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20 décembre 2023

Un Vrai Bal de Faux C...

Spectacle grandiose qui nous fut offert ces dernières semaines à l’occasion du vote de la loi dite “Immigration”. Rarement le désastre républicain fut plus éclatant, plus allégorique de la faillite progressive des valeurs et des repères sur lesquels se fonde notre société.
Sondage après sondage, les Français disent leur lassitude face au chaos migratoire qui submerge le pays. Une majorité écrasante de citoyens réclament des mesures pragmatiques de régulation et de limitation de ce flot dévastateur et anarchique. Pourtant les élus de la république, murés dans leur tour d'ivoire, semblent incurablement sourds à ces exhortations.
Ancrés sur des principes théoriques de plus en plus illusoires, et dévorés par une antipathie irrationnelle pour ce qu’il est convenu d’appeler l’extrême-droite, ils sacrifient le réel au virtuel.

Ainsi, après la tragi-comédie d’une motion de rejet du texte de la réforme avant même son examen, puis le ballet de la Commission Paritaire Mixte, supposée remanier le projet pour trouver une majorité de parlementaires favorables, le vote a fini par entériner triomphalement une loi dont quasi personne n’a compris le sens et encore moins la portée, tant elle se perd en circonlocutions destinées à marier les contraires.
Hormis les vieux soudards irréductibles d’une gauche de plus en plus réactionnaire à défaut de révolution, tout le monde crie victoire.

M. Darmanin ministre de l’Intérieur qui portait le projet se félicite que ce “texte fort” soit passé “sans les voix du Rassemblement National”. Outre la stupidité d’une telle remarque très peu démocratique, il s’avère qu’elle est fausse. Sur les 535 votes exprimés, on compte 349 voix pour et 186 contre. La majorité étant de 268 voix, on peut affirmer que le texte ne serait pas passé si les 88 députés du Rassemblement National (RN) s’y étaient opposés. Au surplus, M. Darmanin fait peu de cas des 59 élus de la “majorité présidentielle” sur 251 qui n’ont pas approuvé le texte en votant contre ou en s’abstenant…
Le PR affiche sa satisfaction d'avoir fait plier le gouvernement qui s'est vu contraint d'accepter beaucoup d'aménagements législatifs pour espérer faire passer le projet sans recourir au fameux 49.3.
Le RN quant à lui a opté pour une tactique radicale mais non dénuée de revirement. Initialement opposé au texte, il s'y est rallié sans nuance malgré les insuffisances qu'il dénonçait il y a quelques jours encore (notamment la régularisation d'un certain nombre d'immigrés et le maintien de la ruineuse AME). A-t-il songé à l'adage qui veut que le mieux est l'ennemi du bien, a-t-il voulu éviter une crise plus profonde ou bien a-t-il cherché à humilier le parti présidentiel en volant hypocritement à son secours ? Dans ce cas, il faut reconnaître que c'est réussi...
La pantalonnade ne s’arrête pas là. Le soir même du vote on apprenait que le Président de la République, adepte de la stratégie du avance-et-recule, avait l’intention de saisir le Conseil Constitutionnel dans l'espoir qu’il rejette les amendements imposés par le Parti Républicain (PR).
Dans le même temps, madame Borne, premier ministre, ajoutait son grain de sel en clamant qu’elle était “profondément humaniste” et que ce texte “respectait ces valeurs” mais qu’il contenait “quelques mesures non constitutionnelles”. Comprenne qui pourra…

Enfin, pour que tout cela ressemble à un vrai bal de faux c…, on eut droit à une belle chorégraphie de fausses démissions de six ministres “tendance gauche macroniste” hostiles au durcissement du texte, puis de trois, et en fin de compte, du seul Aurélien Rousseau. Celui-ci se livra à un superbe numéro de mangeur de chapeau en annonçant urbi et orbi sa défection, sans aller toutefois jusqu’à en avertir le chef de l’Etat ni la "cheffe" du gouvernement qui qualifia ce beau coup d’épée dans l’eau de “non évènement”, ajoutant qu’il faut “arrêter de commenter ce qui n’existe pas”...
Pendant ce temps, on apprenait sur le front de la santé publique dont il était le ministre, que la pénurie de médicaments ne cesse de s'aggraver et que plus de 6700 lits ont été supprimés dans les hôpitaux en 2022 malgré les promesses du gouvernement ! Pour finir, Aurélien, ministre de la santé, dont le bilan se limite à l’interdiction de fumer sur les plages, démissionne. Ouf !

08 décembre 2022

La Fabrique des Pénuries

Les apôtres de la décroissance dont l’influence ne cesse de grandir, parviennent à imposer des réglementations de plus en plus absurdes et contraignantes aux entreprises, aux agriculteurs et aux vils consommateurs, au motif que tous sont suspects de se comporter comme des “ennemis de la planète”.
A mesure que la pression s’accentue, on assiste à des pénuries de plus en plus nombreuses : alimentaires, médicamenteuses, énergétiques.
A moins d’être aveugle ou de mauvaise foi, il est impossible de ne pas voir le lien de causalité.

Un pas de plus vient d’être franchi par le parlement européen qui a voté tout récemment un texte interdisant l’importation sur le vieux continent de produits réputés issus de la déforestation.
Cette réglementation s’appliquera paraît-il aux entreprises commercialisant du soja, du bœuf, de l’huile de palme, du bois, du caoutchouc, du cacao et du café, ainsi que certains produits dérivés comme le cuir, le chocolat, le papier, et les meubles…
L’écologiste Pascal Canfin, qui assure la présidence de la Commission Environnement ne cache pas sa satisfaction devant ce vote “historique” : “C'est le café du petit-déjeuner, le chocolat que nous mangeons, le charbon dans nos barbecues, le papier de nos livres. C'est radical.”
Radical, le terme est bien choisi pour qualifier cette offensive, bien intentionnée cela va de soi, mais effrayante par son caractère excessif et surtout par son inconséquence. La déclaration de victoire du député prétendu écologiste, est une forme d’aveu : le but recherché est bien de réduire drastiquement l’usage de produits faisant partie du quotidien de millions de gens.

Non contents de leurs erreurs passées, dont celle, énorme, ayant conduit gravement à déstabiliser la filière de production d’électricité, ces élus supposés représenter le peuple et garantir sa prospérité et sa liberté persévèrent donc.
Outre les carences à venir de quantité de biens que la France est bien incapable de produire, on peut s’attendre à une augmentation significative de leur prix. Au surplus, cette mesure témoignant d’un profond mépris pour les pays visés, entraînera selon toute probabilité des actions de représailles de leur part.
On peut ajouter en effet qu’il s’agit d’une forme de protectionnisme qui ne dit pas son nom. Après avoir rechigné, sous la pression de lobbies altermondialistes, à s’associer aux traités de libre échange avec le continent américain, après avoir sanctionné au nom de la santé publique l'importation de bœuf aux hormones et de denrées alimentaires à base d’organismes génétiquement modifiés (OGM), c’est une nouvelle preuve du recroquevillement mortel de l’Europe. M. Macron a bonne mine d’aller récriminer auprès du président Biden au sujet de sa législation favorisant, pour les mêmes raisons éthiques, l’achat de véhicules électriques à l’exclusion de ceux assemblés hors du sol des États-Unis (Inflation Reduction Act)…

On peut enfin imaginer sans peine la complexité de l’usine à gaz qu’il faudra mettre sur pied, et les bataillons de fonctionnaires qu’il faudra recruter pour faire respecter cet oukase insane, fondé sur le contrôle tatillon de la traçabilité et de la géolocalisation des produits en cause !
Pour conclure, rien ne vient mieux que cette toute récente déclaration d’Alain Aspect, lauréat du dernier prix Nobel de physique, dénonçant «un discours anti-scientifique» qui consiste à dire que «revenir à l'état de nature serait beaucoup mieux». Un discours qui selon lui oublie «qu'avant les progrès de la science, avant l'invention des antibiotiques, des machines pour alléger la peine des hommes, la situation de l'humanité était beaucoup plus misérable qu'aujourd'hui."

07 novembre 2022

Un président au bord du vide

Parti d’on ne sait où, rien n’indique clairement quelle direction il suit. Le Président de la République semble de plus en plus absent de ce monde qu’il survole à la manière de ces mythiques alcyons, porteurs d’heureux présages et annonciateurs d’horizons radieux pour les marins. Dans sa bouche, tout est simple et tous les problèmes sont réglés ou bien en passe de l’être.
S’exprimant toujours avec faconde et facilité, il fait fi des obstacles et de l’adversité avec une décontraction déconcertante. Son regard clair mais gris, étrangement fixe et vide semble accroché à une ligne de fuite imaginaire. Comme s’il en avait conscience, il use et abuse de mouvements de sourcils pour exprimer son assurance.

Pour tenter de désamorcer le mécontentement sourd du peuple à l’approche d’un hiver qu’on nous promet rigoureux, marqué par les pénuries en tous genres, il s’est livré à l’exercice de style qu’il semble affectionner par les temps qui courent : l’interview à bâtons rompus.
En l’occurrence il n’a pas cassé trois pattes à un canard comme l’on dit. Face à la discrète mais déterminée journaliste Caroline Roux, son discours est resté des plus théoriques, et sa rhétorique nébuleuse, pour tout dire déconnectée de la réalité.

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir en main un certain nombre de clés et surtout les éléments d’un diagnostic pertinent.
Pour amener le sujet sensible de la nécessaire réforme des retraites, il s’est par exemple livré à une analyse pleine de bon sens sur le nombre - très bas - d’heures travaillées dans notre pays, sur les montants faramineux et en croissance permanente des dépenses publiques, sur la pression fiscale écrasante qui fait de la France la championne d’Europe.

Hélas, en même temps, il peine à proposer des solutions concrètes. Tout en répétant qu’il faudra selon lui travailler plus longtemps, il affirme qu’il n’est pas bloqué sur l’âge de départ à la retraite et qu’il reste ouvert à toutes les propositions, sachant qu’on ne peut ni augmenter le montant des cotisations, ni diminuer celui des pensions… Et foin évidemment d’autres perspectives, telle celle de la capitalisation, dont il n’ose même évoquer le mot tabou.

S’étant sans doute fait remonter les bretelles quelques heures auparavant par le chancelier allemand Scholz, il insiste sur la nécessaire maîtrise budgétaire. On sait déjà qu’il n’en a cure puisque l’État, à son initiative, multiplie les boucliers tarifaires, les aides, les subventions, et les primes à l'achat ruineuses pour le Trésor Public.
De diminution des impôts il n’en est guère question sauf en trompe-l'œil, comme la suppression de la redevance télévisée et de la taxe d’habitation.
Il se targue d’avoir réussi à endiguer le chômage, mais la journaliste lui rappelle malicieusement qu’il reste plus élevé dans notre pays qu’en moyenne en Europe et qu’il est plus du double de celui de l’Allemagne…
A la déliquescence sociale qui ronge le pays, il n’oppose que des vœux pieux et des résolutions utopiques. Avec un aplomb de bonimenteur, il occulte ainsi, malgré les courbes implacables, la folle progression de la délinquance et se félicite même des résultats pitoyables de son gouvernement en matière de maitrise de l’immigration. S’agissant de l’incapacité notoire des pouvoirs publics à faire exécuter les fameuses Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), il botte en touche, prétextant que c’était pire avant et que ce sera mieux demain !
On reste enfin anéanti, après le fiasco de 5 plans successifs, par l’absence totale de propositions pour remédier au désastre dans lequel patauge de plus en plus le système de santé, notamment les hôpitaux. Le seul expédient serait, à entendre le chef de l’État, d’appâter par des gains substantiels les vieux médecins pour les dissuader de partir en retraite !

Le clou de ce numéro de prestidigitateur très artificieux, fut la colère surjouée à propos de l’alliance des extrêmes, NUPES-RN, pour voter les motions de censure dirigées contre le gouvernement. Lui qui ne fut aucunement gêné de récolter les voix de l’Ultra-Gauche lors de l’élection présidentielle, continue donc de miser sur le procédé éculé consistant à diaboliser le Rassemblement National, tout en racolant la Droite républicaine.
Cela sera-t-il suffisant pour tenir jusqu’en 2027, on peut en douter. Cela ne sera guère propice en tout cas à la mise en œuvre d’une politique déterminée et pragmatique face aux périls qui s’accumulent sur nos têtes. Vu le chaos régnant au Parlement, le pays apparaît de plus en plus ingouvernable. Le débat se meurt sous les coups répétés du marteau pilon du 49.3 et la concertation se perd en vaines polémiques. Le brouhaha factieux voire insurrectionnel émanant de certains bancs de l’opposition pousse à la dissolution. Le Président de la République aura-t-il l’audace si ce n’est le courage d’y recourir ? Et pour quel résultat ?

30 juin 2022

Le gouvernement est dans l'escalier

Entre les ministres battus aux dernières élections et donc poussés vers la sortie, ceux qui sont accusés d’agressions sexuelles, dont le sort est en suspens, ceux nommés à l’issue du scrutin présidentiel, sans programme ni objectif, celle qui vient de se faire "historiquement" élire au perchoir de l’Assemblée et donc démissionnaire de ses fonctions gouvernementales, et enfin madame Borne, promue cheftaine d'équipe, mais dont la légitimité est contestée de toute part, on se demande où est le fameux gouvernement "d'action" annoncé par le chef de l'État.

Cette vacance dure peu ou prou depuis la réélection triomphale au goût d’eau de boudin d’Emmanuel Macron. Déjà plus de 2 mois…
Ce n’est pourtant ni le travail ni les défis à relever qui manquent.
Mais le président semble plus que jamais hors sol. Il est vrai qu'il plane souvent entre 2 réunions internationales. Il vient de clôturer la présidence française du Conseil Européen, qui pour paraphraser Pierre Dac, est partie de quasi rien pour arriver à pas grand chose. Certes la crise ukrainienne a été mise à profit pour consolider un peu les liens unissant les 27, mais peu de progrès ont été obtenus sur la ligne de front et la cohésion économique et politique du conglomérat reste des plus fragiles. Cela n’a pas empêché les grands de ce continent de se congratuler pour le travail “colossal” (selon le mot d'Ursula Von Der Leyen), réalisé par le président français.
Ce dernier est aussitôt reparti pour le sommet conjoint du G7 et de l’OTAN dont il ne sort pas non plus grand-chose de concret hormis le
s habituels vœux pieux en faveur de l’Ukraine et un durcissement des sanctions contre la Russie. Pour détendre l’atmosphère, les chefs d’États se sont livrés aux traditionnelles photos de famille et ont cru bon de plaisanter sur la virilité de Vladimir Poutine.
Cela n’affecte hélas en rien le cours des événements. Les bombes pleuvent plus que jamais sur l’Ukraine et le président russe, qu’on disait malade et affaibli, se paie le luxe de réunir un sommet parallèle de nations ouvertement hostiles au monde occidental. Sous l'appellation de BRICS, ce sont la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud qui montent au créneau pour soutenir Moscou et contrer les sanctions du G7… Ça commence à faire beaucoup !

Le COVID profite de ces guéguerres diplomatiques pour repartir à l'assaut. Un peu partout, les nouveaux variants BA.4 et BA.5 passent à l’attaque. Une fois encore, les Pouvoirs Publics semblent dépassés. On ne sait plus trop s’il y a encore quelqu'un au ministère de la santé. Pas de ligne directrice claire donc, mais quelques vagues conseils. On recommande mollement de se remettre à porter le masque et à faire un nouveau rappel vaccinal, sachant que les produits actuels démontrent chaque jour un peu plus, leur inefficacité. De nouveaux ARN messagers sont certes entrevus, mais pas avant la fin de l'année, lorsque la 7è vague sera passée !

Au chapitre économique et social l'inflation galope et on parle beaucoup du projet de loi pour le Pouvoir d'achat. On promet l'indexation sur la hausse des prix de nombreuses prestations sociales, salaires et pensions. Bonne nouvelle, pour peu qu'elle se concrétise et qu'on trouve le financement à budget constant. Cela n'empêche pas les menaces de grèves et de blocages de se multiplier, et on s'attend à une surenchère démagogique sur les bancs des députés de tous bords.
Alors que l'angoisse populaire monte et que l'attente mine le moral des ménages, les représentants du peuple n'ont rien trouvé de plus urgent que de "graver dans le marbre constitutionnel" le droit à l'avortement, rare sujet qui n'était l'objet d'aucune contestation et d'aucune menace !

Cela dit, on avance en saison et la trêve estivale approche, peu propice à l'action hormis celle consistant à augmenter les impôts, les taxes et les tarifs. A vrai dire, si le gouvernement est dans l'escalier, on ne sait pas bien s’il est en train de monter ou bien de descendre…

25 juin 2022

Déboussolé

Avec un score de plus de 58% des voix, Emmanuel Macron a été réélu quasi triomphalement à la présidence de la république.
Pourtant ce résultat, obtenu à la faveur de l’inepte “barrage républicain”, n’est qu’un mirage qui ne lui donne qu'une légitimité fragile si ce n’est illusoire. Alors que la constitution de la cinquième république et la réforme du quinquennat donnent habituellement les pleins pouvoirs durant 5 ans au chef de l’État, l’échec inattendu auquel il est confronté à l'issue des élections législatives, le déchoit de facto de l’essentiel de cette puissance.

Sans véritable programme, sans majorité, et sans avoir su anticiper quelque nouvelle alliance, il se trouve en situation particulièrement instable. Curieusement, il semble ne pas en avoir conscience.
Son allocution post-électorale, supposée clarifier la situation s’est réduite à ne strictement rien dire, hormis à confirmer la stratégie erratique du “en même temps”. Mais pour faire des compromis, dont il se dit friand, encore eut-il fallu nouer des liens reposant sur des choix clairs et mettre en place un gouvernement représentatif d'une ligne politique cohérente. M. Macron a beau tenter de renvoyer la balle vers les bancs de l’opposition, elle fera forcément faux bond eu égard à la radicalisation des deux bords politiques qui prennent désormais en tenaille sa “majorité relative”. Les divergences d’approche sont majeures concernant la quasi-totalité des thématiques sur lesquelles sont attendus sans délai des projets de lois audacieux. Santé, social, éducation, sécurité, immigration, tout oppose frontalement Droite et Gauche, et rien ne serait pire que de naviguer à vue, en donnant tantôt un coup de barre à bâbord, tantôt un autre à tribord.
Il n’y a pas grand chose à espérer de la recherche d’une majorité au cas par cas. A chaque instant le risque est de déboucher sur un blocage ou bien le consensus mou, synonyme d’inaction ou d’injonctions contradictoires. On voit déjà s’exprimer le rejet massif de la première des ministres alors qu’elle n’a encore rien proposé…

Pire que tout, ce sont les pré-requis édictés par le Président, à savoir, ne pas alourdir le poids de la dette et ne pas augmenter la pression fiscale. Lui-même n’est jamais parvenu à s’y tenir. La crise des Gilets Jaunes puis celle liée au COVID l’ont conduit à laissé filer les déficits “quoi qu’il en coûte”. Avec la loi annoncée sur le Pouvoir d’Achat, les chèques énergie et inflation, les boucliers tarifaires en trompe-l'œil limitant les prix des carburants, il continue joyeusement à enfreindre sa propre règle…
Comment tenir un cap dans de telles circonstances ? Et comment espérer rester maître à bord longtemps ?

20 juin 2022

A bout de souffle

Jamais sans doute au cours de la cinquième république, on n’avait connu pareille situation: un Président de la République largement élu, qui se trouve dans l’incapacité de mobiliser dans la foulée une majorité à l’Assemblée Nationale.
C’est peu dire qu’il s’agit d’un échec cuisant pour Emmanuel Macron dont le second quinquennat s’ouvre sous les pires augures. Sa coalition gouvernementale perd près de cent sièges et se trouve désormais dans l’impossibilité de faire voter les lois sans recourir à des compromis, si ce n’est des compromissions, avec les différents courants d’opposition. De surcroît, elle sera exposée au risque permanent de voir s’abattre le couperet de la motion de censure.

Cette évolution apparemment inattendue était pourtant prévisible depuis de nombreuses années. A force de vouloir ostraciser toute opposition qualifiée “d’extrême-droite” ou de “non républicaine”, à force d’exclure un flot croissant de citoyens du débat politique, les digues ont fini par se rompre.
Foin de proportionnelle, foin de barrage aux extrêmes, le paysage démocratique (si tant est qu’on puisse encore lui donner ce nom) se trouve submergé de toute part. A l'exception du Rassemblement National qui fait une entrée triomphale, les partis se retrouvent morcelés, lorsqu’ils n’ont pas été regroupés sous forme de magmas nauséabonds, formés à la va-vite à seule fin d’engranger le maximum de postes.
A ceci s’ajoute l’absence durable de ligne directrice, de programme clair, de pragmatisme et de détermination manifestée par les Pouvoirs Publics, ce qui a progressivement conduit à faire monter une abstention devenue massive (moins d’un citoyen sur deux s’est déplacé pour voter). C’est aujourd’hui la question de la légitimité même de l’Assemblée Nationale qui se pose.

Comment gouverner le pays dans un tel contexte, c’est une autre question à laquelle devra s’atteler sans délai le chef de l’État. La dissolution et le référendum sont des armes redoutables qui se retournent souvent contre celui qui les emploie. Sera-t-il tenté une fois encore par la stratégie du “en même temps” qui consisterait à chercher ici ou là un soutien occasionnel en fonction des circonstances ? Il y a de grandes chances que cela s'avère infructueux voire carrément incohérent, au regard de la radicalisation croissante des esprits, et le risque est d’aboutir très vite à un vrai fiasco si l’on songe à la première des réformes promises, des plus délicates, à savoir celle des retraites…

13 juin 2022

Marchés de nupes

Il est des moments où l’on croit rêver. La réalité semble tellement absurde qu’elle décourage parfois le bon sens.
Au terme de scrutins électoraux de plus en plus farfelus, on voit ainsi ressurgir le spectre de la gauche dans sa version la plus ringarde qui soit, sous forme d’un attelage insane. Vertigineuse accumulation de mensonges et de démagogie auxquels la crédulité populaire semble hélas accorder quelque crédit. Tant qu’il y aura des yeux pour les voir, les mirages seront propres à les tromper.
Le résultat du scrutin entamé ce jour dira ce qu’il en est de notre démocratie réduite à l’état de vestige si tant est qu’elle fut un jour solide. Comme prévu, l'abstention est reine, car au fond du fond, beaucoup d’électeurs ont vraiment cessé de croire aux promesses. Le président tout fraîchement réélu risque de n’avoir derrière lui qu’une armée d’ombres, à l’image de ses étendards aussi diaphanes que son projet et sa détermination. Paradoxalement les seuls partis dont on attendrait qu’ils constituent une force alternative, se perdent en détestation réciproques.
Aujourd’hui les formations arrivant en tête en matière de suffrages ne parviennent à réunir qu’à peine plus de 10% des électeurs inscrits. Comment gouverner avec un tissu politique aussi effiloché ? Et de toute manière, quelle politique les citoyens veulent-ils vraiment ? Veulent-ils affronter sans détour inutile la dureté des faits ? On peut s’interroger tant le cours des choses est devenu erratique.
Au quotidien, l’inflation quant à elle gagne du terrain chaque jour, en grignotant le fameux pouvoir d’achat auquel le gouvernement fait mine d’attacher tant d’importance. Il n’était pas besoin d’être grand clerc pour supputer qu’à force de créer et de distribuer de la monnaie, “quoi qu’il en coûte”, depuis des années, l’argent perdrait de sa valeur. C’est désormais chose faite, et plutôt que de battre leur coulpe, ceux-là même qui nous ont précipité dans cet abîme, nous expliquent benoîtement que l’inflation va s’aggraver et durer. Ils voudraient faire croire qu'en distribuant des chèques en bois, et en bloquant artificiellement les prix des matières premières et des ressources énergétiques, ils vont “protéger” le bon peuple. Une fois encore les masques tomberont tôt ou tard car les pis allers ne sont jamais des solutions…
Partout, le désastre étend son emprise à l’image de l’incurie croissante des gouvernants. La société craque de toutes parts, l’insécurité et la violence progressent à mesure que les forces de l'ordre se découragent, tandis que les amortisseurs sociaux s’affaissent inexorablement. Le système de santé est en miettes et aucune perspective ne se fait jour pour remettre d’aplomb l’édifice en voie d’effondrement.
La politique étrangère est elle aussi à bout de souffle. En Ukraine, la guerre continue de faire rage, envenimée par des actions en forme de coups d’épées dans l’eau par les gouvernants occidentaux bien intentionnés mais impuissants. Ni les vœux pieux, ni les déclarations martiales, ni les livraisons d’armes, ni les blocus, ni les sanctions n’ont d’autre effet que de prolonger les hostilités. Ici encore pas la moindre détermination, et en guise de morale, on a des larmes de crocodiles. Celles de Biden par exemple devant une école massacrée par un dément, tandis qu’il multiplie les annonces de livraisons d’armes, toutes plus terribles les unes que les autres, aux malheureux ukrainiens…
Pendant ce temps, le carrousel fou des réglementations continue de tourner. Non contents d’avoir au nom de lubies prétendument écologiques, désorganisé la stratégie énergétique et avalisé de vastes programmes de démantèlement des centrales nucléaires, les députés européens viennent de voter l’interdiction de la vente de tout véhicule thermique à l’échéance 2035 (essence, diesel et même hybride). Tout cela sans aucune certitude de pouvoir se libérer de toute dépendance industrielle vis-à-vis de la Chine, sans souci de savoir comment mettre en œuvre le recyclage, et sans pouvoir affirmer que des bornes de recharge seront disponibles aux quatre coins du territoire.
Par un paradoxe cocasse, au même moment, l’agence européenne des produits chimiques (ECHA), après plusieurs autres organismes étatiques et au vu d’édifiantes études scientifiques, conclut que le glyphosate n’est pas cancérigène. Ce constat ouvre la voie à une levée des ukases limitant l’usage du fameux produit, par pur principe de précaution. Il est vraiment des moments où l’on croit rêver…
 
Illustration: charlatans et bonimenteurs d'autrefois. Gravure.

06 mai 2022

Grenouillages

Après l’élection présidentielle et les belles déclarations d’intention, les invocations rituelles à l’esprit de la république et à la vertu citoyenne, les tripatouillages politiques reprennent de plus belle à la perspective du renouvellement prochain de l’Assemblée Nationale.

On assiste au jeu des alliances incongrues dont le principal dessein est de préserver les petits intérêts particuliers. Le spectacle le plus consternant pour ne pas dire abject est celui offert par la coalition insane des gauches, recroquevillée derrière l’étendard miteux des prétendus Insoumis. Foin d’écologie, d’Europe, de laïcité, de justice sociale et autres fariboles nébuleuses destinées à abuser le bon peuple. On s’en moque désormais car il faut sauver les meubles quitte à laisser s'abîmer le bâtiment dans le chaos aux accents révolutionnaires d’un autre âge. Cette armée mexicaine se range piteusement derrière l’électorat racolé à force de démagogie par Mélenchon auprès des musulmans, des aigris, des excités de tout poil, et des factions appelant à la destruction du capitalisme, de la liberté, de la démocratie auxquels ils ne pigent que couic, si ce n’est les richesses sur lesquelles ils espèrent faire main basse.

A droite, la situation n’est guère plus reluisante. Les rats quittent le navire en perdition des Républicains, dont il ne restera bientôt plus qu’un souvenir. La plupart s'égayent vers le grand ventre mou du centre présidentiel, rebaptisé à la va-vite Renaissance (tu parles d’une résurrection, sans programme, sans direction, sans volonté…) Aucun pour l’heure ne fait mine de se tourner en direction du Rassemblement National, plus pestiféré que jamais. Comme à l’accoutumé, son score se réduira comme peau de chagrin à l’épreuve des Législatives. Reproduisant curieusement le procès en sorcellerie dont il s’estimait victime, le RN refuse quant à lui tout rapprochement avec son seul allié potentiel, à savoir le nouveau parti Reconquête! On peut se demander si le scrutin à venir ne sera pas fatal à ce dernier, fondé dans l’ivresse de lendemains qui chantent par Eric Zemmour mais déjà devenu intouchable, faute d’avoir manifesté sans langue de bois des convictions trop abruptes. Malheur au vaincu…

04 mai 2022

Procès en Absurdie

Les poursuites entamées à l’encontre du professeur Raoult et de l’Institut Hospitalo-Universitaire qu’il dirige à Marseille tiennent davantage du procès en sorcellerie que d’une procédure régulière, objective et indépendante.
Il s’agit en effet d’une enquête à charge, entreprise sur dénonciation de médias politisés, et conduite par un organisme d'état, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM), si peu fiable qu’elle dut changer de nom il y a quelques années pour restaurer un peu de sa crédibilité perdue après nombre de fiascos dont celui, retentissant, du Mediator (AFSSAPS).
Selon les termes employés par les inspecteurs chargés du contrôle, M. Raoult aurait violé les protocoles régissant la recherche clinique, relatifs notamment à l’avis préalable d’un comité d’éthique et à l’obtention du consentement éclairé des patients.
A ce stade, il n’est évidemment pas possible pour le péquin moyen de savoir quels sont les torts réels du sulfureux professeur. Mais, considérant les hautes qualités scientifiques de la plupart de ses travaux, on peut dès à présent faire preuve d’une certaine mansuétude à son égard. Ajoutons également que si la loi est la loi, il existe plus qu’un doute quant au bien fondé de cette dernière, lorsqu’elle se perd en exigences aussi tatillonnes et complexes que paralysantes. Les lois inutiles ne font que fabriquer de manière absurde des hors la loi, dont la désobéissance n’est pas toujours illégitime et surtout ne relève pas nécessairement de négligence ni même d’un acte volontaire. Les réglementations sont devenues si absconses, tordues, voire contradictoires, qu’il est de nos jours souvent difficile pour le chercheur de savoir si, avec la meilleure volonté du monde, il les respecte stricto sensu ou bien s’il y contrevient.
Le drame est que l'application de ces règles ubuesques est placée sous la tutelle inquisitrice de petits potentats irresponsables, supposés veiller à la protection des personnes, mais régulièrement pris en défaut dans leur mission, en raison de leur inertie, de leur myopie, ou bien tout simplement de leur inefficacité.
Le fait est que depuis la pandémie due au COVID et les prétendues frasques du professeur Raoult, il est devenu la bête noire de l'administration parisienne, l’homme à abattre à tout prix. Même si son attitude a pu paraître discutable sur certains points, il s’est pourtant illustré dès le début de l’épidémie par une conduite exemplaire, rigoureuse et innovante. Est-ce donc cela qu’on ne lui pardonne pas ?
Avec le carcan réglementaire actuel, rappelons que jamais Pasteur n'aurait pu mener ses travaux, plus que discutables au plan éthique, pour aboutir à la mise au point du vaccin contre la rage…

La mise en accusation du policier auteur d’une fusillade mortelle sur le Pont Neuf le soir de l’élection présidentielle, relève a priori du même procédé. Ce fonctionnaire est l’objet non pas d’une simple enquête mais d’une mise en examen au motif qu’il a tiré sur des contrevenants pris en flagrant délit et qui n’avaient pas hésité après avoir refusé d’obtempérer, à foncer avec leur véhicule sur les policiers. Dans l’attente de sa comparution, il fait l’objet de mesures très contraignantes. Il a en effet interdiction de quitter le territoire, de porter une arme et de côtoyer l’ensemble des effectifs de son service. S’il peut continuer d’exercer, il doit le faire sans entrer en contact avec le public. Fait encore plus ahurissant, ces mesures ont été assorties d’une obligation de soins.
Contrairement à ce que l’on rabâche sur la présomption d’innocence, il s’agit pour reprendre la terminologie judiciaire classique, d’une inculpation, donc d’une présomption de culpabilité. L’hypocrisie de notre époque est telle qu’on va jusqu’à changer les mots et les appellations pour édulcorer ce qu’on ne veut plus nommer. Résultat, on ajoute au malheur du monde…
Le policier est donc accusé d’homicides volontaires, ce qui l’expose à être condamné en assise à une peine de prison pouvant aller jusqu’à 30 ans.
La partialité des juges et l’inversion des valeurs sont devenues telles que rien n’est dit en revanche sur les malfrats et le ténébreux trafic auquel ils se livraient selon toute vraisemblance ce soir-là, à deux pas de la préfecture de police, comme en de nombreuses occasions antérieures au drame, qui leur avait valu d’être “connus défavorablement par les services de police”… Le jeu du gendarme et du voleur n’est décidément plus ce qu’il était...

Pendant ce temps, M. Macron savourait sa victoire sans péril ni gloire, lui qui dénonçait il y a quelques mois “les violences policières”, et qui affirmait il y a quelques jours à peine qu’il était contre la légitime défense. Bien que le cas de figure d’un policier amené à faire usage de son arme contre des individus faisant courir un risque jugé majeur pour la sécurité publique échappe a priori à ce contexte, la déclaration du chef de l’Etat révèle un état d’esprit inquiétant dans une société en voie de délitement social et de perte rapide de repères. Au rythme actuel, y aura-t-il encore des policiers pour faire régner un tant soit peu d’ordre public ? Comble du ridicule et de l’hypocrisie, M. Mélenchon, chantre de l’ultra-gauche, apôtre de la violence révolutionnaire, qui ne perd jamais une occasion de fustiger la brutalité des forces de l’ordre, s’insurgeait à l’occasion des dégradations et des pillages observés le 1er mai à Paris, critiquant non pas les voyous mais l’incapacité du préfet à garantir le droit de manifester tranquillement…

25 avril 2022

Rien

Rien, cette écume vierge vers
A ne désigner que la coupe
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l’envers…

J’aime ces vers de Stéphane Mallarmé*, à l'élégance parnassienne. Ils sont beaux et hermétiques, comme les nébuleux discours et les brillantes promesses d’Emmanuel Macron, réélu hier soir, sans aucune surprise par un pays en voie de fossilisation.

Mais si l’art pour l’art se conçoit dans le champ poétique, il en est autrement du débat politique, tombé lui dans l'abîme de l’absurdité.
Si une fois encore, l'épouvantail du fascisme a fonctionné auprès du bon peuple, que peut-on attendre d'un président artificiellement confirmé dans ses fonctions à la manière de Jacques Chirac en 2002 ?

Sans réel programme hormis un catalogue de bonnes intentions et des flopées de paroles lénifiantes, fera-t-il mieux que ce qui reste de son premier mandat, c’est à dire quasi rien ?
Il dut affronter des crises dit-on, mais la première, celle des Gilets Jaunes, c’est lui qui l’avait provoquée en taxant inconsidérément les produits pétroliers et en sur-réglementant la vitesse sur les routes. La deuxième, celle du COVID, à laquelle il fut confronté malgré lui, il la géra fort mal, se montrant excessivement dirigiste dans l’action, mais en retard à chaque étape, à la manière des carabiniers. S’agissant de la troisième, la vraie guerre en Ukraine, dans laquelle il n’est pas plus impliqué que n’importe quel chef d’Etat, le moins que l’on puisse dire est que son rôle se borne à un dialogue de sourds avec Vladimir Poutine.

En politique intérieure, son action s’est révélée aussi inefficace qu'incohérente. Il fut dans l’incapacité de mener à bien la seule grande réforme du quinquennat, celle des retraites. Pire, après avoir fustigé le “pognon de dingue” des dépenses publiques, il s’est mis à jouer au Père Noël en distribuant tant et plus l’argent que l’Etat ne possédait plus depuis longtemps, apportant ainsi sa peu glorieuse contribution à l’endettement massif du pays.
En matière de prélèvements, il diminua certes un peu les charges pesant sur les salaires. Mais ce fut au prix d'une folle croissance de la taxe carbone, et d'une sévère augmentation de la CSG (+1,7 point, soit 22,6% !). Il feignit de supprimer l’ISF et la taxe d’habitation, mais le premier changea simplement d'assiette et de nom, devenant IFI, la seconde fut juste centralisée à Bercy. En somme, la prétendue baisse de la fiscalité ne fut qu'un trompe-l'œil se résumant à de simples transferts de charges.
Le chômage reflua certes, mais moins qu'ailleurs.
Face aux problèmes récurrents de l'immigration clandestine,  de l'insécurité, il opposa des flots de paroles martiales mais se borna à l'attentisme sur le terrain.
S'agissant du système de santé, 4 plans successifs n'ont rien changé au désastre, hormis le saupoudrage de quelques primes ici ou là.
Sur la nation plus que jamais asservie à l’État Providence, la gangue bureaucratique continue de s'étendre ainsi que la marée des législations inutiles, redondantes, contradictoires ou tout simplement liberticides.
En politique internationale enfin, ses hardies gesticulations n'aboutirent en général qu'à des fiascos (Brexit, Liban, Mali, Ukraine...).
Bref, un bilan peu reluisant.

À l'issue du scrutin, son discours célébra une victoire qui selon ses propres mots “l’oblige” envers ceux qui ont voté pour lui, pour “faire barrage à l’extrême-droite”. Il indique de ce fait qu’il tiendra davantage compte de la clique haineuse de Mélenchon (en donnant un probable coup de barre à gauche) et de l’armée mexicaine des coco-bobo-écolos (en annonçant un nouveau rouage administratif de "planification énergétique"), que de la marée montante des 41% d’électeurs lassés de l'absence de détermination et de stratégie des dirigeants depuis des décennies. Tout porte à croire que ce quinquennat sera donc un coup pour rien, “comme d'habitude”, comme dit la chanson...

* Salut, par Stéphane Mallarmé. Poésies/Gallimard

13 avril 2022

Un pays fossilisé

Eric Zemmour n’a pas su convaincre assez pour bouleverser le scrutin de ce premier tour, mais ses diagnostics politiques étaient les bons. Valérie Pécresse s'est donc ralliée, sans arme ni bagage dès 20h02 à Emmanuel Macron et en dépit de sa monstrueuse déculottée, la Droite dite républicaine continue avec acharnement de faire tout pour achever de se suicider. Elle reste soumise au leitmotiv grégaire du “tout sauf Le Pen” qui consacre le succès du piège tendu il y a plusieurs décennies par l’homme de Jarnac.
Force est de constater que les partis politiques traditionnels sont arrivés au bout de leur logique destructrice. Se retrouvant tous sous la barre des 5% des suffrages, ils feraient presque pitié, ruinés qu’ils sont, et misérablement retranchés dans la dernière tour de leurs châteaux en miettes, d’où ils ne voient plus rien du pays depuis bien longtemps.

Comme l’avait prédit Zemmour, Marine Le Pen sera battue dimanche prochain. On nous refait pour la nième fois le coup de la République en danger et de l’exhortation à l’union sacrée contre la peste brune. Macron lui-même, feint d’avoir peur, mais en réalité chacun et lui le premier, sait que les jeux sont faits.
De toute manière, il semble évident que l’égérie du Rassemblement National concourt pour la beauté du geste, mais qu'elle n’a guère envie de se retrouver à l’Élysée. Reprenant à son compte l’antienne de la diabolisation, elle trouve même le moyen de bouder le seul soutien qui ait osé s'exprimer en sa faveur et a poussé la rancune jusqu'à préciser qu’elle ne ferait pas de place à Marion Maréchal dans un éventuel gouvernement. Elle aurait, au demeurant, bien du mal à le constituer, si tant est qu’elle obtienne une majorité à l’Assemblée Nationale !

Le débat politique reste donc durablement congelé en France. Emmanuel Macron peut surfer dans la mousse vaporeuse de ses belles déclarations d’intention. Sans parti, sans conviction, sans détermination, il n’a, comme le joueur de flute de Hameln, besoin de rien d’autre que son pouvoir de séduction personnel.

Il est paradoxal que l’opposition soit à ce jour représentée par deux leaders en fin de carrière, l’une tirant sa légitimité d'un bon tiers de l’électorat qu'elle s'avère incapable de faire sortir de l’impasse politique, l’autre véhiculant une idéologie démagogique et revancharde, aux relents nauséabonds de Grand Soir. On frémit quand on pense qu’il aurait pu atteindre le second tour si la vieille garde révolutionnaire trotsko-lénino-marxiste s’était jointe à lui. Heureusement, le collectivisme n’empêche pas l’individualisme égotique…

Si toute personne dotée de bon sens et de pragmatisme peut caresser l’espoir de voir la Gauche se disperser, en même temps que ses illusions mortifères, il est souhaitable qu’on puisse assister à une recomposition du paysage politique après cette élection et qu’un vrai débat soit en mesure enfin de s’instaurer. Cela pourra peut-être s’opérer sur les ruines fumantes du vieux monde politique. On peut en douter tant la raison dans notre pays semble réduite à l’état de fossile…

18 janvier 2022

Le règne des leurres

Les années se suivent et se ressemblent. Rien de nouveau ne semble vouloir surgir sous le ciel ténébreux des idées reçues. Les failles apparues dans les fondations du modèle sociétal dont nous sommes les héritiers gâtés ne cessent de s’élargir. Et les piliers de ce qu’on croyait être le sens commun s’effritent comme les colonnes du Parthénon.
Faut-il encore chercher à écouter la rumeur publique tant elle contient de leurres et de billevesées ? Y a-t-il encore une espérance de voir restauré ce monde en péril ?

Alors que la pandémie semble en voie d’apaisement, on voit toujours autant de folie à son sujet, venant de tous bords y compris de celui des Pouvoirs Publics. Les laborieux débats concernant le passe vaccinal, devenu inutile avec le nouveau variant, sont à l’image de l'inertie et de l’impuissance de l’État et plus encore de son incapacité à proposer des mesures pragmatiques.
Si l’on se penche au-dessus du chaudron des finances publiques, c’est un vertige qui vous étreint. L’ébullition chronique du budget de de la Nation échappe à tout contrôle et les dettes débordent de toutes part. Plus rien ne semble arrêter l’illusion de puissance de nos dirigeants, qui tels des apprentis sorciers, croient pouvoir tout décréter du haut de leurs chaires dorées. M. Lemaire,
notre bien mal nommé ministre de l’économie, croit avoir trouvé la corne d’abondance d’où sourd l’argent magique. Il imagine qu’il peut commander à la croissance un rythme de 4%. Comme premier résultat, on voit revenir en force l'inflation, dévoreuse de prospérité ! Il cherche à nous convaincre qu’il est capable de stopper l’augmentation insensée du prix de l’électricité en imposant à EDF, déjà déficitaire, de vendre son énergie à perte. Pire, lui et le gouvernement, sous la pression de lobbies écologiques déments, s’amusent à troquer des centrales nucléaires pour des moulins à vent. Politique tellement inconséquente qu’elle conduit ces gens à redémarrer pour éviter la pénurie d’antiques et polluants fours à charbon en important la matière première à prix d’or !

A quelques mois de l’élection présidentielle, les débats d’idées sont définitivement enlisés dans la médiocrité des petites phrases et des polémiques ineptes. il n’est pas nécessaire d’épiloguer sur le très jouissif désarroi de ce qu’il est convenu d’appeler le “peuple de gauche”. Il n’est que d’espérer qu’enfin cet infâme château de cartes s’effondre pour de bon. Pour l’heure, seul émerge encore le camarade Mélenchon, qui pour masquer l’inanité de son projet, tente d’épater les quelques gogos restant accrochés à l’idéologie, avec ses “meetings immersifs et olfactifs”. Derrière l’écran de fumée, le spectre grimaçant continue de réclamer avec cupidité revancharde un “partage des richesses ferme et assumé…”

Pour le reste, on assiste à la répétition usante des punchlines à deux balles. M. Macron a osé déployer sous l’Arc de Triomphe un drapeau européen sans y avoir associé la bannière tricolore. Scandale chez les bien pensants de tout poil et retrait penaud dudit pavillon quelques heures après… Européisme de pacotille d'un côté, nationalisme de mauvais aloi de l'autre.
Madame Le Pen se fait filmer de manière un tantinet histrionique devant la pyramide du Musée du Louvre. Panique chez les gardiens de la Culture qui exigent illico le retrait de cette vidéo offensante. Il est vrai que contrairement à M. Macron, dont elle imitait la mise en scène grandiloquente en 2017, la bougresse n’est pas encore élue !
M. Zemmour continue quant à lui à jeter des pavés dans la mare. Effet garanti. Ses déclarations relatives à la prise en charge éducative des enfants handicapés ont éclaboussé tout le Landerneau politico-médiatique. Haro sur le baudet ! Les ligues de vertu sont montées au créneau, pour jeter sur l'hérétique des tonneaux d’huile bénite, mais bouillante. Faute d’avoir écouté l’ensemble des propos, personne n’a pensé à argumenter sur le fond, qu’il est vraiment le seul à remuer.
A la fin des fins, ce ne sera pas celle des haricots, mais peut-être celle de la baguette de pain ! Le pays est arrivé si bas dans l’insignifiance, que l'initiative de Michel-Edouard Leclerc d’en bloquer le prix à 29 centimes a soulevé un tollé hallucinant. Plusieurs jours durant, on n'a parlé que de ça (et du COVID…) ! Il ne s’agissait pourtant pour le roi des hypermarchés que de contrer à ses frais (et non à ceux des contribuables), les effets de l’inflation sur un produit de première nécessité. Pour paraphraser M. Leclerc, combien faudra-t-il encore endurer de telles “polémiques à la con” ?

30 octobre 2021

Zemmouriana

Il y a peu, on pouvait déplorer la mort du débat politique et l'inanité du vote en France. Tout était en effet aussi morne que la plaine de Waterloo et nulle idée, nul élan ne se faisait plus jour. Mais depuis quelque temps on assisterait plutôt à une renaissance. Non pas hélas que les politiciens aient retrouvé verve et convictions. Mais un homme a débarqué dans le jeu à grand fracas et sa popularité imprévue mais croissante le place sur un petit nuage. Il est partout, on ne parle que de lui et chacun se trouve par la force des choses, contraint de réagir face à ses constats cinglants et ses propositions iconoclastes.
S’il y a un renouveau du débat, il faut bien dire qu’on le doit à une personne et une seule. C'est Eric Zemmour qui fait le job. C’est lui qui crée les sujets et qui donne le La à l’orchestre déconfit qui peine à l’accompagner dans l’ombre. On le savait depuis des lustres positionné sur le thème du chaos migratoire, sur celui de la Nation souveraine, ou bien sur celui de la sécurité intérieure, mais il étend le champ de ses implacables démonstrations à tous les sujets sociétaux, et à l’économie qu’il survole avec aisance et une connaissance aiguë des chiffres.
Bien sûr il n’est pas possible d’être d’accord avec lui sur tout mais son enthousiasme est communicatif et à moins de refuser de manière sectaire la confrontation des idées, il faut bien dire que les échéances électorales redeviennent excitantes à la faveur de cette nouvelle dynamique.
Récemment il abordait le sujet de la sécurité routière, critiquant l’excès des limitations de vitesse sur les routes et la notion même de permis de conduire à points, qui n’a selon lui jamais fait ses preuves. Résultat, tout le ban et l’arrière ban lui emboîta le pas, cherchant vainement à justifier, par principe, des réformes ineptes.

Le 26 octobre dernier il faisait une audacieuse incursion dans la ville de son enfance, Drancy. On peut saluer son courage et le brio avec lequel il mena cette visite dans un contexte plutôt tendu. A force d’argumentation, il parvint à faire se dévoiler une musulmane présentée comme franco-marocaine, en faisant pour un instant d’elle une femme libre. L’instant d’avant elle avait avoué qu’elle ne portait le voile “ que depuis quelques mois”, reconnaissant de manière implicite qu’elle était sous influence et qu’il se passait donc quelque chose de nouveau au plan religieux dans notre pays. Il fit reconnaître à un jeune franco-algérien qualifié d’ancien délinquant, qu’il fallait cesser de “faire des bêtises” s’il voulait faire honneur à la France. Il démontra que les boucheries étaient devenues exclusivement hallal et qu’une des rares associations sportives réputées laïques, était devenue un îlot en perdition dans cette jungle manifestement hostile à tout ce qui représente la France.
Aucune personnalité politique n’avait osé se présenter avec autant de sang froid et de détermination, “face à la rue”, comme titrait l’émission animée par Jean-Luc Morandini. Marine Le Pen, de plus en plus à la traîne, ne fit qu’une pâle imitation de cette prestation quelques jours après à Alençon. Elle se rendit également chez Orban en Hongrie, mais avec un mois de retard sur Zemmour, lui-même accompagné de sa nièce Marion Maréchal...

Faute d’arguments à lui opposer, beaucoup voudraient censurer l’intrus si politiquement incorrect. Il dérange le ronron insipide dans lequel végétait le pays, mais celles et ceux qui se font un devoir de le combattre réagissent à côté, faute de l'avoir vraiment écouté ou bien parce qu’ils font semblant de ne pas comprendre ses gestes et ses propos, pour mieux les déformer. Marlène Schiappa, qui n'est probablement pas une imbécile mais qui fait tout pour qu'on la prenne pour telle, s’est illustrée à ce jeu insignifiant. Après avoir ravalé les propos de Zemmour à ceux qu'on entend dans les bars PMU (affirmant toutefois pour rattraper sa gaffe qu’elle adorait ces endroits), elle monte en épingle de manière ridicule la fameuse séquence du fusil. Comment ces gens peuvent-ils imaginer qu’avec de tels expédients, ils puissent freiner l’ascension de celui qui les fait tant enrager ?
Certains voudraient carrément le faire taire. On a vu les manœuvres comptables minables du CSA. On voit également à l'œuvre les petits censeurs qui sévissent dans le Service public de l’information. C’est une pure ignominie.

La cerise sur le gâteau, c’est quand même lorsque les soi-disant adversaires d’Eric Zemmour poussent la stupidité jusqu'à lui donner raison par leurs raisonnements en forme de sophisme.
Ainsi Christian Estrosi, maire de Nice, appelle la droite à combattre Zemmour « de toutes ses forces » en vue de la Présidentielle 2022, mais dans le même temps, il déplore que la Droite “a déserté le combat”. N’est-ce pas l’aveu que la Droite n’est plus la Droite ? Et où se situe-t-il, lui qui se dit membre des Républicains, mais qui soutient Emmanuel Macron et son parti LREM ? Et où sont Xavier Bertrand et Valérie Pécresse qui ont quitté leur parti en claquant la porte et qui reviennent sans vergogne quérir son investiture ?
M. Larcher, président du Sénat, juge quant à lui, que M. Zemmour “hystérise le débat”. Pour autant il reconnaît qu'il « aborde de vraies questions », et fait des constats pertinents en affirmant que « nos capacités d’intégration et d’assimilation sont saturées ».
Il ajoute “qu’il n'y aurait ni phénomène Le Pen ni phénomène Zemmour si nous avions mieux traité ces questions.” CQFD.
Jusqu’où ira le trublion, c’est difficile à dire. A-t-il l’étoffe d’un homme d’état, c’est à voir. Mais à l’écouter on ne s’ennuie pas, c’est un fait. Et le désordre et la panique qu’il suscite dans les états-majors des vieux partis englués dans les lieux communs lénifiants et les impasses idéologiques est à lui seul jouissif…

14 octobre 2021

La Mort du Débat

Cette fois la terre tremble pour de bon sur la planète politique de France.
Ce séisme était prévisible et avait été précédé d’alertes itératives mais elles avaient été minimisées voire négligées.
Notre médiocre république, qui n’a de démocratique que l'illusion, est depuis des décennies parcourue par de sinistres convulsions. Aujourd’hui, c’est à ce qu’il paraît, l’acmé de cette crise.

Pour en arriver là, il a fallu bien des lâchetés, bien des faiblesses, bien des paroles ronflantes mais creuses, et tant de promesses jamais tenues, de la part de la quasi totalité du monde politique. Le désastre actuel leur incombe donc totalement. La plupart des politiciens ont tout fait pour galvauder les mots de république, de constitution, de démocratie. Ils ont laissé pourrir par leur incurie le fameux trépied Liberté Egalité Fraternité qui aujourd’hui ne veut plus rien dire. Enfin, ils ont mis un zèle incroyable à détruire leur propre image, leur fonction, leur idéologie, leur parti…

Sans remonter à Mathusalem, on se souvient comment François Hollande, par ses magouilles à deux balles, son indétermination incurable et son absence de leadership avait fini par réduire en bouillie le Parti Socialiste en même temps que ses ambitions personnelles. Certes avant lui Mitterrand avait dénaturé le socialisme en faisant alliance avec les communistes, et Jospin "l’austère qui se marre", l’avait ringardisé. Mais l’essentiel du mérite revient sans sourciller au plus calamiteux des présidents de la cinquième république !

A droite, la stratégie ne fut guère plus brillante. Jacques Chirac avait mené son camp dans une impasse à force de trahir sans arrêt ses engagements et surtout de rejeter de manière primaire tout ce qui était plus à droite que son RPR, notamment le Front National, vouant une haine féroce et stupide à ses dirigeants, et un mépris définitif pour toutes les thématiques qu’ils agitaient, non sans raison parfois. Pris dans le piège diabolique ourdi par le faquin de Jarnac, il avait fini par zigouiller son propre camp.
Héritier controversé et instable, Nicolas Sarkozy tenta de le remettre debout mais par son inconstance et ses frasques, il ne fit qu'en clouer le cercueil. Son quinquennat entamé en fanfare a fini en eau de boudin et depuis l’échec retentissant de 2012, suivi de la pantalonnade Fillon, on assiste au ballet navrant des petits chefs de cette armée mexicaine en déroute, venant fleurir avec componction la tombe où gît la Droite, chacun réclamant le retour à l'union derrière son petit fanion dérisoire.

Force est de constater que de son côté, Marine Le Pen a raté la transition post Jean-Marie. Sa stratégie racoleuse à gauche, erratique au plan économique et de plus en plus floue sur les thèmes de la sécurité et de l’immigration a fait un flop. Son incapacité à assumer un dessein national et à incarner la fonction présidentielle ont provoqué le déclassement progressif du mouvement dont elle s’est crue obligée de changer le nom, en vain.
Il est inutile de trop s’étendre sur les problèmes des autres formations, surnageant de part et d’autre. Aucune n’émerge vraiment et les rodomontades et dissensions grotesques qui divisent durablement ceux qui font de l’écologie leur étendard, fort minable au demeurant, est à l’image de l’effondrement du débat politique et de la crédibilité de ses acteurs dans notre pays.
Il reste Emmanuel Macron, arrivé par effraction au sommet de l’Etat, mais qui n’a pas réussi à fonder de parti, ni à s'entourer de gens d’envergure significative. Il survit toutefois dans les sondages, sur son îlot à 25%, bien qu’il ne soit parvenu à rien de concret durant son mandat, hormis entretenir une grogne sociale permanente.

Il n'est en somme pas besoin de faire l'éloge d’Eric Zemmour qui est en train de devenir un acteur politique de premier plan et d'enclencher une dynamique populaire inédite. Il est probable qu'il ne souhaitait pas ce rôle mais il lui échoit car il n'y a personne d'autre pour l’assumer. Ce sera donc lui.
Il n'est pas nécessaire d'être d'accord avec toutes ses idées pour éprouver une certaine satisfaction d'entendre enfin quelqu'un parler sans détour ni circonlocution et faire preuve de vraies convictions (cf le problème Zemmour 1 et 2).
Son succès s'explique donc aisément. Jusqu'où ira son ascension, sera-t-il même candidat, ce sont pour l’heure les seules questions qui vaillent.

Le fait est qu’il désarme toute opposition et renvoie sans difficulté dans les cordes celles et ceux qui cherchent à enrayer son ascension, tant leurs arguments paraissent inappropriés, inopérants, voire franchement stupides à force de vouloir systématiquement se démarquer de lui.
Foin des blagues nauséabondes des humoristes du service public, qui tombent à plat, foin des rodomontades de Ruquier qui joue au caïd borné, à la manière d'un petit Beria, en souhaitant qu’on éradique “le virus Zemmour”. Foin enfin des ministres, totalement à court d'inspiration et sentant le sol se dérober sous eux, qui y vont de leurs invectives dont la répétition niaise épuise les esprits : négationnisme, révisionnisme, pétainisme, fascisme, peste brune…
En somme, sans vouloir minimiser son talent de bretteur, Zemmour grandit parce que tout s’effondre autour de lui.
Il ne reste plus grand chose du débat politique. Ni stature, ni idée, ni dessein. C’est vrai de Marine Le Pen qui s’enlise inéluctablement et de plus en plus rapidement dans le déni. C’est vrai des candidats putatifs de droite tels Valérie Pécresse qui s’époumone dans le désert à faire croire qu’elle a pris en considération le problème de l’immigration, ou de Xavier Bertrand, de Michel Barnier qui ont passé tellement de temps à polir leur image de rassembleurs consensuels qu’ils se retrouvent de plus en plus isolés et transparents. C’est vrai enfin de tous les groupuscules plus ou moins insoumis qui patinent dans la semoule faisandée de la révolution.
M. Macron quant à lui conserve un certain potentiel de sympathie en dépit d’une politique toujours plus incohérente, contradictoire et inefficace. Pour combien de temps ? Il est à ce jour la cible des attaques d’Eric Zemmour, qui semble avoir déjà évincé tous les autres adversaires...

25 juin 2021

A quoi bon voter ?

Les résultats des élections régionales et départementales vont-ils fournir matière à controverse et faire naître quelque espoir de renouveau dans notre “vieux pays” ? Alors que les débats de l’entre-deux-tours font rage, le constat est dès à présent consternant.
Les médias ont évidemment lourdement insisté sur l’abstention massive qui a caractérisé le scrutin de dimanche dernier. A peine un tiers des électeurs ont jugé nécessaire de se déplacer pour s’exprimer sur des enjeux concernant pourtant directement leur quotidien et l’environnement dans lequel ils vivent. Ce chiffre exprimant la désillusion, voire la désespérance d’un peuple, a donné lieu à beaucoup de commentaires affligés, mais guère d’enseignements semblent en avoir été tirés. Dans le microcosme politique, bien vite ont repris les guerres picrocholines dans lesquelles s’épuise en douceur notre démocratie moribonde.

Les vainqueurs les mieux placés plastronnent en vantant les scores supérieurs à 40% des suffrages qui se sont portés sur leurs noms. Mais ces chiffres représentent moins de 15% des inscrits…
Le Rassemblement National auquel on prédisait un beau succès et possiblement l’espoir de gagner plusieurs régions se retrouve le bec dans l’eau. Une fois encore on a crié bien vainement au loup.
Le parti du Président de la République fait face quant à lui à une déroute monumentale. Pour tout dire, il n’y a pas de parti derrière le dit président !
Pour le reste, c’est une confusion indescriptible. Entre les alliances à la guimauve écolo-coco-bobo, le pseudo front républicain, les challenges ego-centrés et les tripatouillages de dernière minute, plus un électeur ne parvient à s’orienter clairement.

Dans ces décombres démocratiques, les professions de foi des candidats brillent toujours des mots creux habituels et des promesses en forme de mirages enchanteurs.
S’agissant des problématiques du quotidien, elles restent entières et on peut craindre hélas qu’elles ne s’aggravent. Plus personne ne croit en la simplification réglementaire et législative trop longtemps attendues. On voit en revanche poindre le retour en force des impôts et taxes, notamment celles supposées “protéger le climat”. On voit se durcir sans fin la politique visant à empêcher l’entrée, la circulation et le stationnement des véhicules automobiles dans les grandes villes dont on déplore dans le même temps la désertification commerciale. Ces mêmes villes dont l'entretien se dégrade régulièrement au nom du laisser faire végétal, dont la propreté lais
se de plus en plus à désirer, qui sont enlaidies par nombre de balises, plots, chicanes et autres obstacles bétonnés, et qui sont, “par souci d’économie”, plongées dans un noir sépulcral dès le jour tombé. Ces villes enfin, transformées en jungle dans lesquelles les violences et la délinquance sont devenues une triste banalité, confinant parfois à la barbarie…
Dans ces conditions, et ne sachant plus trop à quoi servent ces armées de conseillers régionaux, départementaux ou municipaux, à quoi bon voter ?

15 juin 2021

Enfarinages

Voilà donc où est descendu le débat politique dans notre pays: au niveau du caniveau. Et voici donc ce qu’il est devenu : une bouffonnerie vulgaire et insignifiante.
Un Président de la République, tout auréolé de ses récentes plaisanteries élyséennes avec les youtubeurs McFly et Carlito, accourt à la manière d’une star de variétés vers ses fans énamourés, et se voit renvoyé brutalement dans les cordes par une baffe magistrale.
Des politiciens beaux parleurs quoique peu écoutés, toujours infatués de leur petite personne, sont enfarinés publiquement, recevant physiquement la poudre qui sert habituellement de cache misère à leurs discours verbeux et inconséquents.
Et de petites phrases en micro polémiques, ainsi va le pays, sans but, sans foi, sans détermination, à la manière de ces boules de paille en forme de tumbleweeds qu’on voit errer dans le désert au gré du vent…

Commentant la gifle qu’il a reçue, le Chef de l’État minimise. Il ne s’agirait selon lui que d’un acte isolé sans gravité. N’empêche, le trublion, fautif du délit écope illico presto d’une peine de prison de 18 mois dont 4 fermes avec mandat de dépôt, assortie d’une pléiade de sanctions civiques (l’obligeant notamment à chercher activement un emploi, mais lui interdisant à vie de travailler dans la Fonction Publique…).
Comme nombre de politiciens effarés par cet attentat, Marlène Schiappa monte au créneau. Pour elle, ce camouflet est en effet une manifestation intolérable de la violence. La République est en danger. Emmanuel est blessé, le pauvre, “mais c'est chaque Français qui reçoit un coup à travers lui.” La boursouflure linguistique n’a d’égale ici que la platitude ronflante avec laquelle elle prend en considération la vague de “féminicides” tous plus barbares les uns que les autres, démontrant jour après jour l’inutilité totale de sa fonction.

Alors que tout part à vau-l’eau, le Pouvoir est aux abois, ou fait mine de l’être. Il faut trouver des boucs émissaires au désastre républicain dans lequel on patine désespérément. Évidemment l’extrême droite et le Rassemblement National sont tout trouvés. Alors que les échéances électorales se profilent, on ressort donc la vieille tactique de diabolisation, usée jusqu’à la corde.
Dans le domaine, on n’hésite pas à faire appel à l’artillerie lourde. Les ministres partent au front quitte à griller le peu de crédit qu’il leur reste. Gérald Darmanin qu’on avait presque tendance à prendre un peu au sérieux ces derniers temps, croit judicieux d'affirmer que la victoire du Rassemblement (qualifié obsessionnellement de Front) National serait l’expression d’une “marque satanique”. Qui donc croit-il convaincre avec une telle idiotie ?
Cette pure insanité s’inscrit dans le cadre grotesque de la charge de M. Dupont Moretti, flamboyant et dérisoire général d’une armée décatie, se faisant fort de chasser ce parti “hors des terres” septentrionales où il serait parait-il particulièrement menaçant.
Bruno Lemaire, à la manière du Docteur Coué, préfère euphémiser les choses en parlant de “petite chose” pour évoquer le parti de Marine Le Pen. Cela s’avère particulièrement savoureux dans la bouche d’un fat qui totalisa sur son nom moins de 2% des suffrages lors de la dernière primaire de la Droite, et qui voit dans ses déboires électoraux l’effet de sa trop grande intelligence...

Bref, comme à l’accoutumé, les combats et les défis en parole pullulent mais d’action, point.
Pourtant, des projets de lois et des belles velléités gouvernementales, on pourrait faire un beau catalogue sur papier glacé tant les mots chatoient. Malheureusement, c’est comme d’un magazine bourré d’articles superficiels et ponctué de publicités, il ne reste rien, ou si peu...
On ne compte plus les initiatives concertées, n’ayant abouti à rien de concret : Grenelle des violences conjugales, Ségur de la Santé, Beauvau de la Sécurité, États Généraux de la Justice, Grand Débat...
Une petite visite sur quelques sites choisis (Legifrance, Observatoire Citoyen de l’Activité Parlementaire) permet de mesurer l'inflation des textes législatifs et leur boursouflure sémantique: Confiance dans la justice, Lutte contre les séparatismes, lutte contre le dérèglement climatique, Droit à une fin de vie libre et choisie, Protection patrimoniale et promotion des langues régionales, Lutte contre les inégalités mondiales, Lutte contre la maltraitance animale, Lutte contre la pauvreté, Bioéthique, Sécurité Globale préservant les libertés, Loi visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification…
En définitive, si certains se retrouvent à leur corps défendant, la gueule enfarinée, on se demande si d'autres ne sont pas roulés dans la farine...

19 février 2020

Vanité du Politique

La déconfiture lamentable de Benjamin Griveaux, renonçant à sa candidature à la mairie de Paris pour une sordide affaire de mœurs, inspire une fois encore une foule de réflexions sur la vanité du politique.
Comment l'étincelant héraut de la geste macronienne, parti sabre au clair et quasi assuré de la victoire, a-t-il pu faire preuve d'autant de faiblesse et de naïveté, voilà qui est vraiment inexplicable. On pourrait épiloguer sur le fait qu’il fut un des lieutenants du calamiteux et dissolu Strauss-Kahn. Tel père, tel fils en somme…
On pourrait, à l'unisson des gens bien intentionnés, se lamenter, voire s'insurger contre l'intolérable violation de la vie privée que cette triste histoire révèle.
Mais derrière ce fait divers consternant, c’est toute la classe politique qu’on peut pointer du doigt pour son inconstance et son irrémédiable légèreté, pour ne pas dire stupidité.
Si l’on s’en tient à l’ère Macron, il faudrait longuement énumérer les actions, mesures, et propos absurdes ou insensés. Tous ne relèvent pas de la moralité certes, mais tous s’inscrivent dans l’incongruité voire dans l’auto-destruction.
Ainsi la baisse (pourtant homéopathique) des Aides Personnalisées au Logement, au moment précis où le gouvernement faisait semblant d’abolir l’Impôt de solidarité sur la Fortune, relevait du quasi suicide politique eu égard au court-bouillon égalitariste et revanchard dans lequel clapote le pays depuis la Révolution.
Non content de cette expérience funeste, le Premier Ministre ne trouva rien de mieux à faire quelque temps après, que de souffler sur les braises en imposant l’ubuesque réduction de la vitesse sur les routes, tout en faisant monter indéfiniment les taxes punitives sur le diesel. S’ensuivit la prévisible mais interminable rébellion des Gilets Jaunes...
On pourrait continuer la litanie, car la taxe sur les GAFA, ourdie par le sémillant mais creux ministre de l’économie Bruno Lemaire est évidemment du même tonneau. Elle ruisselle de démagogie, mais elle ne peut être qu’inefficace, ne rapportant qu’une hausse des prix pour les consommateurs et des mesures de rétorsion de la part des Etats-Unis. Dans le même registre figure la loi egalim supposée encadrer les promotions commerciales en matière de produits alimentaires, ou celle bloquant les loyers dans certaines grandes villes. Il n'est pas nécessaire de sortir de Polytechnique pour voir que toutes ces dispositions tarabiscotées aboutissent en règle au résultat inverse de celui escompté. Mais qu'importe. Moins ça fonctionne, plus les politiques s'entêtent dans leurs lubies...

L’interdiction promise quoique sans cesse repoussée du glyphosate et toutes les demi-mesures gravitant autour de cet herbicide honni n’est pas moins absurde, puisque toutes les publications sérieuses et toutes les Agences officielles qui se consacrent à la protection de l’environnement ont conclu qu’il s’agissait d’un péril en grande partie imaginaire. Pourquoi donc risquer de ruiner les quelques agriculteurs essayant encore de survivre sous l’étouffoir réglementaire ? Et quelle prétention que celle de changer le cours du monde, et jusqu’à son climat par la seule force des lois et des taxes !

Devant tant d’inconséquence et d’arrogance, on reste coi. Il semble impossible de comprendre toutes ces extravagances totalement étrangères à “la raison raisonnante”. Dommage, car elles sont susceptibles de casser les objectifs de programmes intéressants ou de gâcher l’effet de mesures utiles. Il en est ainsi par exemple de la fameuse et nécessaire réforme des retraites que l’impréparation, la confusion des genres et les perpétuels revirements ont rendu inintelligible et donc probablement vouée à l’échec. Il en est de même pour les baisses d’impôts plutôt bienvenues, mais qui soit passent inaperçues, comme celle sur le revenu, soit ne convainquent personne comme l’étrange suppression de la taxe d’habitation, à budget constant.
Vanitas vanitatum, omnia vanitas...

Illustration: David Bailly, Vanité au portrait

03 octobre 2019

So Lonely...

Le cheveu en bataille et l’œil morose du fauve lassé par tant de chasses vaines, il continue envers et contre tout de ferrailler sans repos.
Il y a peu de temps, il fut porté triomphalement au pouvoir par ses amis. Aujourd’hui, il ne compte plus les trahisons ni les obstacles qu’on met en travers de sa course. Celle-ci paraît insensée, mais au fond qu’en est-il ?
Il est à la tête d’un pays que les contradictions et l’indécision ont mené dans une impasse. Dans la nasse tout le monde s’agite, ça crie à hue et à dia mais ça n’avance plus d’un iota. Au dessus de la mêlée, Boris Johnson règne, mais la tunique dont on l’a revêtu est celle de Nessus. Comment faire pour s’en défaire et sortir de ce guêpier ?

Il souhaitait sans doute que le royaume restât dans le giron européen, mais le peuple en a décidé autrement. David Cameron, l’homme par qui le drame est arrivé s’en est allé, fort démocratiquement certes, mais la queue entre les jambes quand même. Il fallait bien prendre la relève. Theresa May y a usé son énergie et sa foi dans les institutions. C’est à lui désormais qu’il revient de trouver la solution…
A ses yeux, elle est simple. Il s’agit de mettre en pratique au plus vite la volonté du peuple. Trois ans que la comédie dure, c’est sans doute un peu pour ça que l’écheveau est devenu aussi inextricable.

Il a décidé de geler transitoirement le parlement, pour faire taire les parlottes inutiles. Il faut dire que ce dernier s’obstinait depuis des mois à réclamer qu’on parvienne à une sortie à l’amiable, tout en refusant avec la même opiniâtreté toutes les propositions allant dans ce sens !
Excédé, il a exhorté le dit parlement à accepter des élections anticipées, avec l’espoir qu’elles brisent ce nœud gordien et qu’elles confortent sa position.

Pour l’heure, il a tout perdu. Les parlementaires offusqués, accrochés sans doute à leurs prébendes plus qu’à tout, ont refusé qu’elles soient remises en jeu par le fait du Prince. Pire, ils ont obtenu de la Cour Suprême le droit de siéger à nouveau. Ils pérorent donc de plus belle à l’image de leur clownesque aboyeur John Bercow, et réclament du premier ministre qu’il trouve avant un mois les termes de l’impossible accord. De l’autre côté de la Manche on dit haut et fort qu’il n’est plus question de négocier...
Malgré les revers quasi quotidiens, Boris tient bon. Il vient encore de proposer un nouveau “compromis juste et raisonnable”, qu’il veut irrévocable et définitif, et déjà contesté. Mais le temps passe, qui use toute chose. Qui craquera le premier ? Sera-ce l’homme gagné par la fatigue ou bien le système perclus de vermoulure ? Dans le premier cas, il ne restera plus qu’à se raccrocher à l’adage qui dit qu’il n’est pas de problème que l’absence de solution ne finisse par résoudre...

31 août 2019

L'arroseur arrosé

La publication du dernier “roman” de Yann Moix* a donné lieu à de virulentes polémiques. Il faut dire que l’ouvrage, en forme d’autobiographie, est plus qu'explicite à l’égard des parents de l’auteur, décrits comme véritables bourreaux d’enfants.
Ce n’est pas la première fois que Yann Moix évoque les maltraitances dont il aurait été victime, mais cette fois il est allé tellement loin que ses progéniteurs ont vivement réagi par presse interposée, contestant formellement les sévices auxquels il fait allusion. Le frère cadet de l’auteur en a rajouté, affirmant que le véritable tortionnaire en l’occurrence c’était Yann en personne, et décrivant les atrocités qu’il lui aurait fait subir par pure jalousie. On ne lave bien son linge sale qu’en famille si l’on en croit le dicton…

Là où l’affaire se corse, c’est lorsqu’on apprend que le dit frère aîné se serait également rendu coupable dans sa jeunesse, de publications à contenu violemment antisémite et négationniste. La cabale sort du champ familial et touche aux tabous sociétaux les plus sensibles. Les faits sont d’autant plus troublants que Yann Moix revendique aujourd’hui une profonde sympathie pour le peuple juif et l'état d'Israël et se veut le contempteur intransigeant de tous ceux qui émettraient la moindre contradiction sur le sujet.
Peu importe dès lors les qualités littéraires supposées de l’ouvrage, peu importe même le fond de la sordide histoire familiale ainsi étalée en public. Ce qui choque le plus, c’est la réaction de “l’écrivain”, dans son rôle d’arroseur arrosé.
D’abord il ment comme un politicien, niant tout en bloc. C’est seulement lorsqu’il est confondu par d’irréfutables pièces à convictions qu’il rend les armes et qu’il avoue ses forfaits, mais en plusieurs fois, au fil des révélations.
Le censeur qui se plaisait à distribuer les bons et les mauvais points lors de ses laborieuses et sentencieuses chroniques télévisées, se trouve brutalement pris en défaut, de la pire manière.

Tout en reconnaissant à grand peine les faits qui lui sont reprochés, il contre-attaque en traitant son frère de “balance”, agissant par pur esprit de vengeance. Un peu fort de café pour quelqu’un qui déballe avec force détails, sans que personne ne le lui demande, et avec beaucoup de retard, des accusations terribles contre ses parents.
Mais là ne s’arrêtent pas les objections qu’on peut opposer à Yann Moix.
S’il a menti, d’abord par omission, puis par dénégation au sujet de ses peu reluisants écrits de jeunesse, comment savoir s’il dit la vérité au sujet des conditions dans lesquelles il vécut son enfance ?
S’il se dit soulagé d’un poids dont il n’était pas parvenu à se délivrer lui-même, n’ajoute-t-il pas à ses tares la lâcheté ? Il sait bien que faute avouée est à demi pardonnée, surtout lorsque l’aveu est spontané....
Et si après avoir tout avoué il fait acte de contrition, sa repentance est tellement outrée qu’elle n’est guère crédible mais plutôt risible. C’est en effet lui-même à présent qui se qualifie de “raté”, “d’être méprisé et méprisable”. “J’ai le dégoût de moi-même” affirme-t-il.
Trop c’est trop, d’autant plus que ces larmes de crocodiles ne l’empêchent pas d’affirmer comme pour se dédouaner, que s’il a bien commis des dessins et des écrits antisémites, il n’est pas antisémite pour autant. Pire, il se croit autorisé à affirmer selon la bonne vieille méthode des procès en sorcellerie que “ces révélations sont téléguidées par l'extrême droite”. Comprenne qui pourra...
En dernière ligne de défense,  M. Moix invoque sa jeunesse lors des faits: “'l’âge de 20 ans, c'est fait pour se tromper.../… à l’époque avec trois ou quatre cons, on était des types complètement paumés.”
Mais à cet âge, faut-il rappeler qu’on est majeur, qu’on peut voter et même mourir pour la patrie. L’excuse n’est donc pas recevable et fait surtout penser en définitive à Brassens: “Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con…”
* Orléans. Yann Moix 2019 Grasset.