12 août 2007

L'été en pente douce


Avec l'été revient l'envie de s'évader. De se libérer des turpitudes d'un quotidien trop routinier. De se mettre en quelque sorte entre parenthèses, comme protégé des tracas de la vie. Même s'ils ne s'effacent pas totalement, même si la tragique certitude du destin reste la toile de fond plus ou moins lointaine de cet intervalle de temps suspendu, le sentiment de liberté prend le dessus et l'on se grise de la touffeur des jours et des brûlantes caresses du soleil. La nature entière s'abandonne avec délice à cette exquise langueur. Les fleurs sont comme ses pores aromatiques, par lesquelles elle semble prendre une douce et profonde respiration. Le feuillage des arbres en se balançant donne un rythme à cette tranquille pulsation.
En descendant vers le Sud, à la recherche de la chaleur et de la lumière, j'ai découvert Lodève, au pied des Grands Causses. Cette petite ville d'à peine 7000 habitants, située à une cinquantaine de kilomètres de Montpellier est arrosée par deux rivières paisibles : Lergue et Soulondre qui se rejoignent pour grossir un peu plus bas les eaux de l'Hérault. Les berges caillouteuses hébergent une humble floraison. Je ne reconnais pas tout mais je distingue des mauves sylvestres, des épilobes aux longues tiges velues, des salicaires, du fenouil et des carottes sauvages (avec une petite fleur noire au centre de l'ombellifère blanche).
Ce village est comme on dit « dans son jus ». Les ruelles étroites sont humbles, les maisons un peu décaties. Mais il est aussi de beaux corps de bâtiments aux façades cossues témoignant d'un passé plus prospère. L'ancien palais épiscopal, parfaitement rénové sert d'Hôtel de Ville. Il jouxte l'ancienne et noble cathédrale Saint-Fulcran.
Lodève est riche enfin d'un intéressant musée des Beaux-Arts. Il offre durant tout l'été une exposition de peintres impressionnistes et apparentés : la collection Oscar Ghez. Nul doute que cette région, encore préservée du tourisme, se développe prochainement.
Un peu au nord, le viaduc de Millau sera probablement une voie d'accès facile pour de futures invasions...
Nous avons dormi à l'Hôtel de la Paix. Ancien relais de poste en cours de rénovation, il donne sur la rivière. Nous avons apprécié tout particulièrement son adorable patio qui permet aux convives de dîner autour de la piscine, dans une ambiance quasi mauresque : fraîcheur de l'élément aquatique, tomettes et tons colorés, mélange d'ocre et de fuchsia. Découverte d'un vin de pays très dense et parfumé à base de Marselan, un cépage original réalisé à partir de Grenache et de Cabernet.
Le soir, l'esprit rassasié de sensations heureuses, j'en ai profité pour me replonger avec délectation dans l'oeuvre maîtresse de Lawrence Durrell, le Quatuor d'Alexandrie. Elle m'accompagnera durant plusieurs semaines. La grâce aérienne de son style, son univers très méditerranéen, syncrétisme lumineux de l'Orient et de l'Occident, en font un écrivain idéal pour une lecture estivale... Lawrence Durrell a passé les dernières années de sa vie non loin d'ici dans le Gard. Sauf erreur de ma part, il repose à Sommières...

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