou prou disparaître.
C’est un peu ce qui se passe avec la société démocratique occidentale. Elle semble en passe de s’engloutir peu à peu dans les abysses, faute d’avoir encore assez d’énergie et de détermination pour s’imposer face aux autres.
L'événement atroce que notre pays vient de vivre n’est qu’un signe de cette déroute. A l’occasion d’un acte abominable, on semble prendre tout à coup conscience qu’un péril nous menace directement et on constate avec effroi que ses manifestations gangrènent toutes les strates de la société. Aujourd’hui c’est l’enseignement, hier c’était le journalisme satirique, puis le monde de la culture et du spectacle, puis même le cœur de l’institution policière.
La faute évidemment incombe à une politique laxiste et couarde durant des décennies, qui se paie de mots et de discours mais qui s’avère incapable de réagir avec force à ces torrents de haine et d’intolérance qui déferlent quotidiennement, heurtant de plein fouet notre mode de vie, notre culture, notre religion, notre système démocratique, nos libertés, bref tout ce qui fait le monde doré dans lequel nous vivions insouciants, au mépris même de tous les sacrifices consentis par nos aïeux pour nous permettre de profiter de cette situation privilégiée, sans doute jamais connue dans toute l’histoire de l’humanité.
La barbarie, lorsqu’elle surgit à nos portes, provoque une sorte de sidération. L'incompréhension et le désarroi s’emparent des esprits. Pourtant, comme à chaque fois, on apprend vite que l’horreur fut précédée de signes avant-coureurs, qui auraient dû mettre en alerte mais qui furent totalement négligés. Cette fois, l’assassin était un tchétchène musulman, bénéficiant du droit d’asile depuis mars dernier, et pour 10 ans, on ne sait pas trop pour quel type de persécution subie dans son pays, la Russie. Après avoir été accueilli par la République française si généreuse, non seulement, il ne fit rien pour se conformer à ses règles sociales, mais il s'est rapidement fait connaître par des actes de violence et dégradation de biens publics ! 
Quant à la victime, on sait qu’il s'agissait d'un enseignant très apprécié, qui pour son malheur osa évoquer auprès de ses élèves la liberté d’expression, en prenant pour exemple les désormais fameuses caricatures publiées par Charlie Hebdo. On apprend également mais un peu tard qu’à la suite de cet épisode, il avait été l’objet de menaces explicites, et de doléances exprimées par certains de ses élèves musulmans, et par leurs parents, au point d’avoir jugé nécessaire de porter lui-même plainte en diffamation. Plainte hélas non suivie d’effet...

Après coup, les Pouvoirs Publics font toujours mine de réagir. Quelques actions ponctuelles mais habituellement sans lendemain. Et beaucoup de compassion, beaucoup de cérémonies. Des fleuves de larmes, des tombereaux de discours, d'hommages et de paroles…
En la circonstance, les plus horripilantes sont celles qui font référence à des entités creuses ou inappropriées. Passons sur le pitoyable “Ils ne passeront pas” que M. Macron lança après la bataille, avec la voix blanche d'un général vaincu. Passons sur les lieux communs débités avec componction par le Premier Ministre M. Castex: “Cet assassinat barbare est un acte contre la vie et la République.” Passons enfin sur le jargon incompréhensible du ministre de la justice, qui réussit à dire en une seule phrase tout et son contraire...
S’il est quelque chose d’insupportable, c’est l’emploi immodéré de ces mots valises “république”, “laïcité”, “liberté d’expression”, “diversité”...
Parlons de république. Il en existe de toutes natures et parmi les pires, soviétique, populaire, islamique… Ça veut tout et surtout rien dire. Mieux vaut évidemment une monarchie parlementaire éclairée qu'une république en loques !
Parlons de liberté d'expression. Elle est à deux vitesses. On condamne Zemmour, on censure et on insulte Trump, on s'acharne en enquêtes foireuses sur tel ou tel politicien incorrect politiquement, on parvient même à interdire, sur les réseaux sociaux devenus justiciers, "l'Origine du Monde" de Courbet, au motif que le tableau constitue un outrage aux bonnes mœurs. Mais dans le même temps, on laisse libre cours aux prêches guerriers, aux propagandes haineuses, aux anathèmes abjects...
Décidément, tout cela est profondément écœurant. Il est si désespérant de voir le monde dit libre glisser peu à peu dans les profondeurs obscures du renoncement et de l’inconsistance. Seule consolation, puisque les gouvernants sont devenus des dames patronnesses et que la justice n'est plus que l'ombre d'elle-même, il reste la police. Quand on lui laisse la possibilité de faire son travail, elle parvient à neutraliser définitivement les brutes sanguinaires qui sèment la terreur, tout en sachant trop bien qu'ils ne sont que les combattants de la première ligne d'armées plus que jamais conquérantes...

30 septembre 2020

Démocratie en folie 2

Dans un contexte, où l’élection présidentielle est pipée et où ni les élections européennes, ni les régionales ne constituent de réel challenge, on assiste à une vraie dévastation du paysage politique. Il restait les municipales qui avaient encore quelque intérêt pour beaucoup de gens. Mais avec le passage du Coronavirus elles ont été réduites à néant ou presque.
Par son obstination à vouloir maintenir à tout prix les échéances électorales tout en recommandant aux gens de rester chez eux, Emmanuel Macron a provoqué une double catastrophe. D’abord pour son propre parti qui fit l’objet d’un rejet massif, notamment à Paris où on assista à la déroute grotesque de Benjamin Griveaux puis de madame Buzyn (et de Cedric Villani par la même occasion). Mais aussi pour nombre de grandes villes où la très faible participation a propulsé des alliances baroques, qui furent qualifiées de manière sommaire d’écologistes, mais qui rassemblaient en réalité tout ce que la gauche et l’extrême-gauche compte encore de factions hétéroclites, et de groupuscules plus ou moins sectaires. Dans bien des endroits leur a suffi parfois d'engranger les votes de moins de 20% des inscrits pour rafler la citadelle municipale.

Le résultat ne s’est pas fait attendre. L’écologie n’est plus que le cache-misère du désastre général. L’incohérence et l’absurdité sont partout.
A Bordeaux le nouveau maire à peine élu, s’est empressé comme on pouvait s’y attendre de rappeler son but de nettoyer totalement la cité de tout véhicule automobile. Pour tendre vers cette lumineuse perspective, il révéla son intention de commencer par punir ces “salauds de riches” en taxant le stationnement en fonction des revenus. Non content de ce joli programme “décroissant” bien ancré dans le socialisme le plus ringard qui soit, il annonça tout à trac qu’il supprimerait le traditionnel sapin de Noël de l’Hôtel de Ville, au motif qu’il n’était pas question de végétaliser la ville avec des arbres morts ! Comme pour marquer les esprits qui n’auraient pas encore compris qu’ils avaient été floués, il balaya avec mépris les voix s’élevant contre cette mesure en déclarant qu’il s’asseyait sur l’avis des “fachos”!
A Lyon son co-religionnaire également fraîchement élu, puise manifestement ses idées au même tonneau insane. C’est au Tour de France cycliste qu’il s’attaque bille en tête, promettant de lui interdire le passage dans sa ville. Non pas qu’il en veuille aux vélos mais plutôt aux organisateurs de la compétition qualifiés de “machistes” (ils font remettre au gagnant de chaque étape, le maillot jaune et un bisou en prime, par de jolies jeunes filles, court-vêtues !) et à la caravane (qui se déplace en véhicules thermiques et distribue à tire larigot cadeaux et gadgets fabriqués sans aucun respect de l’environnement dans des pays sans foi ni loi)...
Dans le même temps, il se pose en garant de la laïcité en refusant d’honorer contrairement à tous ses prédécesseurs depuis 1643 la cérémonie des échevins, jugée trop marquée par le catholicisme. Cela ne l'empêche nullement de poser complaisamment la première pierre d’une nouvelle mosquée.
Et pour marquer son attachement à la nouvelle bienséance égalitaire, il innove en créant des budgets “genrés”, garantissant qu’aucune dépense communale ne favorisera un sexe plus qu’un autre….
A Rouen, même topo si l’on peut dire. Le nouveau maire socialo-écologiste, parmi les toutes premières mesures de son mandat, se fait fort de déboulonner la statue équestre de Napoléon qui orne la place de l'hôtel de Ville, pour la remplacer par une “représentation féminine”, sans savoir pour l’heure qui serait l’heureuse élue…
A Grenoble, c’est contre le développement du réseau de télécommunication sans fil 5G promu par le gouvernement, que se dresse le maire écologiste, tout juste réélu malgré un bilan catastrophique, notamment en matière de sécurité. Pour justifier sa position, il explique que l'accélération des débits permettant de naviguer sur internet n’a d’autre utilité que de permettre de regarder sur leur téléphone des vidéos pornos en haute définition dans l’ascenseur...
Ubu est en passe d’être détrôné !

Malheureusement, ce vent de folie souffle un peu partout. A Paris, madame Hidalgo et son équipe “écolo” se font fort d’endiguer la circulation sur le Périphérique en réduisant le nombre de voies de 3 à 1 et la vitesse à 50 km/h. Quant aux téméraires qui oseront encore s'aventurer dans Paris intra-muros, ils devront bientôt se trainer à moins de 30 km/h, même sur les grands boulevards et les plus larges avenues.

Au plus haut niveau de l’État, c’est une pluie de propositions plus déraisonnables les unes que les autres. Un jour on apprend qu’on songe à interdire les publicités vantant des produits jugés “néfastes pour l’environnement ou la santé”. Un autre on nous dit qu’on envisage de faire entrer au Panthéon les cendres de Verlaine et de Rimbaud, non pas tant pour leur apport à la poésie, ni naturellement pour les penchants alcooliques de l’un et l’activité de trafiquant d’armes pour l’autre, mais parce qu’ils représentent par leur homosexualité supposée, l’incarnation idyllique de la diversité sexuelle (tellement idyllique que l’un a fini par tirer au pistolet sur l’autre…).
Au moment même de terminer ce billet, les médias rendent publique la proposition totalement farfelue émanant du ministère de l’écologie d’interdire aux derniers cirques encore en activité de détenir des animaux en captivité. Dans la même veine, un autre projet voudrait supprimer “progressivement” tous les delphinariums. Sans rire, madame Pompili qui n'est pas une ânerie près s'exclame qu'il s'agit d'un
«un tournant majeur pour les animaux sauvages dans notre société».
Pas un jour en somme sans un projet de loi aussi inutile que ruineux pour les forces vives de la nation....
Alors que le ministre de l’économie tente de nous faire croire qu’il n’y aura pas d’augmentation d’impôts, on découvre que le malus automobile déjà très lourd va doubler en 2020 et augmenter encore les années suivantes, comme si l'on voulait achever l'industrie automobile, avec un acharnement qui rappelle l'épisode calamiteux de la taxe carbone, à l'origine de la révolte des Gilets Jaunes. Encore peut-on s’estimer heureux d’avoir échappé à la lumineuse idée de madame Pompili de taxer également les véhicules selon leur poids, ce qui aurait pénalisé les voitures hybrides ou électriques ! Ce projet démentiel conduisait à augmenter jusqu'à 800% le montant de certains malus.
Pendant ce temps, les propriétaires de leur logement, réputés fortunés (c’est à dire dont les revenus atteignent ou dépassent 2500€/mois...) s’interrogent. Un jour on leur promet la suppression de la taxe d’habitation, un autre le maintien, voire l'augmentation...

Et c’est dans l'ambiance de crise économique et d’inflation délirante des déficits publics que le gouvernement annonce benoitement qu’il porte à 28 jours le congé paternité, dont la gestion en matière de ressources humaines, incombera aux entreprises et dont le coût financier sera essentiellement porté par la Sécurité Sociale. Parallèlement, il va ajouter une cinquième branche à cette dernière, destinée à prendre en charge la dépendance, dont le coût à terme serait de 5 milliards d’euros par an. Rappelons que le déficit prévisionnel de la “Sécu” pour la seule année devrait tourner autour de 50 milliards d’euros...

Devant un tel déluge d’inepties, comment s’étonner de la désaffection grandissante du peuple pour le système qui les génère et pour des programmes électoraux de moins en moins convaincants ?
Ne sachant plus quelle solution trouver, le Président de la République, soumis à la pression des rebellions de plus en plus fréquentes a cru bon de créer la fameuse Convention Citoyenne. Mais en choisissant le hasard pour en nommer les membres, il torpille encore un peu plus les assemblées élues, tout en s'enfermant dans une logique associant l'irresponsabilité à l'aléatoire. Il n'a pas fini d'en payer les conséquences. Pendant ce temps, l’incurie des Pouvoirs Publics face à la gestion des finances publiques, de l’insécurité et de l'incivilité ne cessent de grandir dans notre pays, tandis que le coronavirus fait un retour en force !

Illustration: extraction de la pierre de folie par Jérôme Bosch.

29 septembre 2020

Démocratie en folie 1

Il y a déjà quelques années (1992), Jean-François Revel s’était réjoui du “Regain Démocratique” qui gagnait selon lui le monde. Il saluait à sa manière l'effondrement du communisme, mais dans le même temps, il relativisait la victoire, par défaut, du monde libre et pointait, après Tocqueville, les fragilités consubstantielles au modèle démocratique.
Que dirait-il aujourd’hui en voyant l’évolution des choses et particulièrement l’état navrant de la société française ?
Foin des supputations, force est de constater que notre république est mal en point et chaque jour qui passe semble accréditer l’idée de son déclin sur le mode du pourrissement.

Les causes sont probablement complexes et anciennes comme en atteste le cours chaotique de notre société depuis la grande révolution de 1789: pas moins de cinq républiques, trois monarchies royales, deux empires, plusieurs révolutions, et toujours une grande insatisfaction !
On croyait avoir acquis en 1958 avec la cinquième république une relative stabilité. Pourtant, depuis quelques décennies, elle paraît elle-même minée. Parmi les maux qui la rongent, il y a l’effondrement du débat politique. La fin des grandes idéologies y est sans doute pour quelque chose, mais notre pays a quelques particularités qui peuvent également fournir une part d’explication. Le socialisme y est resté omniprésent, infiltrant toutes les institutions publiques, de l’enseignement à la justice en passant par les syndicats, la sécurité sociale, et les grandes entreprises nationalisées… Face à cette armée de l’ombre, il n’y a jamais eu d’opposition structurée. La Droite est une sorte de magma oscillant entre le dirigisme centralisé et le néo-constructivisme hyper-administré sur fond de social-démocratie. Aucun homme politique n’a jamais osé assumer autrement qu’en vaines paroles et promesses non tenues un libéralisme éclairé et responsabilisant.
Résultat, les Français n’eurent droit qu’à des programmes démagogiques, sans audace, toujours étroitement encadrés par l’absolutisme étatique, et sans ambitions autres que personnelles.

C’est dans ce morne climat qu’émergea il y a quelques décennies le Front National, devenu Rassemblement National (RN). Toujours pas de libéralisme en vue, mais une parole abrupte et décomplexée pour aborder les problématiques de l’époque en privilégiant une vision nationaliste fermée plutôt qu’européiste ou mondialiste. La classe politique dans son ensemble a contribué soit par manigance, soit par lâcheté, à créer autour de ce nouveau parti un vrai casse-tête démocratique. En diabolisant toutes les idées qui en étaient issues, on a en effet radicalisé ses représentants et ostracisé la frange grandissante de l'électorat séduite par le discours, dont le principal mérite est d’être dénué de langue de bois.
En définitive, les enjeux politiques nationaux se sont réduits à une alternative inscrite dans un implacable déterminisme. Le Rassemblement National se trouvant de facto privé de toute possibilité d’alliance, s'est donc vu contraint pour gagner, dans tous les scrutins majoritaires à 2 tours, d’obtenir la majorité absolue à lui tout seul, ce qui est un challenge quasi inatteignable, sauf lors d’élections locales.
Mais, à force d’avoir tout fait pour isoler et rejeter les propositions émanant du RN, on a cristallisé autour de lui un électorat fidèle devenu suffisamment conséquent pour permettre au parti d’être au second tour de beaucoup de scrutins, dont celui conduisant à l’élection du président de la république.
Jusqu’à la rupture d’un hypothétique “plafond de verre”, il suffit par conséquent d’être opposé au candidat du RN pour avoir la quasi certitude d’être élu. On a ainsi vu Jacques Chirac vaincre sans péril Jean-Marie Le Pen en 2002, avec un score quasi soviétique. Pour Emmanuel Macron en 2017, il ne fut guère plus difficile de battre sa fille Marine avec plus de 60% des voix. Et l’objectif de nombre de candidats putatifs pour la prochaine élection présidentielle de 2022 est bien d’arriver au second tour, face à Madame Le Pen pour triompher sans peine, et sans gloire. Nombre de gens sont démotivés par ce type de confrontation sans vrai enjeu et se détournent des urnes.

A ceci s’ajoutent les faiblesses inhérentes à notre république dont les pouvoirs exécutifs législatifs sont comme cul et chemise, et dont l’autorité judiciaire, loin d’être indépendante comme aux Etats-Unis, est en pratique inféodée à l’Etat. Il faut souligner ici le fait que le parlement bi-caméral est en France boiteux vu le peu de pouvoir laissé par la Constitution au Sénat. Facteur aggravant, la réduction de 7 à 5 ans du mandat présidentiel a institué de facto la simultanéité du renouvellement du Chef de l’Etat et de l’Assemblée Nationale, supprimant pour le peuple la possibilité de s’exprimer de manière significative pendant la durée d’un quinquennat. 
(à suivre)
Illustration: La Nef des Fous par Jérôme Bosch

12 décembre 2019

Vices publics, vertus privées

En France, les grèves on connaît.
Aussi fréquentes si ce n’est plus, que les aléas climatiques, elles sont susceptibles de survenir à tout moment, pour un oui pour un non. Toute occasion est bonne à saisir pour ceux qui les déclenchent. Et rarement ailleurs que chez nous, on en vit poussé si loin le raffinement organisationnel : avec un minimum de grévistes on parvient à empoisonner la vie d’un maximum de gens.

Ce système épatant est actionné par des syndicats qui représentent à peine 10% des salariés et qui faute d'adhérents, bouclent sans le moindre scrupule leurs budgets grâce aux subventions de l’État. Il est à peine exagéré de dire que ce dernier les finance pour qu’ils puissent mieux lui mettre des bâtons dans les roues. Le comble est que ces gens clament haut et fort qu’ils agissent au nom du Service Public dont ils se gargarisent du haut de leur citadelle inexpugnable. Il faut dire que dans notre beau pays de cocagne, les syndicats sont des vaches sacrées, et le droit de grève est intouchable et quasi illimité. Il peut même s’exercer en dehors de toute revendication statutaire, à la moindre contrariété susceptible de représenter “objectivement” un danger pour les salariés ou pour les usagers. On appelle alors cela “le droit de retrait”.
Dans les transports publics où le fléau sévit tout particulièrement, contrairement à l’Allemagne où la grève est tout simplement interdite et à beaucoup d’autres pays où les grévistes sont réquisitionnables, il n’y a en France que l’imputation éventuelle des jours d’arrêt de travail sur les salaires, qui puisse représenter un frein. Pourquoi donc se gêner ? C’est un vrai pousse-au-crime si l’on peut dire. De fait, la grève se moque de toute morale, et de tout esprit civique.

Outre le fait que ces débrayages incessants soient anti-démocratiques et épuisants pour la vie économique du pays, ils s’inscrivent habituellement en toute impunité contre les principes écologiques élémentaires. Passons sur les dégradations du bien public, les menaces de pollution volontaire, et les feux et incendies en tous genres, souvent déclenchés par les manifestants les plus enragés. Ces tout derniers jours en Ile de France, en l’absence de tout train, et de tout métro, on a dépassé les 600 km de bouchons cumulés ! Bonjour les émissions de CO2...
Mais il y a pire. Le coût astronomique de fonctionnement de la SNCF, lié en grande partie aux nombreuses interruptions de services, et à quantité de juteux avantages et autres dispositions “républicaines”, altère gravement la rentabilité de l’entreprise. Résultat, le réseau ferroviaire est sous-utilisé, en dépit de toutes les vaines promesses des ministres écologistes qui se sont succédés au gouvernement. Le transport de fret par chemin de fer a baissé de moitié en 25 ans. A ce jour, il ne représente plus que 10% des volumes, contre 88% par voie routière (et 2% par voie fluviale). C’est un pur scandale, largement ignoré par les contempteurs du réchauffement climatique et autres anti-capitalistes.
Détail croustillant, lorsque les écologistes viennent apporter de l’eau au moulin des “opposants à la réforme”, ils oublient leur combat pour l’environnement au profit de l’insurrection bassement partisane. Le mouvement Extinction Rébellion par exemple, était tout fier d’annoncer qu’il avait saboté 3600 trottinettes à Paris, non parce qu’elles polluent (largement moins que les autos), mais tout simplement parce qu’elles ont été accusées d’être des “briseuses de grève” !

Tous ces excès sont le fait quasi exclusif du service public qui n’a jamais porté aussi mal son nom. Par démagogie, les gouvernants présents mais surtout passés portent également une large part de responsabilité. Il est tellement facile de concocter une loi fixant l’âge de la retraite à 60 ans comme le fit François Mitterrand, ou de réduire inconsidérément la durée de temps de travail hebdomadaire à 35 heures comme s’en vante Martine Aubry, pour ne prendre que deux exemples de ce qu’il est convenu d’appeler “acquis sociaux”. Il est si tentant d’acheter la paix sociale en cédant régulièrement du terrain républicain face aux folles exigences et aux revendications irréalistes de minorités agissantes…
Le gouvernement actuel est pris à son tour dans ce piège infernal. Pourra-t-il s’en sortir sans abandonner l’essentiel de ce qui fait sa fragile légitimité et le cœur du programme pour lequel il a été élu ? Entre l'épreuve de force et le déshonneur, que choisira-t-il sachant que s’il opte pour le second, il devra nécessairement faire face un autre jour et plus durement encore, à la première…

Pendant ce temps, les employés du secteur privé rongent leur frein. Ils prennent dans la figure toutes les conséquences de la grève, qui par la force des choses les empêchent peu ou prou de se rendre à leur travail, de faire leur job, et un fine de satisfaire leur clientèle. Il faut dire que cette dernière n’est pas assujettie comme le sont les usagers du service public. Le client est roi, ça change tout…
S'agissant des retraites, le système à points n’est pas une nouveauté pour eux. C’est la règle pour la plupart des organismes dont ils relèvent. Quant à "l'âge pivot", mieux vaut sans doute pour eux en sourire. Ils savent bien qu’il leur faudra bon gré mal gré se résigner à cesser leur vie professionnelle un peu plus tard. Aujourd'hui, la barre des 63 ans est déjà franchie. Ils peuvent donc à la manière des Beatles, chanter en attendant des jours meilleurs, “When I’m Sixty-Four...” 


Illustration: Hercule entre le Vice et la Vertu, par Carracci

24 octobre 2019

Démocraties en crise

L’interminable valse-hésitation du Parlement anglais face au brexit donne une bien médiocre image de la démocratie. Non seulement cette institution, qu’on croyait vénérable, donne l’impression de vouloir repousser sans fin les conséquences du référendum du 23 juin 2016, mais elle semble au surplus se faire une joie de contrarier systématiquement le Premier Ministre. Après la démission de David Cameron, l’échec de Theresa May, c’est Boris Johnson qui est malmené par des élus qu’on dirait aussi irresponsables que des collégiens. Le pays paraît crispé depuis plus de trois ans, quasi bloqué par cette pierre d’achoppement qui cristallise toute l’attention jusqu’à l’épuisement. Lors d’une récente interview, l’ancien Beatle Paul McCartney a bien résumé la situation: “Je pense que c’est un vrai bordel et je serai heureux quand ce sera fini…”
Malheureusement, ces mésaventures ne sont pas isolées dans le monde démocratique. Pour tout dire, c’est d’une véritable épidémie qu’il s’agit. Tergiversations, indécision, compromissions, incohérence, contradictions, rébellion, tout semble se conjuguer pour miner les bases même d’un modèle en voie de dépérissement.
En Italie, après le marché de dupes qui porta au pouvoir l’attelage hétéroclite de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles, c’est l’alliance de la carpe et du lapin qui gouverne dans le seul but d’éloigner Matteo Salvini du pouvoir. Pour combien de temps ? Nul ne sait mais une chose est certaine: ce n’est vraiment pas sérieux.
L’Espagne n’est guère mieux lotie. Après la chute de la maison Rajoy pour cause de corruption, le pays est en proie au chaos politique. Les partis traditionnels se sont effondrés, tandis que le bipartisme se morcelait en une myriade de nouveaux mouvements (Ciudadanos, Podemos, Vox…). Résultat, le pays est pour l’heure quasi ingouvernable, la rébellion indépendantiste fait rage en Catalogne et le pays rouvre même ses cicatrices avec la procédure sordide d’exhumation de Franco…
En France, on sait que le jeu démocratique est faussé par la montée en puissance régulière depuis quelques décennies du Rassemblement National, ostracisé, pestiféré, pour tout dire exclu du jeu politique. Il suffit de se retrouver en lice contre un représentant ce parti pour être sûr d’être élu, ce qui fait dire à certains que dans un tel cas de figure, même une chèvre pourrait faire l’affaire… L’irruption spectaculaire d’Emmanuel Macron dans le paysage politique et sa consécration rapide furent liées en grande partie à un effet de conjoncture, ce qui explique sans doute la violence déraisonnable et anti-démocratique de ses opposants dans la rue. Même peu nombreux, ils sont la cause de dégradations majeures et entretiennent durablement un climat de défiance qui contrarie la marche du gouvernement.
Même l’Allemagne semble déstabilisée par des scrutins de plus en plus incertains, obligeant à mettre sur pied des coalitions floues ou improbables. Quant à l’Europe, elle continue de dériver sans vrai but, sans âme et sans unité. L’impuissance de la Communauté lors de la récente opération militaire Turque en Syrie en apporte une nouvelle preuve...

Si l’on sort de l’Europe, ce n’est guère mieux. Aux Etats-Unis c’est le Président qui depuis son investiture se trouve sous le feu d’une opposition aussi peu inspirée que revancharde, qui n’a pas digéré le résultat de son élection. Pas un jour sans que ses moindres faits et gestes ne soient critiqués de manière primaire, quasi pavlovienne par ses adversaires littéralement enragés. Désormais, au motif d’un douteux coup de téléphone avec le président ukrainien, c’est la procédure d’impeachment qui est brandie par les soi-disant Démocrates. Pourtant, Trump depuis le début de son mandat ne fait qu’appliquer les mesures de son programme de campagne et il continue de jouir d’un solide soutien populaire...
On pourrait pareillement évoquer le sort d’Israël, confronté à un scrutin sans majorité, celui du Chili dont les dirigeants élus il y a deux ans à peine, sont contestés avec une extrême violence par une insurrection, motivée par une augmentation de quelques centimes du ticket de métro.

En définitive, quand ce n’est pas le peuple qui remet en cause de manière factieuse le verdict des urnes, ou qui manifeste son indécision dans le choix de ses gouvernants, ce sont les élus qui se comportent de manière anti-démocratique, en faisant fi de la volonté populaire, en protégeant avec un jusqu’au-boutisme consternant ses prérogatives, ou bien en se discréditant à l’occasion de querelles pricocholines...
Dans cette cacophonie assourdissante, le cas de Hong Kong est sensiblement différent, voire opposé. Le peuple, dans la relative indifférence du monde dit libre, ne se mobilise pas contre les règles du jeu démocratique ni contre le libéralisme, mais pour obtenir la garantie de leur maintien !
D’un côté des enfants gâtés, qui ne savent plus apprécier les mérites de leur situation privilégiée et la prospérité inégalée de leurs pays de cocagne, de l’autre ceux qui craignent avec raison les périls qui menacent leur destinée et le modèle de société auquel ils sont attachés. Décidément, cela devrait peut-être poser question, et des plus sérieuses...

04 septembre 2019

Hong Kong entre deux feux

Que se passe-t-il à Hong Kong ? On voit depuis des semaines des manifestants “pro-démocratie” arborant des parapluies, se confronter de plus en plus violemment aux forces de l’ordre.
Jusqu’à présent, pas d’effusion de sang. Mais que penser de ces troubles ? Où cela va-t-il mener ?
Pour essayer de répondre à ces questions, encore faut-il se remémorer l’histoire de ce bastion démocratique “à l'occidentale”, enclavé dans la forteresse communiste chinoise. Il faut tenter de comprendre ce que sous-tend vraiment ce statut de “région administrative spéciale”, obtenu lors du traité de rétrocession de Hong Kong par le Royaume Uni à la République Populaire de Chine en 1997. Le fait est que cette province avait la garantie grâce à cela de conserver une relative autonomie durant cinquante ans, c’est dire jusqu’en 2047.
Il est hélas évident que Pékin se fait chaque jour plus présente et pressante dans les affaires de cet étrange condominium, souhaitant probablement homogénéiser les règles et les institutions avant l’échéance fatidique.

On appelait autrefois Hong Kong le Port aux Parfums, mais pour l’heure c’est une odeur de roussi qui flotte dans l’air et voilà plusieurs années que les habitants inquiets manifestent pour le maintien de la démocratie dans leur cité. Un obscur projet de loi proposant l’extradition de délinquants qui s’y seraient réfugiés, vers le lieu de leur crime, à savoir la Chine continentale mais également Taiwan, ou Macao, a mis cette année le feu aux poudres.
Il n’y avait pourtant rien d’extraordinaire dans une telle mesure judiciaire mais aux yeux de certains elle faisait courir le risque que les citoyens de Hong Kong ne puissent bientôt plus bénéficier de leur propre justice.
Le mouvement pacifique dit “des parapluies” s'est tout à coup transformé en véritable insurrection. Plus d’un million de personnes (un huitième de la population !) défilèrent début juin et les manifestations se succédèrent ensuite quasi quotidiennement, devenant de plus en plus violentes. Le 1er juillet le Parlement fut mis à sac et les images de ce désordre se mirent à ressembler aux turbulences que nous avons connues avec les Gilets Jaunes !
La réponse policière monta en puissance. Gaz lacrymogènes, canons à eau entrèrent en action, faisant craindre une escalade de plus de plus dangereuse. On entendit dire que l’armée populaire de la Chine massait ses troupes à proximité, prêtes à intervenir.

On ne peut rester insensible à ces évènements lorsqu’on est épris de liberté. Hong Kong constitue une illustration brillante de la supériorité du modèle de la démocratie capitaliste sur celui où prévaut le socialisme. C’est la troisième place financière au monde, la qualité de vie y est incomparablement meilleure qu’en Chine populaire, même après que celle-ci se soit entrouverte à la propriété privée, au commerce et au capitalisme grâce à Deng Xiao Ping. La rébellion actuelle de ses ressortissants montre clairement dans quel type de société ils veulent vivre. A l’instar de l’Allemagne et de la Corée, cette région du monde a connu expérimentalement les deux systèmes: capitalisme démocratique et socialisme totalitaire. En termes de résultat, il n’y a pas photo comme disent les commentateurs sportifs. Ce qui est ahurissant, c’est qu’on puisse encore se poser la question…
Hong Kong rayonne sur toute l’Asie et son dynamisme a même profité aux régions proches, encore sous tutelle communiste. Ainsi le développement rapide de Shenzhen lui doit probablement beaucoup et fait espérer que la Chine dite populaire, prenant exemple de cette réussite locale, se laisse peu à peu gagner par l’esprit de liberté. Les progrès réalisés depuis la disparition de l’infâme Mao et la mort de son régime abject qui fit tant régresser cette nation, si riche d’histoire et de culture, laissent entrevoir un espoir. Il y a certainement encore beaucoup à faire, mais on ne gouverne pas un pays d’un milliard quatre-cent-millions d’habitants comme celui qui n’en compte que quelques dizaines de millions. Il ne faudrait donc pas que la sévérité avec laquelle on juge le régime actuel égale ou dépasse en intensité l’indulgence si ce n’est la complaisance coupable avec laquelle on considéra dans nos démocraties dorées l’immonde "timonier" ainsi que tous ses coreligionnaires...
La question qui vient aux lèvres à l'occasion du soulèvement actuel est la suivante: est-il encore permis de penser que Hong Kong demeure l'avant poste de la liberté en Chine, et que cette belle aventure fasse tache d'huile sur le continent ?