12 septembre 2012

Ouragan Sentimental

Au dessus des tempêtes, des drames mais aussi des lubies et des billevesées d'un monde plus grégaire et versatile que jamais, Bob Dylan en grand seigneur impassible, continue de peaufiner ses cantilènes intemporelles et ensorcelantes.
Quelle voix sublime à force d'avoir été comme un très vieux cuir, tannée, usée, écorchée, par les orages, les saintes colères et les désillusions de l'existence. Quelle force dans l'indicible parfum d'expectative qui sourd avec une infinie douceur de cette complainte gutturale !

Peu importent les marques de l'âge sur le visage du poète, il n'a cure des jouvences artificielles. Son indépendance, sa liberté, son humilité, sont des signes autrement plus convaincants de sa jeunesse.
D'ailleurs, on dirait qu'il n'y a ni début ni fin dans l'égrenage subtil de ses mélodies succulentes. Seulement une atmosphère extatique, exquisément poignante, comme les mystères qui vous élèvent, en vous interrogeant, avec la dureté de la finitude et la tendresse de l'espérance.

Ça commence avec une sorte de pépite aussi brillante qu'inattendue. Duquesne Whistle. Un train à la manière d'autrefois, passe en sifflant. Comme en sifflotant, plutôt... Dans cet univers pimpant, les riffs guillerets saisissent l'auditeur qui ne peut qu'en redemander. Pas grand chose à voir, sauf erreur de ma part, avec l'illustration glauque à laquelle on eut droit sous forme d'un clip abscons, en prélude à la sortie du disque. Les images sont pauvres lorsqu'il s'agit de représenter l'imaginaire...

La suite est un peu plus sombre. Soon After Midnight. La nuit nous entoure...
Mi Blues, mi mélopée, Dylan emmène ses affidés sur une voie étroite mais au charme hypnotique : Narrow Way. Ne pas s'abandonner à la facilité, recommande-t-il en termes voilés. Ne pas gâcher les années d'une vie que l'ennui fait paraître longue alors qu'elle est si courte (Long And Wasted Years). Dès lors tout s’enchaîne : Les folies qu'on paie au prix fort du sang (Pay In Blood). La légende d'une ville nappée d'un rouge écarlate (Scarlet Town): du crépuscule, ou bien de la honte, ou des déchirements ? Pourquoi ne pas évoquer tant qu'on y est, les mirages funestes de l'histoire, de la gloire, du pouvoir et de l'argent (Early Roman Kings), voire le mythe de l'ange déchu (Tin Angel). Le triste balancement d'une longue, très longue et tragique traversée maritime, sur un océan glacial qui ressemble au destin (Tempest). Et pour finir, l'adieu déchirant à l'ami autrefois arraché abruptement à la vie (Roll On John)...
Il paraît que Bob Dylan voulait faire un recueil religieux. C'est peu dire que l'Esprit affleure à chaque moment sous les détours un peu énigmatiques de sa poésie assagie. ..
Quant à la musique elle-même, précisons qu'elle est servie par un accompagnement idyllique. Des artistes sous le charme, distillant avec volupté un son splendide, merveille d'équilibre, de fantaisie et délicatement feutré comme les velours les plus soyeux... 


Tempest, Bob Dylan. Columbia 2012

04 septembre 2012

Socialisme, que de crimes on commet en ton nom !

Ce livre est terrible. Hélas il n'apprend pas grand chose à ceux qui depuis longtemps ont compris que le Socialisme était une effroyable calamité, probablement la pire que l'humanité ait engendrée.  
Sera-t-il une révélation pour les autres, rien n'est moins sûr...

Ce témoignage en forme de réquisitoire s'ajoute à tellement d'autres bouleversants, tellement d'expériences calamiteuses, tant de massacres, tant d'horreurs en tous genres, qu'il paraît impossible à tout être doué de raison, de croire encore un tant soit peu à cette idéologie mortifère.

Puisse le parcours incroyable de ce jeune homme, Shin Dong-Hyuk, sacrifié dès sa naissance à l'implacable Moloch collectiviste, inspirer quelques doutes ici ou là. Au terme d'incroyables mésaventures, recueillies et racontées par le journaliste Blaine Harden, il est aujourd'hui libre. Mais au moins 200.000 de ses concitoyens croupissent encore, dans d'odieux camps de concentration. Les autres plus chanceux, bien qu'ils vivent hors les murs de ces sinistres prisons, n'ont qu'une vie de misère, souffrent de privations inacceptables à notre époque, n'ont aucune espèce de liberté, surtout pas celle de penser et de s'exprimer.
Au terme d'une guerre effroyable, opposant le monde libre au bloc communiste, leur infortuné pays a été divisé en deux. Une partie vit à l'heure socialiste, dans l'acception la plus pure (l'idéologie juche). L'autre a adopté le système capitaliste, si honni, si vilipendé.
De part et d'autre du 38è parallèle, dans le pays dit du « matin calme », ce sont les mêmes gens. Mêmes origines ethniques, mêmes religions, même histoire, même culture. Seuls les systèmes régissant la société, les différencie. Et de quelle manière !
Hélas, cette aveuglante évidence, que nul ne peut ignorer, n'a toujours pas dessillé les yeux de certains, qui continuent de croire aux bonnes intentions et à la nature fondamentalement bonne du socialisme...

Malgré l'effarante accumulation de preuves, toutes plus accablantes les unes que les autres, on trouve encore de nos jours suffisamment de gens assez crédules pour élire un président de la république, se réclamant sans vergogne de ces fumeuses et funestes théories.
La vérité est que jamais, au grand jamais, le socialisme n'a réussi à améliorer ne fut-ce que d'un iota le sort des pauvres et des « masses laborieuses », bien au contraire. A les juger objectivement, tous les prétendus acquis sociaux obtenus en son nom n'apparaissent que comme des leurres, retardant la vraie émancipation des citoyens, et l'épanouissement d'une société libre et éclairée.

Au plan intellectuel, le socialisme est une véritable aliénation. Au plan politique il est au mieux un carcan bureaucratique, inféodé à des principes et à des a priori, et indifférent à la réalité pratique. Au pire, il est une tyrannie qui martyrise dans leur tête et dans leur chair ses victimes, qu'il va jusqu'à forcer à devenir les acteurs de leur propre calvaire.
Même à dose homéopathique le socialisme est néfaste. Comme un poison létal, il agit à dose infinitésimale, pour pervertir le raisonnement en jouant sur les bons sentiments, pour dresser les gens les uns contre les autres en prétendant prôner la solidarité, pour étouffer toutes les initiatives en se faisant le champion du progrès, pour mystifier les cervelles dès l'enfance au nom de l'éducation d'Etat, pour assécher toutes les ressources au titre de la générosité...

Les moins fanatiques de ses zélateurs, se démarquent certes du modèle communiste qui étrangla nombre de populations durant les années de plomb, derrière le rideau de fer (non sans avoir pour certains d'entre eux, chanté longtemps ses louanges).
Mais c'est pour mieux vanter la « social-démocratie » qui constitue en définitive à leurs yeux, l'incarnation d'un socialisme à « visage humain », porteur de succès.
Et tout en admettant que les expériences passées furent des échecs, ils maintiennent mordicus que le vrai socialisme reste à construire, et que son avènement est plus que jamais souhaitable.
Tout cela est fallacieux. Les quelques modèles socialistes ayant surnagé dans la monstrueuse histoire de ce courant de pensée, n'ont pu le faire qu'en se raccrochant peu ou prou au modèle libéral. En diluant l'idéologie, en édulcorant le paradigme, en y incorporant un peu de liberté et une dose d'initiative privée, ils parviennent encore à entretenir l'illusion.
Et grâce à ces concessions plus ou moins avouées, le mirage aux alouettes continue de fasciner, le Parti a toujours pignon sur rue, la dialectique est encore vivace...

Fasse le ciel qu'un jour enfin, les foules égarées par ce mythe savamment entretenu, retrouvent le chemin de la raison. Qu'elles suivent la recommandation du vénérable Kant, exhortant les hommes et les femmes à devenir intellectuellement et spirituellement « majeurs ». Autrement dit à sortir de la minorité confortable dans laquelle ils ont une tendance naturelle à se complaire. A avoir le courage de « se servir de leur intelligence sans être dirigés par autrui », à voir les choses par eux mêmes et non par l'intermédiaire de maîtres à penser qui « après les avoir d'abord abêtis en les traitant comme des animaux domestiques, et avoir pris toutes leurs précautions pour que ces paisibles créatures ne puissent tenter un seul pas hors de la charrette où ils les tiennent enfermés, leur montrent ensuite le danger qui les menace, s'ils essayent de marcher seuls. »
La vraie Liberté s'acquiert en marchant seul, en sachant se gouverner soi-même. Tout le reste n'est que tromperie.

Blaine Harden. Rescapé du camp 14 : De l'enfer nord-coréen à la liberté. Belfond 2012
Immanuel Kant : Qu'est-ce que les Lumières ? 1784

29 août 2012

Une politique de Gribouille

La récente initiative gouvernementale visant à diminuer à la pompe le prix des carburants, révèle une fois de plus l'incroyable naïveté des Socialistes et apparentés vis à vis des rouages élémentaires de l'économie.
Entre autres lubies, leur soumission intellectuelle à l'idéologie leur fait refuser obstinément d'admettre la loi qui régit en matière d'échanges commerciaux, l'offre et la demande.
Celle-ci conditionne pourtant comme une évidence, les prix des denrées : plus le rapport offre/demande croit, plus les prix baissent et réciproquement.

La perversion du raisonnement en la circonstance, n'est pas tant de vouloir contrecarrer les effets d'une loi naturelle, que d'en nier tout simplement les effets.
Il faut rappeler que la volonté affichée de François Hollande, lorsqu'il n'était que candidat à l'élection présidentielle, était de bloquer purement et simplement les prix des carburants !
Autant décréter le calendrier des jours de pluie, tant qu'on imagine avoir de l'influence sur la cause d'un phénomène, en agissant sur ses conséquences...

Le prix du pétrole augmente à mesure que la demande mondiale s'intensifie, et personne n'y peut rien puisque la ressource est comme chacun sait, comptée.
En période de pénurie relative, s'il était possible d'imposer la stabilité des prix, on ne parviendrait qu'à accélérer le mécanisme conduisant à la carence de la ressource, en supprimant l'auto-régulation naturelle.
La suggestion que vient de faire M. Moscovici, consistant à augmenter la production, donc l'offre, est tout aussi fallacieuse puisqu'elle ne peut qu'aboutir au même résultat : épuiser plus vite la ressource.

La valeur d'un bien, c'est à dire de quelque chose pour lequel on éprouve un besoin, ne vient que de la conjonction de sa rareté ressentie et du travail nécessaire à sa production. Ainsi la lumière du soleil, si précieuse en soi, n'a aucune valeur marchande dans la mesure ou chacun peut en bénéficier sans effort et sans limite. Il en est de même de l'air qu'on respire, indispensable à la vie.
Frédéric Bastiat (1801-1850) s'amusait en son temps de la concurrence qu'imposait l'astre solaire aux fabricants de lampes, bougies et autres luminaires, et proposait par une pétition hilarante, de décréter durant le jour, la fermeture obligatoire de toutes les portes, fenêtres et ouvertures afin de relancer le commerce...
A l'inverse, on attache à l'or, dont l'utilité pratique au quotidien est quasi nulle, un prix considérable car le désir d'en posséder est fort, alors que le métal à l'éclat si envoûtant est rare et demande des efforts pour être extrait de la roche dans laquelle il sommeille...

Lorsqu'il faut prendre des décisions, la réalité s'impose tôt ou tard à soi et conduit souvent à des révisions déchirantes. La promesse du candidat devenu chef de l'Etat, évidemment s'est évanouie, au grand dam des dadais qui la prenaient pour argent comptant. Il ne reste plus qu'une misérable pondération des taxes de 3 petits centimes cherchant à faire croire qu'on agit malgré tout (plus une contribution équivalente imposée aux distributeurs).
Outre son efficacité homéopathique, le ridicule de cette mesure réside avant tout dans le fait qu'elle n'affiche aucun objectif pragmatique. Elle aurait pu s'inscrire, à condition d'être un peu plus volontariste, dans un programme visant à favoriser l'industrie automobile, ou bien dans celui tendant à redonner du pouvoir d'achat au peuple ou de la croissance au PIB. Mais que nenni, connaissant la propension de ce gouvernement à augmenter par ailleurs les impôts, taxes et prélèvements.
Comment fera-t-il donc si la flambée des prix se poursuit ? Va-t-il poursuivre la baisse des taxes sur les produits pétroliers, au risque d’accroître le déficit, donc de devoir lever de nouveaux impôts compensatoires ? Le résultat risque de ressembler à la tête à Toto...

25 août 2012

La France en pente douce

Les chaleurs léthargiques du mois d'août ont accentué cette impression de mol affalement du pays.
Rien, à peu près rien de significatif n'émerge dans la tiède pétaudière socialiste qui recouvre désormais l'ensemble du pays de sa gangue visqueuse et accapare en les asphyxiant, tous les pouvoirs. Alors que la crise fait rage et que le monde est dans les turbulences, c'est le calme plat en France. Le changement patine dans la semoule. Les mornes Universités du Parti Socialiste pataugent dans l'ennui et l'auto-congratulation : « On est dans les préliminaires. La période est comme suspendue… » constate Marie-Noelle Lienemann. « il y a des temps morts en politique », ajoute le député de l'Essonne Malek Boutih.
Pas un petit bout d'idée, pas le début d'une inspiration. Même le camarade Mélenchon, qui s'était docilement et « sans condition » aplati devant son faux frère socialiste, la trouve saumâtre : «cent jours pour presque rien » glapit-il dans les oreilles de qui veut l'entendre!
Jamais le discours du nouveau président ne fut plus creux et évasif. Parti en vacances dans un grand tintamarre médiatique, après à peine trois mois de taf, le voici qui revient benoîtement avec son éternel sourire satisfait et sa rhétorique crémeuse : « La rentrée, c'est maintenant... ».
A la nuée de journalistes complaisants qui lui demandent s'il peut préciser, il anone gentiment : «le changement se poursuit à son rythme», «Il y a du travail qui nous attend, les Français veulent que les problèmes soient réglés».
On est bien avancés !
Cette vigueur de mollusque est assez effrayante, eu égard à la gravité de la situation et aux défis que doit relever le pays. Pour l'heure, on en reste à l'alourdissement tous azimuts promis de la fiscalité, à une palanquée de vœux pieux, et à de torves tartarinades supposées s'opposer bravement, en tous lieux et en toutes circonstances, à tout ce qui pourrait rappeler de près ou de loin, la méthode Sarkozy. En bref, de jolis coups d'épée dans l'eau dont le ridicule commence peut-être à se faire sentir ici ou là...
Le fait est que la cote du nouveau président de la république, très fragile et artificiellement montée en neige au départ, s'effrite déjà. Les naïfs qui imaginaient qu'il suffirait d'attaquer les riches au portefeuille et de faire des incantations pour que les choses aillent mieux commencent à avoir des doutes. M'est avis qu'ils n'ont pas fini de déchanter. Les recettes de gauche sont inapplicables ou, chacun le subodore, calamiteuses, et le pragmatisme libéral est honni. Que faire ?
Cet atermoiement général est bien illustré par le ministre « du redressement productif ». Il n'avait, comme on s'en souvient, pas de mots assez durs pour fustiger la mondialisation, le traité européen, les licenciements boursiers et tout le toutim dont se nourrit la dialectique altermondialiste... Lui, le chevalier blanc à la rose, le grand pourfendeur du capitalisme, est en train de tourner casaque, en se faisant le chantre de la croissance et en flattant les entrepreneurs, qu'il exhorte pathétiquement à se comporter en "capitaines d'industries", après les avoir quasi traités d'incapables, et les avoir plombés de nouvelles contraintes bureaucratiques.
Mieux vaut en rire...

18 août 2012

Marine

Lorsqu'au dessus de la mer
Une brise illuminée
Fait étinceler dans l'air
Une nouvelle journée

Et que le bleu d'outremer
Pâlit dans la matinée
Comme une teinte au ton clair
Laissant juste une traînée.

Lorsque des bateaux joyeux
Sortent du port à la voile
Tels des oiseaux vers les cieux

Le Monde alors se dévoile
Sous un jour inattendu
Plein d'un désir éperdu.

08 août 2012

Nuit de Juillet

Par une nuit d'été calme et vertigineuse
J'entrevis un halo flottant sur les cyprès
Dont l'image semblait si lointaine et si près
Qu'on eut dit une fleur posée sur Betelgeuse

J'avais l'âme alanguie et l'humeur voyageuse
En tous sens mes pensées s'égaraient dans l'air frais,
Et je m'élevais libre, au delà des forêts
Guidé par la Lune et sa clarté nébuleuse.

J'étais débarrassé de mes chaînes de chairs
Faisant désormais corps dans les espaces clairs
Avec cette unité qui anime le monde.

Je cheminais au bord aigu de l'univers
Dont je voyais l'envers, aussi bien que l'avers
Et durant un moment j'eus une joie profonde.

24 juillet 2012

Body And Soul


A l'origine de la conception dualiste dont Henri Bergson (1859-1941) s'est fait l'ardent défenseur, il y a la ferme conviction que ce qu'on nomme l'âme n'a pas plus de raison objective d'être consubstantielle à la chair que de relever d'une autre nature. Vieux débat. Certes, à l'évidence dans l'être humain, l'esprit et la matière sont liés. Mais sont-ils indissociables au point d'être anéantis ensemble, lorsque la vie s'en va ?

Pour tenter de répondre à la question, Bergson commence par prendre l'exemple d'un vêtement accroché à un clou : « il est solidaire du clou auquel il est accroché ; il tombe si l'on arrache le clou ; il oscille si le clou remue ; il se troue, il se déchire, si la tête du clou est trop pointue ; il ne s'ensuit pas que chaque détail du clou corresponde à un détail du vêtement, ni que le clou soit l'équivalent du vêtement ; encore moins s'ensuit-il que le clou et le vêtement soient la même chose... »
Autre argument mis en avant par l'auteur de l’Évolution Créatrice : le constat que « la vie mentale déborde la vie cérébrale », et qu'en matière d'activité, « le cerveau se borne à traduire en mouvements une petite partie de ce qui se passe dans la conscience... »
Pour étayer cette assertion Bergson, encore une fois fournit un exemple : « l'activité cérébrale est à l'activité mentale ce que les mouvements du bâton du chef d'orchestre sont à la symphonie. La symphonie dépasse de tous côtés les mouvements qui la scandent ; la vie de l'esprit débordent de même la vie cérébrale... »
En définitive, « le rôle du cerveau serait simplement de mimer la vie de l'esprit, de mimer aussi les situations extérieures auxquelles l'esprit doit s'adapter. »

Dans ces conditions, il devient logique pour le philosophe de considérer que la survivance de l'âme est si vraisemblable, que « l'obligation de la preuve incombe à celui qui nie, bien plutôt qu'à celui qui affirme... »
Loin de définir une position dogmatique, ce qui importe pour Bergson, c'est surtout de réfuter la conception matérialiste, selon laquelle il y aurait équivalence entre le mental et le cérébral. Il juge en effet cette hypothèse contradictoire avec elle même, et l'attribue à un « cartésianisme étriqué ».

L'approche bergsonienne n'apporte évidement aucune preuve à l'existence d'un prolongement spirituel à la vie terrestre. Elle propose toutefois un champ de réflexion très ouvert, dont l'essence reste envers et contre tout, pragmatique. L'exemple du clou et du vêtement paraît simpliste, mais invite à dépasser les simples apparences. Sans rien connaître de la nature des ondes électromagnétiques, que pourrait imaginer une personne en face d'un émetteur-récepteur radiophonique ? Sans doute aurait-elle du mal à accepter l'idée que la voix entendue par le haut parleur soit émise à des centaines ou à des millions de kilomètres, et puisse être transmise aussi parfaitement, même en traversant le vide. Sans doute cette personne aurait autant de difficulté à comprendre devant le même poste cassé, que la voix puisse continuer à parler quelque part …

L'idée que le cerveau puisse n'être qu'un intermédiaire entre la réalité sensible et une autre immatérielle n'a en définitive rien de saugrenu, même si depuis Descartes on sait qu'on ne peut penser la relation qui lie les deux, mais seulement la vivre. 
Bergson fait remarquer que bon nombre de dysfonctionnements cérébraux se traduisent par une incapacité à mettre en cohérence la pensée avec la réalité. Le tort d'un cerveau dérangé « n'est pas nécessairement de raisonner mal mais de raisonner à côté de la réalité, en dehors de la réalité, comme un homme qui rêve... » Si l'art de raisonner doit nécessairement tenir compte du monde dans lequel il s'applique, pourquoi en déduire que la pensée se réduise exclusivement à ce mécanisme, sous tendu avant tout par l'expérience, les sensations et la logique ? A contrario, un ordinateur, véritable machine à raisonner, n'est pas pour autant capable de penser.
Autrement dit, dans nombre de perturbations mentales « est-ce l'esprit même qui est dérangé, ou ne serait-ce pas plutôt le mécanisme de l'insertion de l'esprit dans les choses ? »
La question mérite d'être posée, car elle invite à bien distinguer dans l'activité humaine et dans chaque action, dans chaque comportement, ce qui relève du choix, de ce qui relève de la mise en œuvre du choix. Ainsi un dément est incapable de mettre en cohérence sa pensée, avec le monde qui l'entoure. Une personne frappée d'accident vasculaire cérébral est dans l'impossibilité de faire bouger son bras en dépit de sa volonté. Dans les deux cas la pensée pure est sans doute intacte mais l'effecteur est lésé. Un chef de gare verra de la même manière sa volonté contrecarrée par une grève des aiguilleurs ou bien par un dysfonctionnement dans le mécanisme faisant fonctionner les aiguillages...

A titre d'exercice, je me suis amusé à tenter d'imaginer les relations entre l'esprit et la matière comme si elles résultaient de l'interaction étroite d'un substrat immatériel et d'une substance palpable : une sorte de main invisible à l'intérieur d'un gant palpable et préhensile. Ce dernier, véritable interface entre ce qu'il contient et ce qu'il appréhende physiquement, pourrait représenter de manière simpliste l'être humain. A la lisière entre l'indicible et le réel...
Cette image rend compte du fait qu'il est indispensable pour la main de s'insérer dans le gant pour avoir prise sur la réalité physique. Elle rend également compte du fait que les mouvements de la main sont d'autant plus fidèlement et efficacement transmis que le gant est souple et léger, capable de se faire le vecteur de la moindre pulsation. Elle n'interdit pas de penser que le contenu puisse souffrir des imperfections et des vicissitudes propres au contenant. Et si elle suppose une étroite association des deux entités, elle n'est pas incompatible enfin avec l'idée que la main puisse avoir une existence indépendante de celle de l'enveloppe artificielle qui la recouvre. La fin du corps ne serait pas la fin de tout. A l'instar de la chrysalide libérant l'imago, l'enveloppe charnelle serait le support d'un rite de passage entre deux états...

Dans un tel schéma, l'intrication subtile entre l'esprit et le corps, entre le contenu et le contenant, qualifie l'essence de l'être humain. Elle peut être parfois si profonde, qu'elle permet l'expression des émotions indicibles qui constituent l'art. A l'inverse, la perversion diabolique de cette relation peut aboutir aux pires horreurs, en toute conscience.
Par ce média, représenté par un gant, l'esprit ne fait que s'adapter et faire corps avec la réalité. Et l'être humain est bien ce point où convergent cette dernière et la conscience.

Ainsi la réalité tangible serait animée au delà des simples conjonctures relevant des lois physiques. En l'occurrence, le mouvement de l'esprit n'a évidemment rien à voir avec celui du vent qui fait bruisser les feuilles dans les arbres, avec les séismes ou les éruptions volcaniques qui font craindre la fin du monde, ou simplement avec la respiration de l'être vivant. En l'occurrence, la ligne de partage ne passe pas entre le vivant et l'inanimé, mais entre le conscient et le non conscient, sachant que rien n'interdit une continuité, une progressivité, entre ces deux états. Il y a quelque chose qui au travers des êtres, est peut-être l'expression plus ou moins achevée, de l'Être. "Il faut que la Nature soit l'Esprit visible, l'Esprit la Nature invisible" écrivait Schelling...
La métaphysique kantienne s'inscrit étonnamment bien dans cette métaphore ontologique. Situé à l'interface de deux mondes qui s'effleurent, le philosophe et plus généralement l'être humain, est enclin à s'émerveiller autant de la beauté sublime de la voûte céleste au dessus de sa tête, que de la force ineffable de la loi morale qui réside à l'intérieur...

L'âme et le corps. Henri Bergson. PUF 2011

21 juillet 2012

Fifty Years With Their Satanic Majesties


Il y a quelque chose d'assurément majestueux dans le parcours tonitruant des Rolling Stones. Ses ruptures, ses dévoiements, ses débordements insensés ne ternissent en rien la marque éblouissante qu'il a imprimée au sein de la constellation du Rock 'N Roll. 
 
Force est de reconnaître que ce qui ne devait durer qu'un instant, n'avoir pas plus d'importance dans la vie de la société que le mouvement zazou, ou bien je ne sais quelle mode éphémère, est devenu une véritable épopée. Une sorte d'effervescence versicolore devenue consubstantielle à l'univers dans lequel nous vivons, et ce depuis déjà un demi siècle !
Comme un cavalier fait corps avec sa monture, le monde contemporain chevauche une série d’événements qui l’entraînent irrésistiblement dans leur course tumultueuse et indécise. Et la musique rythme en quelque sorte cette cavalcade. Nés dans le grand capharnaüm de l'après guerre, le Blues, le Jazz, le Rock 'N Roll ont déboulé à toute allure dans le cours du monde dit moderne, voire post-moderne. Décadence diront certains, vertige poétique prétendront d'autres... 
Pour ma part j'aime à m'enivrer de ce continuum d'émotions, de rêveries et de vagabondages, que je vois éclore quelque part entre Novalis, Shelley, ou Hölderlin, passer par Poe, Baudelaire, Verlaine, ou Kerouac et se magnifier, entre autres, par l'apport des Stones. Oserais-je dire que j'éprouve parfois les mêmes frissons à l'écoute de ces derniers que de Bach, ou de Schuman ?
Allons, c'est évident, cet océan de sensations n'a pas de limite et n'a d'horizon que l'espoir et les chimères, les illusions et l'ivresse. De ce point de vue, les Stones n'ont pas peu contribué à abolir les frontières, au moins dans les esprits, tout en ébauchant les prémices d'un langage universel, indissociable de l'esprit de liberté.
Avec leurs riffs acides et leurs mélodies rustiques mais envoûtantes ils ont été l'un des moteurs d'une folle et improbable aventure, entraînant la dérisoire machine humaine jusqu'aux lisières de l'indicible. Lorsqu'une rengaine aussi simpliste que "I Can't Get No Satisfaction" fait le tour de la planète en ensorcelant invariablement et définitivement des nuées innombrables de jeunes gens, il faut se poser des questions. La rythmique au marteau pilon de cette antienne incontournable, assène en même temps que ses pulsations lascives, les effluves enfiévrés du bon vieux spleen romantique. Dans ces trépidations insatiables, il y a l'éternelle rébellion juvénile, l'impatience devant l'absurdité apparente et les mystères de l'existence...
Brian Jones (1942-1969) s'est noyé dans ce tourbillon qu'il avait voulu boire à pleins poumons. Le fou, l'intrépide aura frôlé les cimes de l'extase avant de s'abîmer dans le gouffre de la solitude . Les « Glimmer Twins », Mick Jagger et Keith Richards, en dépit de hauts et de bas, ont résisté à l'épreuve. Ils ont signé la quasi totalité des compositions qui paveront le chemin de Damas de ce groupe, des délires épicuriens d'enfants nés dans la partie prospère d'un siècle vertigineux, jusqu'à la sagesse et la résignation de vieux bonzes du blues...
S'il est un fait assuré dans cette alchimie parfois aléatoire, c'est que soutenue par les piliers bourdonnants du Rock, la musique étire en tous sens ses harmonies capiteuses et ses divagations incantatoires sur le fil ténu de ce Blues si bouleversant, si universel.
Dans une discographie foisonnante, j'ai tendance à retenir avant tout cette manière si originale d'interpréter ce questionnement récurrent sur le sens de la vie.
Ce sont bien sûr quelques perles tirées avec bonheur du répertoire classique (Love In Vain de Robert Johnson, Shake Your Hips de Slim Harpo, Prodigal Son du Rev. Wilkins, Confessin The Blues de Little Walter, You Gotta Move de F. McDowell...)
Il y a également les rocks vénéneux aux roulements lourds et entêtants dont les fameux déhanchements de Jagger décuplaient la force suggestive: Under my thumb, Rocks off, It's all Over Now, Brown Sugar, Let It Bleed, Jumping Jack Flash, Honky Tonk Woman, The Last Time, Happy, Tumbling Dice, Street Fighting Man, Dead Flowers, Can't You Hear Me Knocking, Mother Little Helper, Get Off Of My Cloud, Let Spend The Night Together...
Il y a les ballades langoureuses : As Tears Go By, Angie, Lady Jane, Ruby Tuesday...
Mais plus que nulle part ailleurs, le feeling stonien a trouvé sa plénitude expressive dans les digressions erratiques, d'où émane un spleen languide au parfum luxurieux : Wild Horses, Paint It Black, Sympathy For The Devil, Salt of the Earth, Gimme Shelter, Midnight Rambler, Sister Morphine, Heart Of Stone, No Expectations, I'm Going Home, Jigsaw Puzzle, Beast of Burden, You Can't Always Get What You Want, Let It Loose... 
Feel like a Rolling Stone !

09 juillet 2012

Obamacare : un dilemme cornélien


En France où l'on s'enorgueillit d'avoir le meilleur système de protection sociale du monde, la récente décision de la Cour Suprême américaine (29/06/12), consistant à avaliser une des mesures clés du projet de loi proposé par l'administration Obama, dit « Affordable Care Act », en réjouit plus d'un.
Rappelons brièvement qu'il s'agit d'obliger par la Loi, tous les citoyens à contracter une assurance maladie (individual mandate), de manière à faire diminuer subséquemment le pourcentage de la population ne bénéficiant pas d'une couverture ad hoc. 
L'épineux problème en la circonstance, était de déterminer si cette contrainte était compatible avec l'esprit de la Constitution, lequel protège plus que tout les libertés individuelles. La décision de la Cour, prise de justesse (5 voix contre 4), semble donc aller contre un des principes fondamentaux de la république américaine.
Comme l'ont fait remarquer certains commentateurs, il s'agit sans doute d'un choix dicté plus par le contexte politique, que par le souci de respecter la stricte constitutionnalité de la loi. Peut-être pour ne pas risquer de paraître agir sous l'effet de considérations idéologiques, le président conservateur de la Cour, le juge John Roberts a ainsi rejoint dans leur choix ses quatre collègues libéraux (au sens américain c'est à dire progressistes, c'est à dire plutôt de gauche). La Loi peut ainsi entrer en vigueur et les Etats-Unis pourront donc afficher prochainement, à l'instar de nombre de pays développés, un taux proche de 100% d'assurés sociaux...
Peut-être pourrait-on avancer une autre explication plus machiavélique, en considérant la décision de la Cour comme un cadeau empoisonné fait au président en exercice, à quelques mois d'un enjeu électoral majeur. Cette victoire est en effet à double tranchant pour le président Obama puisqu'elle va conduire à alourdir la fiscalité (sanctionnant notamment les récalcitrants). Le risque est également d'obérer la croissance puisque la réforme pèsera sur les entreprises, surtout petites et moyennes, qui seront de fait mises à contribution pour aider leurs salariés à s'assurer. Enfin elle plombera encore un peu plus le déficit fédéral puisque les évaluations les plus réservées, font état de quelques 1000 milliards de dépenses supplémentaires. Autant d'arguments que sauront sans doute utiliser les Républicains dans la campagne qui commence...
Sur le fond de la mesure, et ses conséquences en terme philosophique, il y a beaucoup à dire. Car même si l'on est encore loin du système français, régi par une obligation et un monopole, c'est un pas de plus vers le contrôle étatique de la protection sociale et un accroissement significatif de l'emprise étatique sur l'organisation de la société.
Partant d’une conception libérale, cette réforme apparaît comme démagogique, dispendieuse, mais pire encore, constitue globalement un recul sur le chemin qui mène à la société ouverte et responsable (« Le plus grand soin d’un bon gouvernement devrait être d’habituer peu à peu les peuples à se passer de lui » affirmait Alexis de Tocqueville).
Naturellement, il est souhaitable que tous les citoyens disposent d’une assurance maladie (et qu’ils en comprennent bien le principe afin de ne pas en dégrader le fonctionnement…) Pour être fair play, il faut tout de même reconnaître au moins une vertu à l'obligation faite de s'assurer : celle d'éviter la fâcheuse propension des gens à ne souscrire un contrat d'assurance, que le jour où ils ont besoin d'en toucher les prestations...

Mais le système proposé par le président Obama, agit par la contrainte et la déresponsabilisation, alors que le meilleur moyen de progresser vers une société adulte serait plutôt de convaincre. Dans un pays libre et éclairé, l’assurance maladie relève à l’évidence de la responsabilité individuelle et non de celle de l’Etat. L’étatisation de l’assurance maladie s’inscrit dans le mythe si bien décrit en une seule phrase, par Frédéric Bastiat : « L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde… » D'un point de vue libéral, on pourrait même proposer de juger le degré d'évolution d'une société et d'éclairement de ses citoyens, sur le poids de la tutelle étatique. La relation entre les deux étant inversement proportionnelle...
Même si à la faveur de la mystification du New Deal, le pouvoir de l’État n'a cessé d'enfler outre-atlantique, les Américains restent envers et contre tout, très largement attachés au principe de la liberté individuelle. En Europe, où nous avons depuis longtemps cédé aux sirènes de l’Etat-Providence, et où nous attendons tout de son pouvoir « absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux », nous peinons à comprendre cet idéal de société ouverte construit de bas en haut, tendant in fine, vers le self-government. Hélas notre modèle, qui pouvait faire illusion en période d’abondance, est aujourd’hui en grande et durable difficulté. Est-il encore temps de le revoir avant l’infantilisation et la faillite générales ?

06 juillet 2012

Des bosons et de la politique


Le changement, c'est pour un autre jour...
Où va-t-on, personne n'en sait plus vraiment rien. Mais peu importe car pour l'heure, une sorte de molle indifférence s'est emparée de l'opinion. Rien ne va plus pourtant. Chaque jour amène son lot de mauvaises nouvelles, notamment sur l'emploi.
Face à la déferlante qui se profile à l'horizon, le ministre du « redressement productif » a perdu de sa superbe. C'est à peine si on entend ses admonestations dans le brouillard qui plombe le climat politique. Quant au premier ministre il anone péniblement un discours de politique intérieure bourré de poncifs, de truismes et de bonnes intentions. Le gargarisme à base de mots tente de pallier l'extinction de l'inspiration. Exemple tiré de l'actualité de ce jour : ils veulent « refonder l'école ». Vaste programme pour Vincent Peillon, (auteur faut-il le rappeler, d'un opuscule ineffable prétendant que « la révolution française n'est pas terminée »).
Refonder, la belle affaire... Avec une pointe inattendue de bon sens, le ministre s'interroge quand même sur la nature de l'ambition : "l'expression est forte, elle peut même paraître excessive". Un peu, mon neveu...

A ce jour, hormis les savantes tergiversations sur les hausses d'impôts et les taxes destinées « aux plus aisés », l'imagination des dirigeants est au plus bas.
A titre personnel, si je n'appréciais guère la politique erratique de Nicolas Sarkozy, je déteste bien davantage celle de François Hollande, bourrée de béates certitudes, et imprégnée d'une morale à la fois arrogante et lâche (dure pour les autres, tendre pour soi).
Pendant que madame Merkel caracole dans les sondages, le président de la république et ses ministres, à peine entrés en fonction, s'effondrent. Parti de soixante, il y a deux mois, c'est tout juste si le nouveau chef de l'état parvient à rassembler plus de 50% d'opinions favorables !
Bien qu'il bénéficie encore d'une certaine indulgence en provenance du « peuple de gauche », même les plus ardents défenseurs de l'Etat-Providence ne semblent plus beaucoup croire aux théories qui le sous-tendent. Beaucoup ont dores et déjà pris conscience que les ressorts de la relance étaient morts. Que le moteur de la croissance s'étouffe à force d'avoir trop tiré sur le starter étatique (tout en gardant le pied crispé sur le frein...)

Reste qu'on peine encore à accepter le retour au pragmatisme et au réalisme. Les récentes avancées scientifiques à propos du mystérieux boson de Higgs devraient pourtant aider à cette conversion. En physique des particules comme ailleurs, la théorie n'a de valeur que lorsqu'elle peut être vérifiée expérimentalement, et qu'on est prêt à en revoir les fondements si quelque chose ne se passe pas comme prévu. « Une expérience qui réussit dans l'air ne réussit pas toujours dans le vide » écrivait avec sagesse David Hume. Plus généralement, « est vrai ce qui réussit », affirmait de son côté William James....