Le plus beau est toutefois sa réponse totalement décomplexée, aux journalistes qui l'interrogent sur la probabilité pour les assurés de subir in fine une augmentation détournée des cotisations : Si votre Mutuelle augmente ses cotisations, changez donc de mutuelle ! Un peu fort de café madame la ministre. Et comment fait-on pour échapper à la pression univoque, croissante et sans partage de la Sécu ?
De rapports en commissions, d'Etats-Généraux en Schémas d'organisations, ce n'est assurément pas le manque de suggestions dont souffre le système. Et l'avènement de Nicolas Sarkozy n'y a rien changé. Il y a quelques mois je m'étais attardé sur le rapport Larcher, du nom du sénateur, ancien « ministre délégué à l’Emploi, au Travail et à l’Insertion professionnelle des jeunes », ancien président de la Fédération Hospitalière de France.
Ce professeur d'Urologie, exerçant à l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris, n'est pas à son coup d'essai. Il s'était déjà illustré par un rapport meurtrier sur la chirurgie hospitalière, réclamant en 2006 la fermeture de près d'un quart des Blocs opératoires du Service Public !
Aujourd'hui, il récidive en s'attaquant à l'ensemble du dispositif hospitalier qu'il juge en fort mauvais état, (« administré mais toujours pas gouverné »), et auquel il voudrait appliquer les règles de fonctionnement des entreprises commerciales.
On peut toutefois avoir quelques doutes sur la « culture managériale » vantée à longueur de pages par Mr Vallancien, qu'il semble avoir découverte à la lecture d'un bréviaire pour débutants. A lire ce nième rapport, elle s'inscrit en effet dans le pire des scénarios bureaucratiques.
S'agissant de l'organisation hospitalière, elle se complique toujours davantage. La centralisation étant semble-t-il devenue le dernier cri en matière de gestion, il s'agit désormais de gérer les hôpitaux en les regroupant en Communautés d'Etablissements ! Pour un « Bassin de population » de 200 à 400.000 habitants, il estime que 4 à 10 établissements pourraient être ainsi regroupés, « représentant entre 7000 et 20.000 employés ». Il plaide dans le même temps pour une hiérarchisation et une « ultra-spécialisation » rigide des tâches dévolues à ces établissements en fonction de leur taille, du CHU à l'hôpital local...
Pour tendre vers cet objectif mirobolant, comme à l'accoutumée, on change les noms. Par exemple, le Conseil d'Administration devient Conseil de Surveillance, une vraie révolution, et on lui confère, à lui qui n'arrive en règle déjà pas à administrer un seul établissement, un périmètre d'action faramineux (la nouvelle et emblématique Communauté Hospitalière de Territoire) ! La bonne vieille Commision Médicale d'Etablissement (CME) s'éparpille en un réseau vague et noueux de Comités consultatifs Médicaux, Conseils Scientifiques et Médicaux...
Le Directoire, dernière trouvaille aux accents vaguement bonapartistes, vient quant à lui rajouter une strate au mille-feuilles, marchant sur les plates-bandes des Conseils Exécutifs datant de l'avant-dernière réforme, qui eux-mêmes s'emmêlaient déjà les pinceaux avec les Pôles, les Commission Médicale d'Etablissement, Commission technique d'Etablissement et autres pseudopodes administratifs aux rôles plus ou moins consultatifs, plus ou moins décisionnels... Enfin, cerise sur le gâteau, la mise sur pieds d'un Comité d'Entreprise est encouragée sans qu'on sache ce qu'une telle instance apporterait à cet ensemble plutôt baroque et confus.