29 septembre 2013

Ubu Roi de France



Au royaume de Ringardie, tout est permis. Même de tout interdire. Ou bien de permettre toutes les inepties. Et de dire tout et son contraire, en toute impunité.

Au royaume de Père Ubu-François, la pompe à Phynance tourne à plein régime et la machine à décerveler, itou.

S'agissant de la première, on croyait avoir tout vu. Mais non. Ce qui se prépare dépasse l'entendement de tout esprit normalement constitué (non socialiste). On pense désormais sérieusement dans les cercles intellectuels de gauche, après avoir purgé les richesses réelles, à taxer les revenus fictifs. Le Conseil d’Analyse Economique (CAE),  obscure officine crée par Lionel Jospin en 1997 pour  « aider le premier ministre », propose en effet de « (sur)taxer les loyers implicites nets des intérêts d’emprunt ou, à défaut, en relevant les taxes foncières via la mise à jour les valeurs locatives ». Extraordinaire ! On sera donc puni, selon la loi de redistribution égalitaire des richesses, au seul motif qu’on possède son logement et qu’on a le culot de l’occuper ! Décidément l'adage est vrai : lorsque les bornes sont franchies, il n'y a plus de limite…

Il ne s’agit certes que d’un projet, mais il s’inscrit parfaitement dans la pataphysique effrayante dont s’inspirent les comiques troupiers qui font semblant de gouverner notre infortuné pays.

La loi Duflot déjà votée en première lecture à l’assemblée est en effet du même tonneau. En toute absurdité, elle croit pouvoir nier celle bien réelle de l’offre et la demande, et ne craint pas de s’asseoir sur le plus évident bon sens. Elle remet en vigueur l’encadrement du prix des loyers, c’est à dire leur blocage, régi par des normes administratives. Maintes fois essayé par le passé, il a toujours conduit à détériorer un peu plus la situation initiale en aggravant le sentiment de pénurie, et en favorisant le marché noir et les dessous de table. Quant à la garantie universelle des loyers joliment appelée GUL, qui a la prétention de faire disparaître le versement de dépôts de garantie, elle va déresponsabiliser encore un peu plus les locataires (puisqu’ils vont payer en plus du prix du loyer une assurance garantissant leur défaillance, pourquoi donc se gêneraient-ils, sachant qu’ils sont en pratique indélogeables). Le nombre d'impayés va mécaniquement progresser et le coût de cette folie va reposer sur un organisme public en situation de monopole, à la manière de la Sécu…
Rappelons au passage que madame Duflot tire sa légitimité de la vague représentation d’un parti totalement effrité, dont la candidate officielle (qui ne fut pas elle) a totalisé 2,31% des voix lors de la dernière élection présidentielle !

Pendant ce temps ses petits copains du gouvernement s’en donnent à cœur joie pour démanteler les quelques pans de murs légaux qui soutiennent tant bien que mal une société à l’agonie.
Chacun mériterait un développement en soi : Peillon qui, dans le droit fil doctrinaire des révolutionnaires d’antan, voudrait achever la transformation de l’Education Nationale en centre d’endoctrinement de la jeunesse (pour l’heure il est bien occupé à coller ses inoffensives affichettes joyeusement colorées, intitulées charte de laïcité), Taubira et son obsessionnel besoin d’inverser le trop classique schéma victime-agresseur, Touraine qui rêve de soviétiser un peu plus le système de santé et au mépris de sa faillite, de renforcer encore le mythe de la gratuité des soins (tiers payant pour tous), Valls qui parle à tort et à travers,
qui sur le terrain se montre attaché à l’orthodoxie gauchisante, des plus laxistes, et qui pour faire diversion, n'hésite pas à surenchérir de manière éhontée sur les propositions du Front National.

Il faudrait en parallèle évoquer l’interventionnisme étatique, sur tous les rouages de la société, destiné à pérenniser l’emprise catastrophique du socialisme. Alors que la majorité présidentielle est en voie d’atomisation, on reparle tout à coup, comme par hasard, du droit de vote aux élections locales, cette fois non pas pour les étrangers (ça reste toutefois d’actualité) mais pour les enfants dès l'âge de 16 ans…

Dans le même temps, l’Etat-PS qui s’y connaît davantage en matière de copinage que d’ouverture, fait main basse sur le Comité National d’Ethique (« renouvellement en profondeur » comme titre pudiquement le journal Le Monde, de cette instance soi-disant indépendante mais totalement inféodée au Président de la République). On devine sans peine le but de la manoeuvre puisque F. Hollande avait par avance annoncé qu'il s'appuierait, lorsqu'il faudrait prendre des décisions délicates  ( procréation pour autrui et autres tarabiscotages...) sur les avis dudit comité...

Dernier sujet de délectation qui revient également tout à coup sur le tapis : la réglementation typiquement franchouillarde, interdisant sauf exceptions, l’ouverture des magasins le dimanche et les jours fériés, ou en soirée. Elle n’est certes pas nouvelle, mais fait reparler d’elle à propos de récentes actions en justice croquignolesques. Dans ces moments, on croit vivre le cauchemar si bien décrit par Ayn Rand dans son fameux ouvrage Atlas Shrugged.

Après la faillite de Virgin, et l’hécatombe touchant les commerces situés en centre-ville, la justice à la botte du Pouvoir et de son idéologie, contraint donc, à la suite d’une plainte des syndicats, la chaîne Sephora, à éteindre ses enseignes situées sur les Champs Elysées, dès 21 heures.
Pareillement, par un hasard étrange, Leroy Merlin et Castorama sont sommés de fermer leurs magasins les week-ends (ils bénéficiaient jusqu’alors d’une dérogation en forme de faille dans la jungle des textes légaux).

Le monde n’a donc pas évolué d’un iota depuis le Moyen-âge, pour les auto-prétendus défenseurs acharnés des travailleurs. Pour ces gens, qui estiment savoir mieux que les intéressés eux-mêmes ce qui est bon pour eux, la semaine doit rester rythmée par le chant du coq et le jour du Seigneur ! A l’heure d’internet, on décrète ex-cathedra qu’il est des moments où le commerce devient illégal et où le simple fait de travailler est un délit.

Il y a toutefois de savoureux instants de drôlerie dans cette navrante régression sociale. Lorsqu’on voit par exemple, les salariés mécontents de ne pouvoir travailler comme bon leur semble et privés d’une partie de leur pouvoir d’achat, se lancer dans une action en justice contre les syndicats censés les défendre. Ou bien lorsque l’ineptie des lois devient telle que les contrevenants mis au pilori, deviennent les alliés objectifs de la bureaucratie réglementaire : ainsi, c’est à la demande de Bricorama, que ses concurrents Leroy Merlin et Castorama sont à leur tour sanctionnés !

Pour toutes ces insanités, il semble que François Hollande qui occupe à ce jour la place de satrape en chef de ce pays de cocagne, et qui brille particulièrement par son sens inné de l'absurde, méritait bien la couronne d'Ubu, en l’occurrence celle de Bokassa 1er, totalement made in France...

26 septembre 2013

L'une triomphe, l'autre s'enfonce

Enfin une bonne nouvelle !
La victoire électorale éclatante de madame Merkel, c'est la garantie que l'Europe gardera pour quelques années encore un leader crédible et par voie de conséquence une certaine stabilité. C'était vital eu égard à l'état actuel, passablement délabré, de l'Union. Et pour ceux qui se désespèrent du naufrage socialiste dans lequel s'asphyxie la France, c'est comme une bouée de sauvetage. Une petite lueur d'espoir à l'horizon...
Forte de ce succès, et de la bonne santé de son pays, Angela Merkel va dominer de la tête et des épaules ses partenaires, notamment les dirigeants français, en pleine déconfiture. On peut espérer qu'elle sera en mesure de réduire un peu leur capacité de nuisance, et que bon gré, mal gré, ils se résigneront à passer sous les fourches caudines de sa politique pragmatique.

Évidemment, et c'est la seconde source de joie, il s'agit d'une claque monumentale pour nos socialistes arrogants et revanchards qui avaient cherché de manière abjecte à saper le crédit de la chancelière et même à souiller son image en lui jetant à la figure toutes sortes de sobriquets haineux. Outre l'incapacité à reconnaître ses erreurs, ce qui caractérise bien souvent les mauvais élèves, c'est la propension à cultiver la détestation des bons...

Un tel succès après huit années de pouvoir, devrait faire un peu honte à notre président dont la légitimité ne cesse de rétrécir depuis le jour funeste de son élection. Au moment même où Angela Merkel triomphe, on apprenait que la cote de François Hollande n'avait jamais été aussi basse. A peine 23% d'opinions favorables, un an et demi après son arrivée au pouvoir ! Beau résultat pour celui qui bombait le torse avec son slogan éculé du « changement maintenant » et qui godille à la tête d'un pays plongé dans les contradictions, les incohérences et totalement incapable de sortir de ses absurdes blocages idéologiques. Anarchie gouvernementale, politique illisible, pléthore administrative, tout se conjugue pour maintenir hélas le pays dans cette seconde zone où sa grandeur passée s'étiole doucement.

La seule ligne directrice de ce gouvernement anémique, aisément perceptible par tout un chacun, reste envers et contre tout la désespérante augmentation tous azimuts des impôts, taxes, prélèvements, spoliations et confiscations. Il y a deux jours le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault n'avait d'autre argumentaire pour défendre sa stratégie miteuse, que d'alléguer que son gouvernement avait été « obligé d'augmenter les impôts ». Il tentait par la même occasion une fois encore, de faire porter le chapeau à ses prédécesseurs. Mais la ficelle est usée. La vraie raison est ailleurs. Lorsqu'on n'a aucune imagination, pas la moindre inspiration, et qu'on se complaît dans les dogmes ringards et l'auto-satisfaction, il n'y a guère d'autre solution... Au risque de parvenir à assécher complètement un pays qui se vide peu à peu de sa substance...

Au secours Angela !

25 septembre 2013

Que faire ?

Avec l'interminable crise syrienne, on mesure avec tristesse et inquiétude, le degré d'inanité auquel est parvenu la communauté internationale, et au sein de cette déconfiture, l'évanescence grandissante des stratégies occidentales.

Toujours enclins aux paroles martiales mais paralysés par les bonnes intentions, les dirigeants des démocraties « avancées » ont montré ces derniers temps de manière inquiétante leur propension à se carapater lorsqu'il s'agit d'agir vraiment. Devant l'intolérable devenu quotidien, ils merdoient, et n'ont de cesse de repousser les limites de leur tolérance, comme pour différer le passage à l'acte. En Syrie, plus de 100.000 morts en deux ans et demi ne les ont pas fait bouger d'un iota, juste manifester de temps à autre et avec une vigueur croissante leur indignation.

Le gazage d'un millier de victimes supplémentaires leur a fait hausser encore un peu plus le ton. On crut même un moment que la goutte qui allait faire déborder le vase.

En définitive, il n'en fut rien. S'agissant des initiatives de terrain, on est resté en effet au point mort, malgré les gesticulations destinées à donner l'impression qu'on s'activait face à une abomination si spectaculaire, dont les images atroces furent complaisamment exhibées par les médias.

Notre microscopique leader national, autrefois champion du pacifisme, devenu belliciste à la suite de sa brillante campagne malienne, a bien tenté pour l'occasion de se faire justicier. Il fallait selon lui, « punir » le régime de Bachar Al Assad.

Mais de quel droit se prévalait-il pour juger cet abject régime socialiste néo-soviétique aux abois qui méprise depuis des décennies l'idéal démocratique? Quel brevet de vertu peut-il exciper, lui qui ose encore se réclamer, en tant que président "socialiste", de cette idéologie aux plus de 100 millions de morts à travers le monde ? Sans doute faudrait-il y voir de l'humour noir et sans doute involontaire ?

Le fait est que le justicier en forme de Tartarin se dégonfla bien vite, vue l'inconsistance de la détermination de son allié américain de circonstance. C'était, il faut bien dire, une autre guerre que l'étrange tragi-comédie malienne qui vit l'histrion partir la fleur au fusil et régler le conflit, sans besoin d'aucun allié, en deux coups de cuillers à pot, et quasi sans avoir à tirer un coup de feu. Belle épopée, dont ne vit rien que les lampions d'après la pseudo-bataille, et dont personne ne comprit vraiment à quoi elle servit...

Hélas, le spectacle donné par le duo velléitaire Obama-Hollande rappela bien davantage un numéro à la Laurel et Hardy, qu'un tête-à-tête de grands de ce monde au sommet des nations. Franchement je persiste à préférer de loin l'association Bush-Blair de 2003, lors du problème irakien. Quoiqu'on en dise, quoiqu'on en pense, elle avait plus de panache, plus d'envergure, plus d'ambitions, et portait nettement plus d'espérances ! Plus de passions également, comme dans tout vrai drame, car la violence des injures auxquelles durent faire face à leur époque les deux artisans de la libération de l'Afghanistan et de l'Irak n'eut d'égale que l'indifférence abyssale de l'opinion publique face aux événements de 2013. Pour tout dire tout le monde se contrefout de ce qui se passe en Syrie...

Il faut dire que le tango militaro-diplomatique auquel on assiste, n'est pas seulement grotesque, il est totalement à contre-temps. S'il fallait se poser la question d'une intervention en Syrie, il est évident que c'était bien avant le n-ième acte de barbarie de la dictature baasiste. Et surtout avec des objectifs un peu plus sérieux que celui de balancer deux ou trois bombes punitives.

Mais pour cela il eut fallu des tripes, des convictions, de la volonté, et de la préparation, ce qui semble faire cruellement défaut aux dirigeants d'aujourd'hui. Au surplus, la peur d'être comparés à George W. Bush fait sans doute l'effet d'un venin paralysant.
Comme pour accentuer le sentiment d'assister à une farce, c'est Vladimir Poutine qui arrivé à la manière d'un clown blanc, tira les marrons du feu en proposant un expédient auquel se rallièrent trop heureux, les larrons pusillanimes, plutôt emberlificotés dans leurs contradictions.

Et pour enfoncer le clou, le Président américain,à la tribune de l'ONU, tira la morale de ce lamentable épisode, jugeant qu'en la circonstance, « la communauté internationale n'avait pas été à la hauteur » : Quelle lucidité !

Et l'aveu en quelque sorte, que le spectacle horrifique pourra se prolonger...

Depuis le début de son mandat le président Obama a montré une incapacité inquiétante à mener une vraie politique internationale. Résultat: plus que jamais, l'Amérique est faible, ce qui n'est jamais bon signe. Face aux nombreux défis, ce fut soit l'inaction soit l'échec. Du côté du conflit Israélo-Palestinien, aucune vraie proposition ne vit le jour. Face à l'Iran, c'est l'impuissance. Devant les révolutions tunisienne et égyptienne, l'apathie. En Libye, après un discret soutien logistique à l'intervention française, suivit une incurie dont l'attentat qui coûta la vie à l'ambassadeur US à Benghazi fut une des conséquences tragiques. En Afghanistan et en Irak, depuis le désengagement militaire, le président américain a semblé observer sans réaction l'effilochage progressif des acquis durement gagnés en 2001 et 2003. Depuis 2008, arrivée d'Obama au pouvoir, on compte plus de 4000 morts en Irak et chaque jour la situation semble se dégrader davantage.

D'une manière générale, on assiste à une nouvelle montée des périls, qui pourrait préluder à des drames à venir sous nos latitudes. Les récents carnages survenus au Yemen (65 morts), au Pakistan (70 chrétiens sauvagement assassinés à la sortie de la messe par une bande de kamikazes décérébrés, avant d'être démembrés), et au Kenya (plus de 60 morts dans un supermarché) font froid dans le dos. impossible de ne pas voir que l'islam dans sa version la plus hideuse, la plus arrogante, la plus rétrograde, la plus vindicative ou simplement provocante ne cesse de progresser.

Il serait temps de s'en inquiéter, sans avoir pour autant besoin de faire des amalgames réducteurs, mais avec sang froid et réalisme. L'intolérable ne peut être toléré....

10 septembre 2013

Atlas Shrugged 3

La grande force de cet ouvrage, réside avant tout dans l'étonnante prescience de ses constats. Ayn Rand n'a pas son pareil pour mettre en scène le fiasco, lié de manière consubstantielle au mythe bien intentionné de la Justice Sociale, et décrire par le menu, les calamités qu'il ne manque pas de générer. A cette fin, elle ne prend pas le modèle brutal du communisme, qu'elle a bien connu mais qu'elle a jugé sans doute trop caricatural eu égard à la maturité de la société américaine, mais celui beaucoup plus insidieux de la Social-Démocratie, dont elle pressentait les dangers. Le totalitarisme de cette dernière n'est pas sanguinaire, simplement asphyxiant. Il n'éradique pas, il gangrène. Il ne frappe pas, il corrompt. Il ne martyrise pas, il assujettit. Il répond en somme parfaitement à l'appellation que lui donnait Friedrich Hayek : la Route de la Servitude.

Elle montre comment peu à peu se répand cette toxine à la saveur trompeusement suave, au sein d'une société florissante en l'imprégnant de principes sédatifs, qui endorment l'esprit critique, le bon sens, et finalement jusqu'au goût de la liberté.
Elle met par exemple en lumière les effets néfastes des sondages et de la recherche démagogique du consensus, qui amènent à confondre opinion publique et réalité objective, en donnant à des approximations, ou pire à des croyances, l'apparence de la vérité. De ce point de vue, le nom d'objectivisme qui a été donné au courant de pensée dont elle fut le fer de lance se justifie pleinement à cet égard.
Elle prétend qu'il ne suffit pas de se dire bien intentionné ou désintéressé pour être objectif, ou indépendant. Qu'il est au contraire plus sain dans toute controverse, toute stratégie, tout entreprise, de défendre des intérêts sans faux semblant, d'avancer en affichant clairement ses objectifs plutôt que ramper derrière le masque d'une pseudo neutralité.
Elle pointe avec un sens quasi divinatoire la peur du progrès qui s'empare trop souvent, et on ne sait pourquoi, des âmes prétendues charitables et même de certains scientifiques dévoués au culte de la Nature. Ainsi Hank Rearden qui invente un métal révolutionnaire par sa légèreté et sa solidité, et qui veut l'expérimenter sur les chemins de fer, est considéré tout d'abord comme un fou dangereux qu'il faut empêcher de nuire, puis lorsqu'il réussit, comme un profiteur éhonté qui doit être cloué au pilori et à qui il faut faire rendre gorge : « Notre pays a donné ce métal à Rearden, maintenant nous attendons qu’il donne quelque chose en retour au pays » s'exclame un des satrapes du Pouvoir Central à son encontre.
Ayn Rand montre avec sagacité la perversité du raisonnement qui considère le profit comme un mal absolu et qui ne conçoit le Service Public qu'au travers d'un monopole étatique.
Elle souligne enfin magnifiquement l'arrogance des politiques menées au nom de principes, leur incapacité à remettre en cause les postulats sur lesquels elles reposent, et leur propension à l'inverse, à aggraver les symptômes en persistant à infliger toujours les mêmes remèdes, à doses croissantes. De ce point de vue la description du désastre chronique qu'elle dépeint entre en résonance troublante avec le monde actuel...

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Quelques citations choisies permettront peut-être d'éclairer davantage le point de vue développé par Ayn Rand dans cette fresque qu'on peut certes critiquer mais qui ne saurait laisser indifférent, tant elle sort des sentiers battus, tant elle s'élève au dessus des clichés et des lieux-communs si rebattus...


Sur l'argent
« Vous pensez vraiment que l'argent est à l'origine de tous les maux ? …/... Et vous êtes vous demandé quelle était l'origine de l'argent ? L'argent est un moyen d'échange. Il n'a de raison d'être que s'il y a production de biens et des hommes capables de les produire. L'argent matérialise un principe selon lequel les hommes disposent, pour commercer, d'une monnaie d'échange dont ils admettent la valeur intrinsèque. Ceux qui pleurent pour obtenir vos produits ou les pillards qui vous les prennent de force n'utilisent pas l'argent comme moyen. L 'argent existe parce que des hommes produisent. C'est ça le mal pour vous ? »

« Quand vous recevez de l'argent en paiement d'un travail, vous l'acceptez parce que vous savez que cet argent vous permettra d'acquérir le fruit du travail d'autres personnes... »

« L’argent sert l’héritier qui en est digne, mais détruit celui que ne l’est pas. Dans ce dernier cas, vous direz que l’argent l’a corrompu. Vraiment ? Et s’il avait plutôt corrompu son argent ? »

« Celui qui méprise l’argent l’a mal acquis ; celui qui le respecte l’a gagné. »

A propos de la morale et du Libre Arbitre
« Il n’y a pas d’instinct moral, seule la raison permet d’exercer son sens moral. »

« Le seul impératif moral de l’homme est : tu penseras. »

« Un processus rationnel est un processus moral. A chaque étape, vous pouvez commettre des erreurs, sans autre garde-fou que votre exigence personnelle. Vous pouvez également tricher, nier la réalité et vous dispenser de l'effort intellectuel. Mais si la moralité est consubstantielle à la recherche de la vérité, alors, il n'y a pas d'engagement plus grand, plus noble, plus héroïque que celui de l'homme qui assume la responsabilité de penser »

« Seul ce qui est choisi est moral, non ce qui est imposé ; ce qui est compris non ce qui est subi. »

« Il n’y a pire autodestruction que de se soumettre à l’influence d’une autre pensée (que la sienne). »

« Dans toute situation à chaque instant de votre vie, vous êtes libres de réfléchir ou de vous exonérer de l’effort que cela implique. »

« Un homme qui meurt pour la liberté ne fait aucun sacrifice : il n’est juste pas disposé à vivre en esclave. »


Sur la dualité corps et l'esprit

« Deux types de maîtres à penser qui tirent profit de cette séparation entre le corps et l’esprit, enseignent la morale de la mort : d’un côté les mystiques de l’esprit que vous qualifiez de spiritualistes ; de l’autre les mystiques de la force physique, les matérialistes. Les premiers croient à la conscience sans existence, les seconds à l’existence sans conscience… mais tous deux exigent la capitulation de votre esprit, les uns devant leurs révélations, les autres devant leurs réflexes. » 

   
Sur la Justice Sociale et l'utopie égalitariste, la négation de la réalité...
« Ceux qui commencent par vous dire : « satisfaire vos propres désirs est égoïste, vous devez les sacrifier aux désirs des autres » finissent immanquablement par dire « être fidèle à vos convictions est égoïste, vous devez les sacrifier aux convictions des autres »

« Le Bien des autres, c’est la formule magique. Celle qui change n’importe quoi en or, qui sert de caution morale et de rideau de fumée à n’importe quel acte, y compris le massacre de tout un continent. »

« Vous redoutez l’homme qui a un dollar de moins que vous, car vous pensez que ce dollar devrait légitimement lui revenir, et vous vous en sentez moralement coupable. Vous détestez l’homme qui a un dollar de plus que vous car vous estimez que ce dollar devrait vous revenir, et vous vous sentez moralement frustré. Celui qui a moins est source de culpabilité, celui qui a plus est source de frustration… »

« Ils affirment que l'homme a le droit de vivre sans travailler, au mépris du principe de réalité ; qu'il a le droit à un « minimum vital » - un toit, des aliments, des vêtements – sans effort, comme si cela lui était dû dès sa naissance. Mais qui doit lui fournir tout ça ? Mystère... »
 
« Si vous adoptez une ligne de conduite qui n’instille aucune joie dans votre vie, qui ne vous apporte aucun avantage matériel ou spirituel, aucun profit, aucune récompense, si vous parvenez à ce néant absolu, vous aurez alors atteint l’idéal de perfection morale auquel on veut vous faire croire… »

« Admirer les vices de ses semblables est une trahison morale et ne pas admirer leurs vertus une escroquerie morale. »

« C’est toucher les bas-fonds de la dégradation morale que de punir les hommes pour leurs vertus et les récompenser pour leurs vices… »
 
« A chaque instant et en toutes circonstances, votre choix éthique fondamental est : penser ou ne pas penser, exister ou ne pas exister, A ou non-A, l'entité ou le zéro...

Une chose est elle-même. Une feuille ne peut pas être feuille et pierre en même temps, ni entièrement rouge et entièrement verte en même temps, pas plus qu'elle ne peut geler et se consumer en même temps. Vous ne pouvez pas en même temps manger un gâteau et le garder. A est A, la vérité est vraie, et l'Homme est Homme... »



Ayn Rand La Grève (Atlas Shrugged)
Traduit en français par Sophie Bastide-Foltz
Les Belles Lettres. Paris 2011

08 septembre 2013

Atlas Shrugged 2

Les esprits grincheux auront beau jeu de relever les longueurs qui plombent quelque peu ce colossal Atlas Shrugged. On peut même être rebuté par sa touffeur luxuriante.
Il y a des naïvetés également dans la narration des aventures picaresques de ces héros audacieux, qui tentent de s'opposer avec vaillance à l'emprise grandissante d’une froide et prétentieuse bureaucratie dirigiste. La foi inébranlable dans l'individualisme qui les anime envers et contre tout peut sembler caricaturale a bien des égards, le peu d'élévation spirituelle caractérisant leur morale également.

Pourtant, dans cette fabuleuse odyssée, dans les personnages hors normes qui la peuplent et qui véhiculent cette philosophie, que d'aucuns trouveront simpliste, il y a quelque chose de troublant, de vrai, d'attachant, et en fin de compte d’assez bouleversant. Ils sont malgré tout, très humains dans leurs passions, leur pragmatisme, leur manière de raisonner.
Dagny Taggart est le personnage le plus impressionnant de ce récit. Cette jeune femme d'allure fragile et élégante est un roc. Sur ses épaules repose l'empire légué par son aïeul, Nathaniel « Nat » Taggart, magnat des chemins de fer de la grande époque. Elle se révèle indomptable dans l'exercice qui consiste à pérenniser l'entreprise, et même lorsque tout s'écroule autour d'elle, à continuer de se battre avec un courage inflexible pour la faire fonctionner envers et contre tous les obstacles. En premier lieu contre son frère James, nabab asthénique, sans énergie ni conviction, incapable de prendre une vraie décision, mais prêt à toutes les compromissions, du moment que son intérêt personnel semble préservé.

Mais également, face à une kyrielle de hiérarques huileux et d'experts pontifiants, qui incarnent un Service Public baignant dans le jus des bonnes intentions, qui se gargarisent de vœux pieux, de paroles emphatiques mais creuses. Du Président de la République Thomson, gentil mais falot, jusqu’à l’aréopage sentencieux de donneurs de leçons et de redresseurs de torts qui gravitent à tous les étages du Pouvoir et s'en partagent sans vergogne les prébendes. Plus il paraît évident que leur politique conduit au désastre, plus ils jugent bon d’en renforcer la ligne directrice, et plus ils multiplient les mesures néfastes, imposant à tous des contraintes ubuesques, au nom de principes captieux qu'ils érigent en lois !
Le parallèle avec notre époque saute aux yeux. Mêmes causes, même effets. On est stupéfait de la prescience de l’auteur qui décrit avec précision l’engrenage infernal dans lequel le monde contemporain, notamment la France, semble emporté. En l'occurrence, les ressemblances, quoique fortuites, avec certaines personnes actuelles sont hallucinantes...



On retient également parmi les héros de cette puissante contribution à la mythologie du Nouveau Monde, Henry Rearden entrepreneur intrépide et inventif, modèle s'il en fut du self made man, qui parti de rien, se hisse à la force des poignets à la position de leader de l’industrie sidérurgique. Francisco D’Anconia héritier fantasque d’une fortune familiale gigantesque, acquise dans l’extraction du minerai de cuivre, aussi brillant et séduisant que désabusé vis à vis de ses contemporains. Chevalier des temps modernes, c'est l’énergie du désespoir et l'attachement passionné à la liberté, qu'il oppose aux lubies collectivistes, affichant une morale paradoxale, oscillant entre cynisme et puritanisme. Enfin, last but not least, le fameux John Galt, figure de commandeur, ténébreuse, mystérieuse, à la fois prophète, révolutionnaire, justicier, véritable Zorro de la civilisation industrielle, jamais où on l’attend, mais toujours présent dans l’ombre, prêt à l’action.
Qui est John Galt ? Telle est la question obsédante qui revient sans cesse, qui sert de fil conducteur tout au long de cette descente aux enfers, jusqu’au paroxysme final, en forme d’apocalypse. John Galt visionnaire impose alors l'évidence fracassante au peuple qu’il sort enfin de sa léthargie. Une roborative tirade qui s'étend sur plus de 60 pages et qui par sa portée messianique, réduit à d'insignifiants vagissements les vitupérations des soi-disant "Indignés", "Altermondialistes" et autres "Occupy".
Mais pour avoir dit la vérité, John Galt est supplicié par la clique dont il est parvenu à amorcer la déroute. Son calvaire christique s'achève toutefois par une libération triomphale. John Galt, tel un nouveau Prométhée, est en mesure, avec ceux qui ont eu la force de traverser ce moyen-âge des temps modernes, de propager ce message si simple, si limpide, si naturel, appelant à faire en sorte que s’exprime en toute liberté, en toute responsabilité, « ce qu’il y a de meilleur en nous. »

31 août 2013

Atlas Shrugged 1


A la fin des années cinquante, une bonne partie de la planète subissait sous une forme ou sous une autre, la dévastation du socialisme. Et dans le reste du monde dit "libre", malgré l'impossibilité pour toute personne un peu curieuse, de méconnaitre la nature perverse de ce système politique, il était l'objet d'une étrange fascination dans laquelle une inexplicable sympathie l'emportait sur la répulsion. Parce que le socialisme masquait son immonde réalité derrière une nuée de belles et généreuses chimères, nombreux étaient ceux qui préféraient se nourrir d'illusions plutôt que d'évidences. Chaque nouvelle application du modèle, chaque variante, s'avérait un échec pour ne pas dire plus, mais quantité de gens continuaient étrangement de croire à l'avènement du paradigme idéal, fondé peu ou prou sur les postulats fallacieux du marxisme.

C'est à cette époque qu'un énorme roman entreprenant de démolir méthodiquement cette idéologie vit le jour aux Etats-Unis. Ayn Rand (1905-1982), exilée russe d'origine juive, en était l'auteur aussi inspirée que déchainée. Disons tout de suite que cet ouvrage torrentueux, relevait en effet autant de l'imprécation que du récit. Ce haussement d’épaule titanesque (Atlas Shrugged) secouait rudement les canons du conformisme bien-pensant. Mais comment pouvait-il en être autrement pour cette femme passionnée, qui avait connu de près le communisme, qu'elle vit naître, croître et enlaidir, dans sa patrie d'origine ? Les Bolchéviques avaient spolié la pharmacie paternelle, ruiné les espérances prométhéennes que jeune fille, elle nourrissait en un monde meilleur, et tenté de détruire sans le moindre état d'âme, tout ce qui représentait pour elle la force et la liberté de l'esprit humain. Autant dire qu’elle fut vaccinée très tôt et définitivement contre cette calamité.

En 1926, lorsqu'elle eut la chance de pouvoir émigrer vers le Nouveau Monde et qu'elle en découvrit l'aspiration pour la liberté et le goût pour l'initiative individuelle, elle se prit de passion pour ce pays dont elle ne fut pas peu fière d'acquérir la nationalité en 1931.

Non contente d'épouser avec enthousiasme le modèle de cette société ouverte, il fallut bientôt qu'elle consacra toutes ses forces à tenter de démonter la monstrueuse idéologie qui craignait-elle, risquait d'en dépraver l'essence, si ce n'est par la révolution, au moins par son poison idéologique.
Chose étonnante, elle réalisa le tour de force d'évoquer sur près de 1200 pages ce fléau sans en écrire une seule fois le nom !

Pourtant il n'y a pas de doute. Ce mal qui de la première à la dernière page, gagne insidieusement tous les étages d'une société florissante, et qui a la prétention, tout en la pourrissant peu à peu, d'apporter davantage de justice, d'égalité et de progrès social fait soi-disant de fraternité et d'amour, ce tissu d’âneries sournoises, ce ne peut être que le socialisme !

L'erreur est d'autant moins permise que le funeste corollaire de ces vœux pieux, est décrit sans ambigüité. A savoir le sinistre échafaudage intellectuel qui sous couvert de solidarité et de bonnes intentions, n’aboutit qu’à dresser les gens les uns contre les autres au nom de la lutte des classes et à démolir progressivement tout ce qui fait la cohésion sociale. En clouant notamment au pilori les riches et les nantis, offerts en pâture, par pure démagogie, au populisme revanchard le plus primaire qui soit. En invoquant dans le même temps le principe de redistribution sous contrainte étatique des richesses, tout en en planifiant la production par un imbroglio contradictoire de réglementations, de seuils et de quotas. Et bien sûr, en taxant toujours plus ceux qui réussissent, afin soi-disant de réduire les inégalités et surtout de séduire ceux qui sont assez niais pour croire qu'ils peuvent avoir des droits acquis sur les fortunes construites grâce à l'audace et à l'esprit d'initiative... (à suivre)

26 août 2013

Blue Mood


Lorsque le spleen s'appesantit sur l'âme en proie à cette langueur étrange dont parlait Verlaine, lorsque les dernières gouttes tièdes de soleil signent la fin prochaine d'un bel été, lorsque l'esprit cherche en vain le moyen d'échapper à un destin trop navrant, lorsque le temps présent se fait l'écho, tout à la fois de joies finies et de tortures en devenir, quoi de plus réconfortant que quelques notes de jazz virevoltant dans l'air ?

C'est exactement ce qui m'arriva aux oreilles, ce soir d'août, tandis que je flânais, cahin-caha dans Royan, au bras rassurant de ma chère et tendre, que les vacanciers rassasiés de sel, de sable et de chaleur, remontaient nonchalamment de la plage, et que d'autres commençaient leur soirée en s'adonnant en rangs serrés au lèche-vitrine.

Nous tombâmes en arrêt, sur une place tranquille, d'où venait le flot plein de gaieté d'un trio musical boppant avec maestria sous un petit chapiteau tendu de blanc. Trois jeunes gens sapés comme des étudiants de quelque grande école, se déchaînaient sur le fameux standard de Stevie Wonder : You are the sunshine of my life !
On apprit par la voix du pianiste qu'ils avaient pour nom Thomas Mayeras (au piano justement), Julien Daude (à la contrebasse) et Germain Cornet (à la batterie).

Si le Blues est dit-on, la musique du diable, ce petit quart d'heure avait quant à lui quelque chose d'angélique. Elégance, classe et swing était les maîtres-mots de ce moment enchanteur. Quel miracle qu'on puisse encore dans notre époque épuisée, déployer tant de grâce et tant d'optimisme ! Et avec ça une jeunesse éclatante !

Je ne me souviens plus hélas du titre suivant, mais j'ai retenu qu'il s'agissait d'un hommage au superbe pianiste McCoy Tyner, hélas aujourd'hui un peu rangé des voitures, mais qui magnifia des années durant, le hard bop aux côtés de John Coltrane. Ni une ni deux, j'ai saisi mon appareil photo que j'ai toujours sous la main et je me suis mis à filmer goulûment (cf ce clip posté sur Youtube) ...

Il y avait également ce soir là dans ces mélodies savoureuses, un peu de Wynton Kelly, de Hampton Hawes, de Red Garland, de Phineas Newborn...
Au clavier Thomas Mayeras semblait narguer malicieusement, mais non sans un vrai et original talent de mélodiste, ses aînés. La basse était quant à elle épatante, simple et bien carrée, et la batterie particulièrement fringante, libre et débordante de breaks délicieux et de brosses veloutées. 
Décidément, ceux qui ont la faculté de pouvoir tromper de cette manière, "les ennuis et les vastes chagrins qui chargent de leur poids l'existence brumeuse"  sont bénis des dieux !

Encore bravo et merci !

18 août 2013

Rendez-vous en terre inconnue


Vu récemment une rediffusion de cette gentille émission, animée sur France 2 par Frédéric Lopez, qui met en scène de gentilles stars du show biz, dans des contrées lointaines, de préférence très décalées par rapport aux standards de la société de confort matériel que nous connaissons.
Cette fois c’était au tour du rugbyman Frédéric Michalak d’être confronté à de sympathiques représentants des peuplades de Lolos noirs, vivant dans la région montagneuse de Cao-Bang située à l’extrême Nord Est du Vietnam.

Délicieux spectacle de ces agriculteurs d’une autre époque, à la simplicité rustique mais à l’allure très soignée et polie. Charme dépaysant de leurs silhouettes bucoliques ornées de leurs chapeaux pointus. De leur tenue légère, toute noire pour les hommes, égayée de broderies délicatement colorées pour les femmes, au port élégant et distingué. Même les pieds dans la boue et même en plantant le riz à mains nues, ou par le biais d’outils rudimentaires, ces gens gardent un sourire éclatant, juste un peu terni pour les plus âgés, par le bétel qu’ils mâchent pour se donner du cœur à l’ouvrage. Magnifiques paysages de rizières en terrasses, avides des chaudes pluies tropicales. Cieux plombés et végétation luxuriante où les verts tantôt tendres, tantôt profonds se conjuguent avec volupté…
Qu’ils paraissaient patauds nos deux compères urbains, contraints de jouer pour un moment le jeu si touchant et écologique du retour à la nature !

Tout cela serait idyllique si l’on ne se souvenait pas de la tragédie vécue par ce pays, il y a quelques décennies, et dont il n’est, pas encore vraiment libéré, en dépit d’apparences un tantinet trompeuses.
Rien n’aurait d’ailleurs rappelé ces évènements à la mémoire des téléspectateurs, sauf le récit « spontané et impromptu » d’un vieil homme surgi de nulle part.
 
Hélas, à cette occasion, on eut droit à l'inévitable couplet présentant de manière partisane le terrible conflit qui opposa le Vietnam aux Etats-Unis dans les années soixante. On put « apprendre » ainsi de la bouche de ce vétéran Viêt-Cong, que la guerre aurait saisi ce paisible peuple champêtre, du jour au lendemain. Que de méchants Américains, venus d’on ne sait où, et on ne sait pourquoi, bombardèrent férocement ces campagnes innocentes, en ciblant de préférence les populations civiles, et qu'ils firent ainsi à coup de napalm et d'agent Orange, plus de 3 millions de morts, sans raison apparente... Entre autres détails accablants, on nous révéla même que ces odieux agresseurs, lorsqu’ils faisaient des prisonniers, avaient pour habitude de leur couper les tendons situés derrière les genoux, pour les empêcher de nuire à nouveau !

Les deux Frédéric, semblant saisis par ce récit édifiant, en étaient comme deux ronds de flancs, se contentant d’acquiescer vaguement. Pas un mot, pas une remarque de leur part.

Il faut croire qu’ils ignoraient l’agression permanente à laquelle se livrèrent des années durant les gens du Nord contre ceux du Sud, dans les années cinquante, juste avant l’intervention américaine. Sans doute n’avaient-ils aucune idée de la détermination fanatique des partisans d'Ho-Chi-Minh, d'installer par la force sur l'ensemble de la péninsule, une dictature communiste. Probablement n’avaient-ils jamais entendu parler de la manière délibérée qu'ils avaient de mêler leurs combattants aux populations civiles pour pousser leurs ennemis à la faute et donner aux yeux d'une opinion publique occidentale très crédule, l'illusion que leur cause était la victime de l'impérialisme yankee.

Avaient-ils seulement à l’esprit l'instauration en définitive par la terreur, et en totale violation des accords de paix de Paris, du socialisme communiste encore en vigueur aujourd’hui, malgré des concessions croissantes au capitalisme si honni ? Avaient-ils connaissance que plusieurs dizaines de milliers de Sud-Vietnamiens furent exécutés sommairement après la chute de Saïgon en 1975, que plus d’un million furent déportés dans d’infâmes camps de concentration, que 4 millions furent contraints à l’exil, dont au moins 250.000 boat people périrent dans des circonstances atroces, alors que les Américains s'étaient retirés depuis longtemps du pays... Avaient-ils enfin quelque notion de l'épisode de la colonisation française, qui explique pourtant en partie la tragédie indochinoise… Le fait est que la terre, mais aussi l’histoire gagneraient parfois à être mieux connues…

16 août 2013

Songe d'un soir d'été

Lorsque la journée s'éternise
Au creux du soir ensoleillé
Je rêve un peu ensommeillé
Dans la clarté qui s'amenuise


Hélas, cette tiédeur exquise
S'empreint d'une sourde anxiété
Qui distille au sein de l'été
De froides vapeurs de banquise


L'heure n'est en somme, qu'un désert
Où mon indolence extatique
Côtoie sans cesse le tragique


Ce paradis est un enfer,
Je n'ai pas d'autre alternative:
Je garde espoir ou je dérive....