17 avril 2015

The Killing Fields

Sinistre date Anniversaire, ce 17 avril 2015.
Celle de la prise du pouvoir par les Khmers dits "rouges" au Cambodge, il y a tout juste 40 ans.
Ce génocide idéologique commis au nom du socialisme, sous les yeux indifférents voire complices des nations libres restera à jamais comme une honte incommensurable. Près de deux millions de morts, dans un pays qui en comptait à peine 7, c'est proprement ahurissant !

En 1975, après les horreurs du stalinisme, du maoïsme, et de tant de régimes se réclamant du socialisme sous toutes ses formes, l'incapacité de l'Occident vis à vis de ces crimes abominables fut impardonnable (on se souvient entre autres des vivats d'une partie de la presse française, célébrant "Phnom Penh libérée").
Durant ce XXè siècle sanguinaire, seul le nazisme fut réellement combattu et ses dirigeants punis, mais qui se souvient ou simplement reconnaît qu'il ne s'agissait en définitive là aussi, que d'un avatar du socialisme ?

Impardonnable complaisance qui se prolonge d'une quasi indifférence de l'opinion publique encore de nos jours. Où nous tolérons que des atrocités similaires soient commises depuis si longtemps en Corée du Nord. Où l'on voit le Président des Etats-Unis d'Amérique serrer chaleureusement la main ensanglantée du dictateur cubain. Où l'on peut encore entendre
dans notre pays, sans que cela paraisse choquant, des politiciens ou des soi-disant philosophes prônant l'application radicale de cette idéologie infâme. Où certains se réclament même sans vergogne du communisme tandis que d'autres se gargarisent toujours du socialisme qui occasionna tant de malheur sous toutes les latitudes !
Cette complaisance vis à vis d'une doctrine cachant sous de vertueux principes son abjection, est décidément un grand mystère. Quand donc les yeux se dessilleront-ils sur sa nature perverse ? Quand pourra-t-on dire que les innombrables victimes sacrifiées sur l'autel de ses prétendues bonnes intentions ne sont pas mortes pour rien ? Quand comprendra-t-on que les tyrannies établies au nom de l'humanisme sont les pires ? Quand donc l'être humain sera-t-il assez émancipé pour résister aux folles lubies qui germent dans son cerveau ?

Evidemment, lorsque l'on revoit les images de cette période effrayante, ces hommes en noir se ruant comme des diables sur Phnom-Penh, et sitôt les premières heures de liesse passées, installer partout leur indicible barbarie, on ne peut s'empêcher de penser aux islamistes radicaux, ivres d'absolu et de prétention, commettre avec un horrible théâtralisme, sous les yeux des caméras, leurs exactions.
Qu'elles soient perpétrées au nom de Dieu ou de l'idéalisme athée, les abominations inventées par le génie humain sont plus terribles que n'importe quelle calamité. Même s'il faut en toute circonstance garder l'espoir rivé à la Liberté, les mots manquent face à de telles horreurs, et de telles absurdités.
« A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse
Seule le silence est grand, tout le reste est faiblesse... »


Illustration : crânes de victimes des Khmers Rouges à Choeung Ek (Wikipedia)
Rappel d'un billet antérieur : Les obscurs fondements de la haine

04 avril 2015

Un parfum de printemps

Dernier dimanche de Mars à Montpellier. Au jardin des plantes, l'air printanier verse d'agréables tiédeurs ensoleillées à travers les feuillages tendres. D'un arbuste tout juste sorti de la torpeur hivernale, à peine encore verdi, les délicates orbes fleuries émettent une adorable senteur, fraîche comme l'aurore aux doigts de rose, telle que la chantait le vieil Homère.
Quel est donc cet arbrisseau plein de charme et de candeur ? M'est avis, sans pouvoir l'affirmer qu'il s'agit d'une variété de viburnum, ou plus vulgairement viorne. De Corée peut-être (viburnum carlesii)... Malheureusement c'est une supposition car aucun panneau ne signale l'essence en question contrairement à d'autres.
Dommage, car les parcs botaniques, bien entretenus, sont une mine d'enseignement et une source inépuisable de ravissement pour l'amateur des merveilles subtiles dont nous gratifie généreusement la nature. Au sein des villes souvent turbulentes, ce sont des havres de quiétude propices aux songes et à la méditation. Celui-ci est à ce qu'il paraît, le plus ancien de France, fondé en 1593 par Richer de Belleval sur instruction du bon roi Henri IV. Grâce lui soit rendue, même si en cette sortie d'hiver, rares sont les floraisons, et si un petit défrichage s'impose dans les allées un peu en désordre.

J'aime les fleurs qui embaument. La fragrance est un peu la musique de la végétation. C'est son côté abstrait, qui porte à toutes les supputations, qui vous élève et vous suggère tant de choses, fait resurgir tant de souvenirs... 

Les parfums des roses sont sans doute parmi les plus envoûtants, bien que les variétés odoriférantes soient de plus en plus difficiles hélas à trouver chez les fleuristes.
Mon préféré toutefois est sans doute le jasmin. Je ne peux résister à cette belle efflorescence blanche, à la fois explosive et contenue, qui fait vibrer l'air alentour comme dans un rêve exotique. J'aime aussi les lys aux traînées capiteuses, les œillets et les giroflées porteurs de délicates épices, ou bien encore les daphnés, émouvants comme l'est pour un amoureux transi l'haleine de sa bien-aimée, les chalefs (elaeagnus ebbingei) étonnants arbustes évoquant les lauriers, mais qui donnent une saveur un peu méridionale aux rivages océaniques d'Oléron, les clérodendrons de Chine à senteur jasminoïde, dont les grappes graciles prolongent suavement l'été dans l'automne et qui finissent en beauté sous la forme de perles bleues enchâssées dans des calices de pétales pourpres...

Ce dimanche était aussi jour d'élection. Qu'importe, je n'avais pas trop la tête à ça. Et puis que dire ? Que la Gauche se prend comme prévu une sévère raclée amplement méritée, ce qui ne l'empêchera sûrement pas de continuer à donner des leçons. Que la Droite tire les marrons du feu sous la houlette avisée de Nicolas Sarkozy. Décidément, si cet homme ne brille pas par la constance de ses convictions, il faut bien reconnaître qu'il possède les qualités et l'énergie d'un chef ! Que le Front National enfin recueille un quart des suffrages exprimés, mais en définitive à peine une poignées d'élus et aucun département, confirmant, quoiqu'on pense de ce parti, que la démocratie française est bien malade...

25 mars 2015

Le Carrousel Sicilien

C’est toujours une joie de suivre Lawrence Durrell dans ses nombreuses et ensorcelantes pérégrinations méditerranéennes.
Aussi, lorsqu’il convie ses lecteurs à le suivre bord d’un petit autocar rouge, à la découverte de la Sicile, on ne peut que s’exécuter et se réjouir à l’avance.
Le carrousel sicilien, c’est le nom du programme organisé auquel il souscrivit auprès d'une agence de voyages, à la fin des années soixante-dix. Rien de plus convenu a priori, pour des vacances. Et pourtant, sous sa plume tout s’enchante et l’on parcourt non seulement des lieux, mais aussi le temps…

Au départ c’est d’ailleurs une sorte de retour dans son propre passé auquel il se livre, et l’occasion de faire revivre un peu le souvenir d’une femme, Martine, dont on devine qu’elle fut bien plus qu’une amie, et qui avait fait de cette île sa terre d’élection. Pour l’écrivain, c’était l’occasion “d’exorciser la tristesse d’une mort qui ôtait tout sel à la vie…” 

A maintes reprises, le lecteur est donc amené à partager cette complicité, via les lettres échangées jadis, que Durrell relit à chaque étape du périple.

Vue d’avion, avant même d’y mettre le pied, la Sicile impressionne : “jetée en travers du détroit comme un piano de concert, elle apparait menaçante comme sur la défensive.../… Une île à la dérive, comme la Crète, comme Chypre…” C’est pourquoi, en la voyant ainsi surgir par le hublot, cet incurable islomaniaque qu’est Durrell, ressent “une espèce de serrement de coeur, d’inquiétude.”
Bien vite toutefois ce trouble se dissipe, et en sillonnant ce pays, une foule d’impressions et d’idées vont se succéder dans sa tête, faisant de ce récit, une délicieuse mosaïque littéraire. Une galerie de portraits bien sûr avant tout : compagnons de voyage, gens de rencontre, figures rêvées à partir de souvenirs, se succèdent et se croisent sans vraie chronologie : Deeds, "ancien de l‘armée des Indes, avec ses chaussures montantes, l’imperméable cachant une saharienne délavée, le foulard de soie noué autour du cou, la valise fatiguée et patinée…", une famille de touristes français “à l’air chagrin qui ressemblaient à des microscopes bon marché”, un prêtre un peu exotique, et, last but not least, Roberto le guide à la faconde intarissable.

Il y aura dans ce voyage des moments de joie, des drames aussi. Par exemple le spectacle incongru, au détour d’un virage, d’un terrible accident d’auto, frappant les esprits comme un tragique rappel à la réalité sur cette route joyeuse, baignée d'azur et de soleil.
Et puis naturellement les digressions mi-géographiques, mi-historiques sur ce pays étonnant plus qu’aucun autre à la croisée des chemins, des cultures, des religions. Entre autres, des considérations érudites sur les monnaies antiques : celle d’Athènes portant l’effigie d’une chouette évoquant “les skops qui occupent toujours les anfractuosités de l’Acropole et poussent à l’aube et au crépuscule, leur cri étrange et mélancolique…”. Ou bien la rose qui donna son nom à Rhodes et qui ornait délicatement au temps antiques, les espèces sonnantes et trébuchantes…

Et bien sûr le grand carrousel des cités, plus ou moins marquées par moultes aventures et mésaventures à travers les siècles...
Catane, pour commencer, mais sans intérêt majeur, il faut bien dire. Longue digression en revanche sur Syracuse, un peu désenchantée tout de même : “une coquille vide dont l’esprit s’est enfui. les temples eux-mêmes ont pour la plupart disparu, usés jusqu’à leurs fondations comme les molaires d’un vieux chien”. Ce qui n’empêche la cathédrale d’éveiller l’émotion : “un lieu sacré bien avant les Grecs. où l’on n’a pas fait table rase du passé, on l’avait au contraire accepté et adapté avec une générosité et un goût qui faisait plaisir à voir.” Pour la première fois, concède Durrell,” je ne me sentais pas anti-chrétien” !
Agrigente. Pas “l'affreuse ville moderne horrible fatras de taudis crasseux et anonymes”, mais ces ruines muettes qui témoignent de l’esprit grec, lorsque cinq siècles avant Jésus Christ,” il imposa, une fois pour toutes, ses lumières au monde, et affirma sa résolution de briller de tout son éclat”. Et le souvenir d’hommes illustres, tel Empédocle, savant, philosophe, et médecin, sur lequel on fit courir des légendes de nécromancie ou de sorcellerie et que Bertrand Russell fit passer pour un mythomane, alors qu’il fut, comme le rappelle Durrell, respecté par Aristote et qu’il influença Lucrèce ! Ou Eschyle, fameux dramaturge qui écrivit plus de 80 pièces de théâtre dont seules 7 parvinrent jusqu’à nous, et qui tomba éperdument amoureux de la Sicile où selon toute probabilité il monta son Prométhée enchainé et son Prométhée déchainé.
Une foule de noms se succèdent ensuite : Selinonte qui tire son nom du selinon, celeri sauvage, puis Erice, Segeste, Palerme, et enfin Messine, et sa cathédrale, reconstruite après un tremblement de terre, avec simplicité, modestie, et la lumineuse spontanéité d’une aquarelle zen, l’un des plus intéressants et somptueux édifices de l’ile.
Et au terme du voyage, impossible évidemment, de ne pas passer quelques instants éblouis dans la douce Taormina qui s’ouvre sur le plus beau théâtre du monde : l’Etna !
Bref, une vraie cure d’intelligence et de poésie, que délivre une fois encore le plus méditerranéen des écrivains anglais, avec ce mélange inimitable de fantaisie, de grâce, d'humour et de légèreté !

Illustration : Nicolas de Staël. Sicile.

23 mars 2015

Une question de taille


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Par un paradoxe troublant, tandis qu'à l'échelle vertigineuse de l'univers, notre monde n'a jamais semblé plus petit et isolé, l'organisation des sociétés modernes semble atteinte de gigantisme. Urbanisme, fortunes, entreprises, tutelles étatiques, administrations, consommation, santé, tout s'emballe.
C'est à cette problématique  qu'a entrepris de s'attaquer Olivier Rey dans son ouvrage bien nommé « Une Question de Taille » : selon lui, en effet, jamais on ne fut si préoccupé de tout mesurer alors que dans le même temps, on a perdu le sens de la mesure...


Il faut reconnaître évidemment la pertinence d'un certain nombre de constats sur lesquels il s'appuie, même s'ils ne sont pas franchement nouveaux.
L'auteur évoque en introduction à son propos quelques délires urbanistiques révélateurs  de cette folie des grandeurs. C'est presque devenu un pont-aux-ânes, mais on ne peut que partager l'horreur que lui inspire certaines réalisations immobilières concentrationnaires : barres, tours, immeubles où l'on entasse des milliers d'individus, avec les meilleures intentions « sociales » du monde !
Autre exemple de la course à la démesure, l'automobile. Fantastique instrument de liberté dans l'absolu, elle est devenue par sa multiplication folle, un objet de contraintes, de perte de temps et d'argent. Inutile d'insister sur les monstrueux embouteillages obstruant aux heures de pointes l'entrée ou la sortie des mégalopoles, ou bien les routes des vacances. Chacun en a fait l'expérience....

Non sans justesse, Olivier Rey se livre ensuite à quelques observations touchant à l'organisation même de la société dont il fustige les exigences individuelles toujours plus grandes et une dépersonnalisation des institutions. Il en profite pour remettre au goût du jour les critiques faites en son temps par Ivan Illich, dont le nom revient dès lors comme un leitmotiv, tout au long de l'ouvrage. S'agissant par exemple de l'instruction publique qu'il compare à une « intoxication », il se désole sans complexe du fait que « les parents, les familles, les adultes en général, par paresse, facilité, découragement, ou simplement parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement, renoncent à éduquer les enfants et les jeunes, laissant ce soin à l’institution scolaire qui prétend si bien s’en charger… »
Sur le système de santé devenu pléthorique, il n'est pas plus tendre. Il commence par pointer l'extravagance de la définition proposée par l'OMS en 1946, qui fait de la santé « un état de complet bien-être physique, mental et social, ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ». Toujours sur les traces d'Illich, il part en guerre, à contre-courant des credo actuels, contre les politiques de protection sociale, en affirmant que « ce n'est pas une bonne nouvelle pour les liens familiaux et l'amitié que, lorsque quelqu'un est malade, il soit pris en charge, non par sa famille ou ses amis, mais par la sécurité sociale... »
Élargissant son propos, il en vient à contester la conception matérialiste du bonheur, telle que la connaissent les pays développés, qu'il assimile à une accumulation stérile de satisfactions. Ainsi, écrit-il, « une vie humaine n’est pas un sac où les épisodes viendraient s’entasser (une abondance sans plénitude) mais une chaîne qui les relie faite de moments successifs mais réclamant un sens à cette succession et une fin : la mort. »

Après Illich, c'est Leopold Kohr, qui est appelé à la rescousse, et notamment son ouvrage The Breakdown of Nations, dans lequel il tentait de démontrer qu'il n'y a qu'une seule cause derrière toutes les formes de misère sociale : la taille excessive ! Olivier Rey rappelle le slogan resté fameux, « Small is beautiful » dont s’inspira toute une école de pensée économique et qui servit de titre au manifeste publié dans les années 70 par Ernst Friedrich « Fritz » Schumacher. Ces gens furent en quelque sorte les précurseurs de l'alter-mondialisme qui fleurit de nos jours en marge des chemins officiels et qui se targue de proposer une nouvelle voie, répudiant à la fois les canons marxistes et les sirènes libérales...
Et c'est là que le bât blesse évidemment...

Car l'ouvrage à cet instant bascule dans la charge anti-libérale, pour laquelle l'auteur se met à déverser un argumentaire où l'esprit partisan l'emporte sur l'objectivité et le spécieux prend souvent la place du sérieux.
Derrière le légitime questionnement sur la taille des structures, des institutions, des organismes et des sociétés, surgissent hélas nombre d'a priori dont on subodore qu'ils tiennent beaucoup plus de la vision gauchisante, voire parfois anarchiste du monde.
Passons sur la thèse farfelue d’Ivan Illich, préconisant de limiter la vitesse des déplacements de manière à ce qu'elle n'excède pas 25 km/h, car de son point de vue, les grandes vitesses entraînent une concentration néfaste des pouvoirs !
Comment adhérer au principe posé par Kohr, supposant que n’importe quel petit état, monarchie ou république, serait par nature démocratique à l'inverse des grands, qui ne pourraient pas l'être, du seul effet de leur taille ! Les USA sont là pour rappeler qu’une grande nation peut très bien se fonder durablement sur la liberté, et à l’inverse, on pourrait citer des foules de petits régimes totalitaires…
On ne peut davantage être convaincu par les démonstrations en forme de tautologie sur l’impossibilité pour les organismes d’être invariants lorsqu'ils changent d’échelle. En d’autres termes, un homme de 10 mètres de tiendrait pas même debout s’il était proportionné comme nous. C’est certain, mais cela ne prouve en rien qu’une structure doive nécessairement se faire petite pour être viable. Le modèle fédéral sur lequel est bâtie la Suisse s’adapte sans souci aux Etats-Unis…
Enfin, que dire des réflexions de l’auteur lorsqu’il affirme arbitrairement que les trop grands nombres ont quelque chose de satanique, évoquant la colère de Dieu punissant David pour avoir tenté de dénombrer de son peuple ? Que dire de cette étonnante assertion qui voudrait que « la masse semble attirer sur elle les catastrophes et appelle le massacre ? » Surtout lorsque le raisonnement conduit à faire de la dévaluation massive du mark dans les années 30 le facteur déclenchant du génocide hitlérien....

On se retrouve de fait, embarqué dans un discours confus et quelque peu pédant dans lequel émerge à maintes reprises la philosophie de la décroissance, de l'anti-libéralisme et de l'anti-capitalisme dont on nous rebat les oreilles.
L'auteur s'en garde en voilant son propos de maintes précautions oratoires, mais il ne peut par exemple s'empêcher de revenir sur les vertus de la division du travail qui permit à l’industrie de prospérer. Contre celle-ci, Olivier Rey voudrait réhabiliter « les bons outils "conviviaux" de M. Illich, qui augmentent l'autonomie en permettant de faire davantage par soi-même que ce qu'on pourrait accomplir sans eux, au contraire des outils industriels, devenus si démesurés, qu'ils paralysent les facultés personnelles d'agir sur le monde. »
Bien sûr l'artisanat et la conception vernaculaire de la production sont des causes sympathiques, mais il est certain que si chacun devait lui-même fabriquer ses chaussures ou sa voiture, le monde serait quelque peu transfiguré...

Plus graves sont les attaques incessantes et plutôt primaires qu’il adresse à tout bout de champ au libéralisme, dont il voit les méfaits partout, à tel point qu’on peut inférer de cette approche, qu'elle s’inscrit hélas dans l’ignorance méprisante dont il souffre dans notre pays.
On peut en juger sur quelques truismes grotesques, dénonçant par exemple à propos de la condition féminine, « la ruse du système économique moderne, après avoir ruiné l’ancienne position des femmes, de ne leur avoir fait entrevoir une libération qu’à travers une concurrence avec les hommes et un enrôlement dans les rangs des travailleurs salariés ! »
Parfois c’est à la caricature qu’il se laisse aller, quand il dépeint « la force de l’idéologie libérale qui, une fois implantée, anéantit si radicalement la faculté, psychique et sociale, à admettre une limite et à la respecter, qu’elle ne peut que continuer à régner jusqu’à ce qu’intervienne la main invisible de la catastrophe », ou bien encore « le libéralisme prôné par Mandeville au XVIIIème siècle, qui au lieu d'exhorter les individus a la vertu et à la tempérance, les pousserait à rivaliser de richesses, à la soif illimitée d'avoir.»

Tout ça ne fait qu'aboutir au paradoxe de Voegelin, qui en 1950 constatait « le déclin de l'Occident et les progrès inouïs qu'il accomplit dans le même temps », pour conclure sous la forme d’un oxymore, que « c'est le succès même qui entraine le déclin...

Au total, cette longue digression, se caractérise avant tout par son incohérence et ses clichés idéologiques. Partie sur des prémisses intéressantes, elle est menée au terme d’un raisonnement erratique, vers une conclusion nébuleuse, et dénuée de débouchés concrets.
Olivier Rey, se borne à produire un nième pamphlet anti-libéral, sans grande originalité. Il en vient même à remettre en cause le sens des responsabilités sur lequel se fonde l’amour de la liberté, en faisant sienne l’argumentation inepte d’Illich : "quand je me comporte d'une manière responsable, je m'inscris moi-même dans le système". A l’instar de son mentor, il lui préfère la décence, mais malheureusement, il semble l’avoir largement oubliée présentement…

Olivier Rey. Une question de taille. Stock. 2014.

13 mars 2015

Crise de repères

En France, on sait les politiciens versatiles.
Ceux qui se prétendent de droite, se plaisent à mettre en oeuvre une fois élus, une politique de gauche, et d'aucuns voient chez ceux de gauche au pouvoir, une tendance à promouvoir les recettes libérales…
En définitive, plus personne n’y comprend rien et à force d’être dupés, les électeurs renoncent de plus en plus à se rendre aux urnes. Résultat, le Front National en apparence tout au moins, ne cesse de progresser.
Il lui reste difficile de s’imposer, car il faudrait à lui tout seul qu’il emporte un peu plus de 50% des voix, ce qui semble encore hors de portée, vu qu’il cristallise contre lui la haine vindicative de tous les partis auto-prétendus républicains. Cette suprématie viendra-t-elle ? Nul ne le sait, mais une chose est sûre, ces derniers n’auraient alors que leurs yeux de crocodiles pour pleurer.
A l’instigation machiavélique de Mitterrand, la Gauche a tout fait pour créer et faire enfler le phénomène, et sous l’égide de Jacques Chirac, la Droite a entrepris de lui donner corps et de le radicaliser en clamant haut et fort qu’elle n’avait rien à voir avec lui, tout en exploitant parfois les mêmes thématiques...
Le problème est désormais insoluble et le débat démocratique est durablement envenimé par ces manoeuvres coupables.

Aujourd’hui, Manuel Valls qui n’a vraiment pas grand chose à vanter dans l’action menée par le Président de la République et lui-même, s’énerve puérilement devant la montée de ce qu’il qualifie de péril contre lequel risque "de se fracasser le pays." Belle inconséquence en réalité, puisque lui et les siens n’ont de cesse d’apporter à pleins tonneaux de l’eau au moulin de l’extrême droite.
Et qui confine à la stupidité lorsqu'il attaque notamment Michel Onfray, à qui il reproche de perdre ses repères, au motif “qu’il préfère une idée juste, fut-elle de droite, à une idée fausse même si elle est de gauche, surtout si elle est de gauche.”
Cette tournure de pensée est effrayante, car elle témoigne d’un archaïsme idéologique à peine croyable. Le premier ministre se croit sans doute encore à l’époque où l’on pouvait “préférer avoir tort avec Sartre que raison avec Aron” ou encore mentir effrontément "pour ne pas désespérer Billancourt."

Onfray répliqua en traitant familièrement Manuel Valls de “crétin”, et force est de reconnaître que le qualificatif est approprié, face aux propos incohérents et aux actions contradictoires du chef du gouvernement, même s'il n’est pas le seul à utiliser cette rhétorique ampoulée autant qu’insignifiante, qui dit les choses sans les dire tout en les disant, et en affirmant tout et son contraire.

Quel dommage en somme que Michel Onfray se prétende encore de gauche ! Il a des convictions, il a une certaine droiture et un courage indéniable, dont il fit preuve lors des attentats de janvier dernier, en disant sans détour quelques vérités bien senties au sujet de l'islam radical tandis que le Président de la République et le Premier Ministre soutenaient que les atrocités commises par des gens hurlant « Allah Akbar » n’avaient rien à voir avec la religion musulmane !
Pourquoi resterait-il donc accroché par principe, à cette forfaiture idéologique qu’est le socialisme ? C’est évident, lui le philosophe libertaire individualiste et épicurien pourrait avoir sa place sans trop de peine, parmi les amoureux de la liberté ! Un jour peut-être...
Décidément, les repères sont en crise....

02 mars 2015

Sentimental Journey

Je suis parfois tenté de t'appeler mon ange
Pour ta manière d'être et ce que tu me fais,
Je suis parfois ému par ces instants parfaits
Que pas un désaccord au monde ne dérange.

Dans ma tête rêveuse un peu tout semble étrange
Alors que j'erre seul dans le silence frais,
L'hiver encore en neige et le printemps tout près
Se confondent au sein d'un suave mélange.

Le temps présent s'échappe en tremblantes vapeurs
Accrochant dans l'air bleu mes craintes et mes peurs
A la blancheur atone, immobile des arbres.

Promeneur indécis, je soupire en marchant
Tandis que mon esprit s'égare, chevauchant
Le fil flottant d’un songe, entre pierres et marbres
Illustration : Vivian Maier

24 février 2015

L'aimable farce Macron

Lorsque Emmanuel Macron fut nommé ministre par le Président de la République, il était loisible de s’interroger sur ce que venait faire dans un gouvernement socialiste dirigé par un prétendu ennemi des Riches et de la Finance, un genre de trader dont le principal titre de gloire fut d'avoir amassé en 18 mois quelques 2,4 millions d’euros de salaire chez Rothschild, en jouant au Monopoly avec les entreprises.

Et bien désormais on sait : il y fait des lois en s’amusant, l’air de rien, comme d’autres feraient des bulles. Légères, légères, si légères qu'il suffit d'une brise parlementaire, à peine une petite fronde, pour les disperser, les ventiler, les éparpiller par petits bouts, façon puzzle…
De fait, annoncée comme étant d’inspiration libérale, cette loi qui porte le nom du sémillant ministre de l’Economie fit couler beaucoup d’encre, pour étaler en définitive une grande vacuité sur pas moins de 200 articles.

Au terme d’interminables débats à l’Assemblée Nationale, et à l’issue de l’accouchement au forceps du 49.3, que subsiste-t-il ? Rien ou presque, si l’on en croit les experts qui se sont plongés dans cette jungle légale.
A peine retient-on un assouplissement des règles ubuesques interdisant aux compagnies d’autocars inter-urbaines de concurrencer la SNCF. Encore, fallait-il savoir que dans notre malheureux pays, on en était encore à ces ukases ahurissants…
A peu près rien de changé sur la réglementation du travail la nuit et le dimanche puisque l’assouplissement annoncé a fait pschiiit, l’Etat s’en remettant, de manière on ne peut plus tarabiscotée, au bon vouloir des maires et des intercommunalités, pour autoriser ou maintenir l’interdiction d’ouvrir 12 dimanches par an au lieu de 5...
S’agissant des notaires, dont on a beaucoup parlé, il n’y a rien qui vaille vraiment d’être mentionné, à part un accroissement de la complexité administrative fixant les tarifs de leurs actes. Va-t-on payer moins cher, rien n’est moins sûr.
Le reste touche, sans cohérence apparente, à quantité de sujets abscons pour le commun des mortels : permis de conduire, justice prud’hommale, cession d’actifs de l’Etat, règles de licenciement collectif, statuts des avocats d’entreprises, et même location de matériel militaire par l’armée…

Il est bien difficile dans ces conditions de déterminer si ce texte confus comporte ou non de réelles avancées. Et tout aussi ardu de savoir si l’opposition devait ou non le voter. Puisqu’il avait un vague parfum, certes éventé, de liberté, le bon sens politique poussait sans doute à y être favorable. Cela permettait de préserver l’avenir, en ne risquant pas de se trouver en porte-à-faux quant à de futures propositions de lois allant dans le même sens. Surtout, cela aurait coupé court à la procédure du 49.3, et contribué à fragiliser et à décrédibiliser un peu plus le gouvernement et sa majorité auprès de son électorat dit “de gauche” et de ses frondeurs internes. C’était donc bon à prendre pour des partis en mal d’inspiration.
C’est sans doute pour ça qu’ils se sont massivement opposés au texte...

22 février 2015

Face au chaos, Bush avait raison...

J’ai bien peur une fois encore, de ramer à contre courant de l’opinion publique en prenant la défense de George W. Bush !
Tant pis, s’il n’en reste qu’un, je serais celui-là. Et si je me trompe, j’en demande pardon par avance aux tribunaux de l’Histoire !
Pour l’heure, face à l’embrasement du terrorisme islamique, et à la déstabilisation progressive du monde, il ne m’a jamais paru plus évident que la stratégie de l’ancien président était la moins pire, à défaut d’être la meilleure…

Pour en arriver là, il faut reprendre l’histoire au début et notamment accepter de se replacer dans le contexte du millénaire naissant, à savoir plus précisément, en 2001.
A cette époque sont survenus, comme des coups de tonnerre dans un ciel d’azur, les épouvantables attentats du 11 septembre. Trois-mille morts en une seule journée ! La folie humaine à l'état pur...
Pour beaucoup, c’était la surprise et l’incompréhension totale. On a d’ailleurs comparé ces évènements à l’attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941.

En réalité, pas plus que cette dernière, l’effondrement des tours du WTC n’était totalement imprévisible. Les deux signaient une préparation méticuleuse, une froide préméditation, et les signes prémonitoires ne manquaient pas pour ceux qui auraient voulu les voir… D’ailleurs, dans les deux cas, ce constat fut en définitive celui des commissions d’enquêtes concluant a posteriori, à de nombreuse négligences et à une insouciance coupable.

Le fait est, que bien avant ce 9/11 terrible, des foyers de terrorisme s’étaient allumés. Le plus important s’était installé dans les montagnes afghanes, sous les houlettes complices des Talibans et de Ben Laden. L’Afghanistan que les troupes soviétiques n’étaient pas parvenues à vassaliser, avait été peu à peu transformé en une enclave moyen-âgeuse. Personne ne pouvait ignorer que les femmes étaient soumises à une loi religieuse rétrograde avilissante, et chacun avaient entendu parler des destructions ignobles du patrimoine culturel, auxquelles se livraient tranquillement des hordes de fanatiques. Les exactions et les menaces vis à vis de l’Occident, avaient débordé de ce chaudron mortifère au point de devenir monnaie courante, et plusieurs attentats furent commis, dont un premier, comme un avertissement, au World Trade Center en 1993.
Au Proche Orient, Saddam Hussein de son côté, pour des raisons différentes mais tout aussi maléfiques, narguait également le Monde dit civilisé. Défait en 1991 par une première coalition, après son annexion ratée du Koweit, il reconstituait progressivement ses forces et sa capacité de nuisance. Plusieurs centaines de milliers d’hommes étaient stationnés aux frontières de l’Irak pour le surveiller en permanence, et le contraindre à respecter les termes du traité qu’il avait signé, en particulier l’interdiction de toute action contre les Kurdes. Des inspecteurs de l’ONU, chargés de vérifier qu’il ne se réarmait pas, étaient régulièrement dupés par le tyran qui prenait un malin plaisir à faire le contraire de ce qu’il disait.
Bien qu’il n’eut pas d'accointances directes avec Ben Laden, il fut le seul chef d’Etat au monde à se féliciter des attentats du 9/11 !
La dangerosité croissante de toutes ces menaces, fut sous estimée par la Communauté Internationale. Seuls les Etats-Unis, alors dirigés par Bill Clinton, s’inquiétèrent réellement de la situation, mais en répliquant mollement par des mots ou quelques opérations militaires de portée limitée, et donc inefficaces. Il fallu attendre l'électrochoc de septembre 2001 pour qu’enfin des actions de grande envergure soient entreprises sous la conduite de George W. Bush, qui a l’évidence ne les avait pas prévues dans son programme…
Pour ambitieuses et périlleuses qu’elles fussent, il faut être de mauvaise foi pour prétendre qu’elles n’avaient qu’une justification pétrolière.
L'argument massue du « mensonge délibéré de la présence d'armes de destruction massive », rabâché comme une scie par les adversaires du président américain fut largement mensonger lui-même. Saddam se vantait de posséder ces armes, et ne cachait aucunement sa volonté de les utiliser ! De toute manière qu'entend-t-on par armes de destruction massive ? Les machettes qui ont fait 800.000 morts au Rwanda dans l'indifférence générale, n'en sont-elles pas ? Saddam Hussein n'en était-il pas une à lui tout seul, lui qui fut responsable de plus d'un million de mort ?
En réalité, on a agité des contre-vérités et des leurres de part et d'autre, comme lors de tout conflit. Et cela a permis aux uns de justifier l’entrée en guerre, et aux autres d’éviter de préciser ce qu’il aurait fallu faire…

L’objectif de l’Administration américaine, pour contestable qu’il fut, avait le mérite d'être clair : il s’agissait de s'attaquer à des dictatures obscurantistes et sanguinaires, d'abord en Afghanistan, puis en Irak, avec à l'esprit la théorie des dominos. L'enjeu était de faire tomber ces régimes affreux de proche en proche, en aidant les peuples libérés à construire un modèle de société plus ouvert et respectable.
Les premières étapes furent franchies, non sans mal. Des élections libres avaient vu le jour dans ces contrées qui n'y étaient guère habituées, personne ne peut le nier, mais plus de 4000 soldats sont morts pour cet idéal, qui n'avait en soi rien de différent de celui poursuivi par les armées venues libérer l'Europe en 1944. Au demeurant, s’agissant des raisons qui poussent l’Amérique à faire la guerre, qu’est-ce qui permet de penser qu'il en soit autrement aujourd'hui qu’hier, et pourquoi agirait-elle avec les autres différemment de ce qu'elle a fait pour nous ?
Qu’il soit permis encore une fois, d'évoquer ici les termes émouvants de la « lettre aux amis américains », qu 'écrivit Saint-Exupéry en mai 1944 : «Si la guerre est toujours gagnée par les croyants, les traités de paix quelquefois sont dictés par les hommes d’affaires. Eh bien si même un jour je forme dans mon cœur quelques reproches contre les décisions de ceux-là, ces reproches ne me feront jamais oublier la noblesse des buts de guerre de votre peuple. Sur la qualité de votre substance profonde je rendrai toujours le même témoignage. Ce n’est pas pour la poursuite d’intérêts matériels que les mères des Etats-Unis ont donné leurs fils. Ce n’est pas pour la poursuite d’intérêts matériels que ces garçons ont accepté le risque de mort... »

Hélas la belle alliance des démocraties que le président George W. Bush espérait mettre en œuvre a fait défaut, et la trahison de la France fut une des plus saillantes et des plus consternantes.
L'oeuvre resta donc inachevée et les successeurs, repris par les vieux démons pacifistes, ont préféré la stratégie hasardeuse des coups d'épée dans l'eau, ou carrément l'inaction.
A partir de 2008, l’Irak a été peu à peu abandonné par la nouvelle administration américaine, et en Afghanistan, c’est à un service minimum que le président Obama cantonna ses troupes.
En Libye, on a renversé un dictateur mais sans accompagner le peuple, ce qui n'a servi à rien d’autre qu’à installer le chaos. En Syrie, on a laissé s'installer le désordre, et renaître les foyers de terrorisme qui ont bien vite essaimé un peu partout, comme les mauvaises herbes proliférant dans un jardin délaissé.
Résultat, les quelques acquis ont été quasi réduits à néant, et tout le travail est à refaire ! Il faudra tôt ou tard sans doute s’y atteler à nouveau, au risque sinon, de voir nos propres sociétés gravement menacées. Elles sont déjà, notamment la France, ébranlées économiquement par le boulet socialiste qui les endettées jusqu'au cou sans la moindre efficacité sur la misère ! Bientôt, si l'on n'y prend garde, c'est le modèle démocratique qui risque de s'effondrer. Tout amoureux de la liberté, ne peut qu’être extrêmement préoccupé par cette funeste évolution.
René Girard, d’habitude mieux inspiré, considéra l’échec du président américain, comme dû à «son incapacité de penser de façon apocalyptique ». Curieux contresens, s'agissant de George W. puisqu'on lui reproche habituellement d'avoir eu un dessein tenant précisément de la révélation, empreinte de connotation religieuse (que n'a-t-on glosé sur la lutte du bien et du mal !). Pour le coup, si la vision de Bush en était dépourvue, le mépris avec lequel on la traita, risque d’avoir une portée apocalyptique au sens effrayant du terme…

Plus de dix ans ont passé et avec le recul, il apparaît légitime de penser envers et contre tout, que cette politique était la bonne, car il semble clair que son abandon a conduit au désastre auquel on assiste aujourd'hui.
L'apathie du monde prétendu civilisé face à la barbarie qui étale ses indicibles atrocités chaque jour sous nos yeux est une grande honte, et rappelle hélas les époques précédant de grands désastres. Ce n'est vraiment pas la peine de ressasser les méfaits passés du nazisme, en récitant la rengaine contrite du « plus jamais ça », si l'on est incapable de combattre sérieusement les horreurs qui empestent le présent !
A l'inverse de ce qu'on prétend, Bush est parvenu à endiguer cette spirale pour un temps, mais les remparts qu'il avait érigés étaient fragiles. Faute d'entretien, ils sont en train de céder.
Et qu'on ne dise pas que le messianisme démocratique dont l’ancien président américain était porteur, soit contradictoire avec le respect du passé et des cultures locales. En l’occurrence, quatre mille ans d'histoire, de divisions, de luttes tribales, ethniques ou religieuses, ne sauraient conduire au fatalisme et encore moins servir de justification aux dictatures. Ces peuples n'ont pas moins de droit que nous à la Liberté et ne méritent pas moins que nous de pouvoir vivre paisiblement, avec un peu de prospérité... On voit les minorités enragées, mais on n'entend jamais les majorités silencieuses…
Pourrait-on admettre une fois pour toute que l'intérêt principal des USA soit tout simplement que les peuples vivent libres ? Et que l’intérêt de toute nation libre soit de les rejoindre sur cet objectif ?

Mais les grandes démocraties croient-elles encore vraiment à leur modèle, chérissent-elles encore cette Liberté pour laquelle de valeureux aïeux ont donné leur sang ? C'est bien là la question...
Plus que jamais la fameuse citation de Churchill s'impose : " Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre. "

18 février 2015

Vacuité politique

Après le livre de Nathalie Kosciusko-Morizet désignant le Front National comme ennemi politique numéro 1*, celui dont vient de se délester Geoffroy Didier**, scelle un assez navrant constat où l’on voit la Droite française désormais enferrée dans une impasse idéologique dont elle aura du mal à sortir. Avec un FN autour de 30%, et sans autre proposition face à lui que le rejet sans nuance, le défi apparaît en effet de plus en plus difficile à relever.

Le scrutin du Doubs augure mal de l’avenir : le FN frôle à lui tout seul les 50% de votants. Ce n’est qu’une élection locale, et ce n’est certes pas la moitié des électeurs, mais ceux qui ne se déplacent plus deviennent de plus en plus nombreux. Ils n’ont plus envie de choisir entre la peste et le choléra. L’un des deux étant ce conglomérat informe dont se moquent les frontistes mais qui est bien une réalité : l’UMPS…
Scrutin après scrutin, le pseudo "Front Républicain" qui tente de contrer la progression du FN constitue une dérisoire muraille qui peine de plus en plus à faire illusion. Cet amalgame incohérent de partis à bout de souffle et d’inspiration, hurlant sans cesse au loup, convainc de moins en moins de gens.

Ce qui tient lieu de programme aux adversaires réunis du FN est loqueteux.

Ils se disent européens mais ne démontrent ni foi ni conviction dans la défense de la belle idée fédérale. Ils nous parlent d’un vague conglomérat d’états-nations, étriqué dans ses ambitions, et crispé sur la seule problématique économique, qu’ils abordent avec de mesquines préoccupations de petits boutiquiers.
En politique intérieure, ils se récrient face à la montée de l'intolérance et se font les défenseurs de la liberté d’expression, mais leur action se limite à des voeux pieux et des lois liberticides !

Ils font du chômage leur priorité absolue, mais n'ont d'autre projet que de faire de vaines incantations à la croissance.
Pour tenter de se démarquer les uns des autres, ils se combattent à la manière de Lilliputiens, à coup de réformettes dont le nombre est inversement proportionnel à l'efficacité, et celles que les uns promulguent, les autres les abrogent...
Bref une vraie mascarade qui, faut-il le préciser, communie quand même sur l'essentiel, à savoir le credo étatiste, le règne de la bureaucratie, et l'amour des taxes et des prélèvements obligatoires ! Grâce à leurs efforts conjugués, 57% de la richesse nationale est désormais confisqué par l'Etat : un record !

En définitive, plus que jamais, le résultat des manipulations et lâchetés politiques paraît de plus en plus évident : la Gauche, depuis les menées machiavéliques de François Mitterrand, s'ingénie à faire monter en puissance le FN, tandis que la Droite qui s’est jetée à pieds joints dans le piège pourtant grossier, contribue en excluant tout dialogue avec lui, à le radicaliser, et lui abandonne une bonne partie de ses thèmes. Au bout du bout, c’est la déconfiture assurée !

A l'instar du discours lénifiant de M. Didier, ex leader de la "Droite forte", il ne reste plus rien qu’une admiration niaise pour une France de héros disparus, qu’une compassion feinte et une écoute vaine des souffrances des gens qui se tournent vers le FN. Ces doléances qui se font écho d’un bout à l’autre du pays constituent le leitmotiv du bouquin de G. Didier : "On ne se sent plus chez nous en France !", "La France va mal et ne nous apporte que des problèmes !", "On ne supporte plus les discours politiques !"
Mais plutôt que d’en tirer une ligne politique déterminée et pragmatique, il se perd en récriminations contre le Front National. Faut-il avoir une courte vue pour espérer que ces simagrées soient de nature à provoquer un renversement de tendance !
Et quelle rage de devoir entendre tous ces discours inutiles, dans cette pauvre France, semblant décidément perdue sur un chemin sans issue !


*Le Front anti-national
** La fronde nationale

05 février 2015

Tempête sous un crâne d'oeuf

Décidément, le débat politique en France ne cesse de s’abîmer, et l’infâme marigot dans lequel il s’enfonce inexorablement, a de quoi désespérer tout démocrate et naturellement tout amoureux de la liberté.

L’élection législative dans le Doubs, dont tout le monde se moque mais que les médias s’ingénient à rendre croustillante, en apporte encore une fois la preuve navrante. Par la faute de l’ensemble des partis politiques prétendus “républicains”, une fois encore le Front National se trouve en position d’arbitre, et toute réflexion semble condamnée à tourner bêtement en orbite autour de lui !
Derrière cette logique manichéenne totalement stérile, c’est à un hideux festival de manoeuvres, de compromissions, et de retape immonde auquel le peuple assiste impuissant. Les hiérarques du Parti Socialiste voudraient nous faire croire que leur candidat, arrivé par une divine surprise en position de se maintenir au second tour, serait le dernier rempart contre la barbarie, à laquelle il faudrait opposer la belle unité d’un front républicain. Vaste fumisterie évidemment, mais force est de reconnaître que dans les autres partis, notamment dits “de droite”, c’est la déconfiture.
Pas la moindre aspiration, pas le moindre élan, pas la plus petite volonté n’émerge de ce désastre. Nicolas Sarkozy, seul leader charismatique, à défaut d’avoir des convictions chevillées au corps, semble quelque peu sonné par les évènements, pendant que les petits chefs mènent une danse macabre autour du tombeau de leurs espérances évanouies.

M. Juppé, qui ne veut pas être le dernier des Mohicans, ramène à tout propos et surtout sans qu’on le lui demande, son carquois fatigué et ses plumes défraîchies. Le voilà qui se met à gratifier les Français du fruit de ses réflexions, qui lance des appels tous azimuts, et tout ça pour quoi, je vous le demande ? Pour aboutir à révéler que s’il était électeur de la 4è circonscription du Doubs, il voterait socialiste ! Merci du conseil...
Après avoir promu le nullissime candidat UMP qui a trouvé le moyen de s'étaler dès le premier tour, non seulement il ne fait pas acte de contrition, mais le voilà qui prend des grands airs pour faire la leçon.

Mais pour qui se prend-t-il donc ? Que valent les recommandations stratégiques de ce technocrate vieillissant, qui sut si bien, il y a 20 ans, gâcher en quelques semaines à peine, le mandat que le peuple français lui avait donné grâce à l’élection de Jacques Chirac ? Lui qui fut l'artisan brillant du monumental fiasco de la dissolution de 1997 ! Lui qui assomma de TVA, de CSG, de CRDS et autres taxes et prélèvements, ceux qu’avec le grand Jacquot, il avait enfarinés durant toute la campagne électorale, sur l'air du “Trop d’impôts tue l’impôt” ! Lui qui soviétisa un peu plus le système de santé avec le "plan" qui porte son nom, et dont on voit aujourd’hui les effets calamiteux. Lui l'hypocrite qui se disant l'ami des femmes, se vanta d'en nommer une douzaine dans son gouvernement, et qui les débarqua sans ménagement 6 mois plus tard !
Lui enfin, qui, “droit dans ses bottes”, se montra inutilement rigide dans ses réformes stupides, pour finir par en abandonner une bonne partie, non sans avoir provoqué un gigantesque mouvement social !


Bravo donc à cet archétype du crâne d’œuf dont la bureaucratie française a le secret. Il ferait en somme bon ménage avec les Socialistes.
Par le biais “d’un jeu plein de sales parfums” politicards, nous avons hérité des pires gouvernants qu’on ait vus depuis bien longtemps, et Dieu sait que dans notre malheureux pays, la concurrence en la matière est serrée ! Celui que le peuple a par dépit, porté à la tête du pays, n’a cessé d’accumuler autour de lui, les échecs, les bourdes, les malversations et les revers. N’empêche, il croit encore à son destin ! Tout requinqué par les retombées inattendues d’un atroce attentat, il s’imagine sans doute qu’il suffit de quelques basses récupérations, pour pouvoir se maintenir à la barre du navire qu’il conduit avec opiniâtreté au naufrage…
Et c’est pour ce bateau qui prend l’eau de toutes parts, que M. Juppé propose de tenir l’écope !