21 décembre 2007

Le monde selon Andrew Wyeth


Cet hiver qui commence, froid et vif, avec des ciels de porcelaine, un soleil blanc suspendu juste au dessus de l'horizon et une atmosphère cristalline, nimbant de givre les paysages dénudés, cet hiver pur et clair comme l'âme du Christ me donne envie de parler d'un peintre qui semble venir d'un univers aussi pâle et frissonnant.
Il vit en Nouvelle Angleterre, a fêté cette année ses 90 ans et jouit d'une gloire paisible autant que discrète.
Loin des sunlights il a construit une oeuvre sobre et superbe. Une de celles qui sont faites pour durer, dans les coeurs d'êtres doués de raison autant que d'émotion. Elle parle d'un pays austère et sec où le destin se bâtit silencieusement, à force de volonté et d'abnégation. Où l'on respecte avec pudeur le monde qui vous entoure et ou chaque être et chaque objet, même le plus humble, possèdent une âme.
Ce peintre, Andrew Wyeth, est un Américain tranquille qui paraît vivre au rythme d'autrefois. Mais son oeil aiguisé sait voir la beauté là où on ne l'attend pas. Il l'extrait du quotidien en apparence le plus anodin avec une habileté et une tendresse extrêmes.
Enfant d'une civilisation vouée au progrès technique et au bien-être matériel, il témoigne de l'esprit qui continue d'animer le Nouveau Monde, les vestiges oxydés mais encore vivaces de la stoïque et rude simplicité des émigrants qui peuplèrent ces contrées riches d'espérances et de désillusions. Il montre l'Amérique sous un jour inhabituel. Sous son pinceau, elle est rustique, modeste, et dénuée de fastes futiles ou éphémères.

Il y a une indicible noblesse dans les personnages qu'il montre, il y a une inexprimable sérénité dans les paysages. Et il y a la matière, qu'on pourrait toucher, et qui, avec ses rugosités, ses imperfections, sa patine, vous parle de ses liens mystérieux avec la chair et avec la pensée.
A l'aide de l'aquarelle, de la gouache ou de la tempera, Wyeth dépose sur le papier une réalité fragile mais très prégnante. Elle n'a rien de révolutionnaire, rien d'idéologique, rien d'aguichant ni de racoleur. Mais elle attire le regard car elle suggère en même temps qu'elle dépeint. Chaque tableau est un tout qui signifie beaucoup plus que ses apparences.

Une jeune fille paralysée par la polio, comme abandonnée, allongée dans une vaste étendue d'herbes sèches, et qui se redresse sur ses bras décharnés en regardant vers une maison qui semble s'enfuir au loin, c'est « le Monde de Christina ». C'est une situation banale mais dont la représentation exhale une délicate métaphore de la solitude, de l'effort et un secret espoir de salut, derrière la monotonie triste du temps.

Il y a quelques semaines le président Bush a honoré Andrew Wyeth en lui remettant la médaille nationale des arts : « for a lifetime of paintings whose meticulous realism have captured the American consciousness, and whose austere vision has displayed the depth and dignity of American life. »

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Magnifique peitre que cet andrew Wyeth , tout à fait inconnu de ce coté de l'Atlantique ou on ne retient comme peintre américain important que de fausses valeurs type J po