23 août 2006

L'enfer est souvent pavé de bonnes intentions

Toujours dans l'Express, Claude Allègre s'interroge gravement au sujet de la peine de mort : en la supprimant, « n'a-t-on pas instauré une torture plus barbare encore ? »
Il rappelle qu'il approuva sans réserve l'abolition, inscrite dans le programme électoral de François Mitterrand en 1981 pour plusieurs raisons : elle rend l'erreur judiciaire moins irréparable tout en n'ayant aucune influence péjorative sur les statistiques de criminalité, et elle prend en compte le bon vieux principe rousseauiste qui veut qu'un homme ne soit jamais « définitivement bon ou mauvais ».
S'il paraît ne pas regretter son choix, il se lamente cependant sur l'alternative retenue : « Pour satisfaire une opinion publique toujours plus répressive et désormais privée de sang, on a institué la réclusion perpétuelle incompressible ». Elle ne fait en effet selon lui que fabriquer « des fauves dangereux » ou « des dépressifs profonds ».
Mais au delà de ces propos quelque peu réducteurs et méprisants pour le peuple, le problème est qu'il ne dit pas ce qu'il faudrait en définitive faire.
Ah ces gens bien intentionnés, qui ne veulent pas de bourreaux parce que c'est inhumain, qui ne veulent pas de « perpète » parce que c'est cruel, et qui ne veulent pas même de prisons parce qu'il vaut mieux construire des écoles et des logements sociaux...
Avec leurs bons sentiments, ont-ils seulement imaginé qu'ils avaient une part de responsabilité dans le grand délabrement de la justice en France ? Les victimes d'assassins récidivistes, les prisons surpeuplées, les outrances judiciaires dont Outreau fut le tragique révélateur, n'ont-elles pas quelque chose à voir avec leurs doutes larmoyants, issus contre toute attente d'une morale somme toute très dogmatique ?
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